L'amour au temps des catastrophes

Sam-Ou les vierges sont des êtres parfaits.

"Mon amour?"
Je relève la tête et le regarde par dessus mes lunettes de John Lennon teintées.
Malgré ses propres verres fumés,je m'accroche à ses iris bleues-grises et ses pupilles en forme de coeur.
"Oui?"
Il ne sourit pas,mais ses traits respirent la tendresse et je sais parfaitement à quoi il pense.
Je le sais parce que depuis deux semaines,il n'y a pas une heure qui passe sans que j'aille la même idée en tête.Deux mots.
Je le sais parce que les aliènes savent se reconnaître entre eux.
Parce que d'un coup mon futur vient de se teinter de bleu-gris et que y a pas de couleur qui me va mieux que celle-là.
Parce que nos phrases se finissent dans la bouche de l'autre et qu'on arrive pas à mettre ça sur le dos du hasard.Que quand ça nous arrive,nos rires se ressemblent et se confondent et que nos moments d'euphorie goûtent plus le toujours que le jamais.
Parce qu'avec lui mes points d'interrogations s'adoucissent et que l'anxiété du plus tard paraît tellement moins menaçante.
Parce qu'il a modelé mon corps et mon visage pour que je sois capable de me trouver belle dans mes propres yeux en kaléidoscope amoureux avec les siens.
Parce que quand je pense à lui je pense à moi et que l'inverse s'applique également.
Je sais exactement à quoi il pense parce que nous sommes la même personne.
Le soleil plombe sur sa tête,il plisse les yeux,approche son grand corps de moi et dépose un bec sur le dessus de mes cheveux.Sam fait:
"je t'aime."
Je retombe en amour pour la millième fois.
"Moi aussi."
L'été arrive comme la fin de mes 16 ans.
Vivre ne fait plus si mal.
J'nous aime.