- Sa musique -

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Sa respiration déjà anarchique devient de plus en plus hachée, ses gémissements de plus en plus profonds et rauques. Son corps entier se crispe sans pouvoir se contrôler. Il va venir. Alors, toujours enragé de ne pas avoir pu découvrir sa saveur, j'arrête tout et le libère de l'emprise de mes lèvres. Un grognement sourd, réprobateur, s'échappe furieusement de son être, privé de ce plaisir intense qu'il était prêt à accueillir.

«J'aime pas le goût de ce truc.»


(๑˃̵ᴗ˂̵)و

Un rire irrésistible prend possession de lui et envahi la pièce. C'est magnifique. Sa voix est tellement belle. La furieuse envie de découvrir toute l'étendue de sa tessiture me saisit. Depuis longtemps cette envie à fait son apparition en moi, mais jusqu'à présent, je la réfrénais, ayant peur de ses réactions. J'ai toujours un peu peur qu'il me rejette, mais une partie de moi veut encore l'explorer.

Mes lèvres se dépêchent de retrouver les siennes. Il mord furieusement ma lèvre inférieure, certainement en guise de représailles. Après avoir glissé le long de son corps brulant, mes mains agrippent timidement ses hanches. Mais à mon grand soulagement, mon admirateur s'empresse de répondre à mes intentions silencieuses et soulève son bassin, faisant rencontrer nos érections devenues presque douloureuses. 

Sans cesser de l'embrasser, je cherche à tâtons un nouveau petit sachet métallisé. Lorsque j'en trouve un, ses doigts se mêlent quelques secondes aux miens, et finissent par me l'arracher impatiemment. L'emballage est vivement déchiré, et ses doigts experts rejoignent rapidement mon sexe afin d'y installer la protection.

J'effleure des doigts son entrée, lui soutirant un soupir plus que désireux. Sa large main enserre soudainement mon membre, et vient me placer directement en contact avec son intimité. D'un léger mouvement de bassin, il m'insère délicieusement en lui. Nos voix, rendues basses par l'excitation et le plaisir, se mélangent pour créer une harmonisation parfaite. Je le possède entièrement, et initie des mouvements amples et langoureux. Je peux enfin découvrir la moindre parcelle de son anatomie, ressentir le moindre de ses tressaillements, suivre la moindre de ses ondulations désireuses.

Mes doigts pianotent sans arrêt sur son corps, ajoutant des caresses externes à celles internes que je lui offre. Tout ceci lui fait produire des sons uniques. Une musique si douce à mes oreilles qu'elle me fait perdre la tête. Je profite pleinement de cette mélodie que je lui fais chanter. Pour une fois, je suis réellement un musicien. Pour une fois, ce n'est pas la Musique qui se sert de mon corps pour se faire entendre, mais mon corps qui crée une symphonie parfaite, dont j'ai entièrement le contrôle. Je réalise que, dans cet instant magique, mon amant est le plus parfait des instruments, auquel je fais jouer la plus parfaite des rhapsodies.


En cet instant d'union parfaite, tous mes sens sont emplis de lui, ne se concentrent que sur lui. Mes papilles se souviennent de ses gouts qu'elles connaissent presque tous. Mes tympans vibrent au rythme de sa voix, de ses gémissements, de ses râles, et de sa respiration endiablée. Son odeur, si douce, emplit mes narines et m'excite plus que cela est imaginable. Mes doigts ont appris son corps par cœur, dans les moindres recoins.

Mon image mentale de sa représentation est parfaite. Son corps est parfait. Seul son visage m'est inconnu. Ma langue et mes lèvres ont une connaissance aguerrie de la forme de sa bouche et de sa mâchoire, mais elles en gardent jalousement le secret, ne me laissant qu'une vague idée de leur perfection. Piqué d'une curiosité brulante, ma main droite se détache sa hanche et laisse courir ses doigts le long de son torse. Ils le remontent lentement, s'autorisant un détour par ses tétons toujours plus sensibles. Puis ils longent enfin la veine palpitante de son cou, et finissent leur course sensuelle sur ses lèvres. Ces dernières, largement entrouvertes, laissent échapper en continu un souffle erratique, agrémenté régulièrement de gémissements sourds.

