Prologue

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C'était l'image la plus belle qu'il n'ait jamais vu, presque irréelle.

Un jeune homme blond, à la peau diaphane et au corps frêle, contrastant parfaitement avec le noir profond de son costume chic et ses lunettes de soleil opaques. Des doigts d'une finesse extrême, caressant un magnifique piano blanc. Un ange descendu sur Terre pour offrir à l'humanité des mélodies douces et raffinées, capables de guérir tous les maux.

Depuis qu'il avait eu cette apparition, au hasard d'un rendez-vous arrangé par sa famille, Hoseok ne pouvait s'empêcher de revenir tous les soirs pour l'observer. Cela faisait maintenant plusieurs mois qu'il se pressait pour être présent, tous les soirs à 21h précises, dans ce bar lounge. Il venait seul, et s'installait toujours à la même table, la plus proche de la scène, positionnée de côté par rapport au pianiste. Depuis cet endroit, il pouvait savourer le moindre mouvement de l'envoutant musicien.

Il ne s'en lassait pas. Il ne s'en lasserait jamais.

Plus le temps passait, et plus il avait envie de lui parler. Mais quelque chose l'en empêchait. Alors, il espérait qu'un jour le pianiste le remarquerai. Qu'il viendrait de lui-même aborder son plus fervent admirateur. Cependant, ce jour n'arrivait pas, et Hoseok perdait patience.

Un soir, il décida de s'avancer plus proche du pianiste, mais il ne reçut aucune réaction. Alors, chaque soir, il s'approcha un peu plus. Jusqu'à finir par s'appuyer sur un bord du piano. Quand toujours aucune réaction ne vient du jeune artiste, Hoseok se senti bête. Lui qui gardait pourtant ses yeux fixés sur cet être parfait, à aucun moment il n'avait réalisé que le jeune pianiste ne pourrait jamais le remarquer. Pourtant, il y avait un nombre d'indices important : les lunettes noires dans un bar sombre, le chien couché dans un coin de la scène, et l'absence totale de réaction à son environnement. Le pianiste angélique était aveugle.

Alors chaque soir, Hoseok vint sans bruit s'appuyer contre le magnifique piano blanc, pour observer cet homme encore plus magnifique faire courir ses longs doigts sur les touches nacrées. Imaginant l'effet qu'il ressentirait si c'était sur son corps que ces doigts venaient pianoter. Chaque soir, il s'imposait cette frustration. Il ne pouvait plus s'en passer. Et quand vraiment son désir pour le pianiste devenait trop fort, il partait se soulager dans les toilettes, honteux de salir ainsi, dans ses pensées, cet être si pur.

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