Son souffle brulant et irrégulier balaye la peau délicate de mes doigts pendant quelques secondes, rapidement remplacée par une sensation douche, chaude, et irrésistiblement mouillée. La rencontre inattendue de sa langue me provoque une décharge électrique le long de la colonne vertébrale. La langue taquine de mon amant m'appelle irrésistiblement. Je me penche sur son corps, sans cesser mes mouvements de bassins dont le rythme se fait plus soutenu, et nos lèvres se retrouvent avec soulagement. Ma langue s'empresse de rejoindre sa jumelle, sous la surveillance perverse de mes doigts. Ceux-ci ne perdent d'ailleurs pas longtemps avant de se joindre à la bataille qu'elles se livrent délicieusement. Ces nouvelles stimulations, semblent faire perdre la tête à mon amant. Ses ondulations se font de plus en plus empressées. Ses gémissements, que j'avale avec ravissement, sont de plus en plus puissants, et me font vibrer de l'intérieur.

Puis soudain le silence. Son corps, tendu à l'extrême se fige. Sa voix se tait. Même sa respiration disparait. Seule la mienne, anarchique, résonne dans la pièce, accompagnant les bruits obscènes de mon corps coulissant furieusement dans le sien. Aussi soudainement que le silence était apparu, un gémissement puissant, rauque, divin, extatique, résonne à mes oreilles. Son corps semble pris de spasmes alors que je continue de maltraiter ce point lui faisant tant de bien, prolongeant ainsi son orgasme. Ma propre voix se joint à la sienne, jouant à nouveau une symphonie exquise dont nous seuls avons le secret. Que nous seuls pouvons jouer et écouter. Son corps palpite autour du mien, me faisant instantanément atteindre la limite de plaisir que je suis capable d'endurer.

Tremblant d'extase, mon corps vide de toute énergie s'étend sans délicatesse sur le sien, lui arrachant un léger grognement. Mais rapidement, un rire presque silencieux tinte à mes oreilles, et deux grandes mains brûlantes se glissent dans mon dos, le caressant distraitement.

Le silence nous enveloppe. Seuls résonnent le bruit de nos respirations encore un peu courtes, et le son tonitruant de nos cœurs battant à des vitesses incroyables.


Après de longues minutes presque figées, une de ses mains quitte mon dos, et se glisse dans ma chevelure rendue humide par nos ébats. Ses ongles frottent délicatement mon cuir chevelu. J'aimerais être capable de ronronner comme un chat sous ce contact délicieux, mais je me contente de soupirer de bien-être, faisant rire mon amant.

 «C'est pas que ton parquet n'est pas confortable, mais j'aimerais autant dormir dans un lit douillet.

- Dormir ?

- Tu... Tu refuses de me laisser passer la nuit ici ?

- Non.»

Je me redresse difficilement, me débarrasse enfin du bout de plastique gênant, et lui tend le bras. Mais il ne réagit pas. Peut-être ne m'a-t-il pas bien compris. Alors je cherche du pied un autre des petits emballages que je sais dispersés au sol. J'en saisie un grâce à l'agilité sans faille de mes orteils, et le laisse tomber sur son corps toujours au sol.

«On en a encore pleins à utiliser... Alors je ne compte pas te laisser dormir de suite.» 

Et, sans plus attendre, son bras s'enroule autour du mien, et son corps irradiant de chaleur, se presse contre me torse. Sous l'effet de la surprise de sa rapidité d'action, je laisse échapper un petit couinement lorsque sa bouche fougueuse et gourmande entre en contact avec la mienne.

Finalement, ses lèvres se décollent quelques secondes des miennes. Juste le temps de le laisser me murmurer quelques mots fiévreux, réactivant plus fort que jamais le brasier consumant mon corps.

«Ton lit est beaucoup trop loin, mais ce canapé a l'air des plus confortables.»

In My EyesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant