- Sa couleur -

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Finalement, ses lèvres se décollent quelques secondes des miennes. Juste le temps de le laisser me murmurer quelques mots fiévreux, réactivant plus fort que jamais le brasier consumant mon corps.

« Ton lit est beaucoup trop loin, mais ce canapé a l'air des plus confortables. »

(๑¯∀¯๑)

L'entièreté de ma peau se retrouve couverte de frissons. Ses mains accompagnent délicatement ceux courant sur mes bras, me prodiguant une caresse exquise. Son corps se pressant de plus en plus contre le mien me fait lentement reculer, jusqu'à ce que l'intérieur de mes genoux rencontre l'accoudoir en daim de mon canapé. Je me laisse tomber sur le dos, sachant ma chute amortie par les coussins. J'apprécie leur douceur contre ma peau. Elle me rappelle que le parquet était finalement loin d'être confortable. Il faudra que je pense à m'excuser auprès de mon invité pour l'avoir si mal installé. Mais, après tout, c'est lui qui a commencé...

Mon corps nu est rapidement recouvert par celui de mon amant. Son souffle se mélange amoureusement au mien. Je le sens m'observer, ce qui me met mal à l'aise. Je ne sais pas exactement de quoi j'ai l'air, mais je connais les reliefs de mon visage. Trop fin, trop osseux. Triste. Je conserve une certaine longueur de cheveux, de façon à pourvoir me cacher un minimum. En ce moment même, je les sens humides, et collés à mon front. Je dois présenter une bien piètre apparence. J'en aurai presque honte. Honte qu'un homme aussi raffiné que lui observe le pauvre être que je suis. Comment en est-on arrivé là ? Comment cet homme a-t-il bien pu se mettre à me désirer ?

Je n'ose plus le laisser m'observer, alors je baisse la tête. Mais rapidement ses doigts attrapent mon menton et me la font redresser. Puis ils vont dégager les mèches de cheveux qui me collent au visage. Il reste encore silencieux quelque temps, caressant doucement mes cheveux, puis mon visage. Ses longs doigts passent délicatement sur mon front, sur mes paupières toujours closes, le long de l'arête de mon nez, sur mes joues creusées, puis marquent une pause sur mes lèvres. Il me fait les entrouvrir légèrement, avant de m'embrasser avec une passion qui semble débordante. Un baiser si ardent qu'il me provoque à lui seul une vague de plaisir intense.

Une nouvelle fois, un désir pressant d'avoir plus me prend violemment. Désir qui semble partagé par mon admirateur que j'entends déjà déchirer l'emballage que je lui ai donné plus tôt. 

«Je t'en supplie, dis-moi que je peux...

- J'attends que ça.»

Ses lèvres retrouvent désespérément les miennes alors qu'une de mes mains s'enroule autour de son membre pour le guider directement vers mon intimité, plus que prêt à l'accueillir. Jamais je n'ai été autant désireux qu'à cet instant. Mais il m'oblige à patienter quelques instants de plus, et place mes mains dans le bas de son dos. Ses mains à lui rejoignent mes cheveux et y emmêlent fébrilement leurs doigts, alors que nos langues se sont enfin retrouvées, et se font passionnément l'amour. Nos respirations sont à nouveau désordonnées, et des gémissements incontrôlés nous échappent déjà.

Avec une tendresse extrême, il entre en moi. Je le sens faire lentement son chemin, et le laisse m'explorer à son tour.
Comme pour se venger des supplices que je lui ai prodigués, mon admirateur adopte un rythme imprédictible. Parfois d'une lenteur extrême, parfois brutal, quelques secondes immobiles. Mon corps est incapable de s'y adapter et se retrouve surpris en permanence, mais subit avec délectation ce traitement qu'il m'offre.


A chacun de ses mouvements, je m'enfonce peu à peu dans un monde où plus rien n'existe. Plus aucun son, plus aucune odeur, plus aucun gout. Seul mon sens tactile persiste, ainsi qu'une sensation de plénitude et de plaisir intense. Ce monde vide n'est habité que par mon amant, moi et notre plaisir. A nous de le modeler à notre image. 

Une lueur prend place sous mes yeux. Une lueur faible et tremblotante. Elle danse au rythme de mon plaisir. De plus en plus intense, de plus en plus visible. Alors qu'elle s'étend dans notre monde, sa couleur me saisit. Je n'ai jamais vu de couleur, mes yeux en sont incapables. Pour moi, la notion de couleur n'a aucun sens, je ne la comprends pas. Les gens ont beau me l'expliquer, c'est inutile. Pourtant, en cet instant, mon cerveau est capable de créer une chose que j'ai envie d'appeler couleur. C'est une couleur douce et apaisante. Une couleur emplie de bonté, de vérité, de tendresse et de sagesse. Une couleur qui ressemble à mon admirateur. Une couleur qui m'évoque le rêve.

Est-ce réellement ça ? Est-ce qu'un voyant pourrait me dire "oui Yoongi, ce que tu vois maintenant c'est bien bien une couleur. C'est du violet, la couleur du rêve et de la spiritualité." Je pense plutôt que mon plaisir perturbe mon esprit et lui fait faire n'importe quoi. Jamais je ne verrais de couleur, je ne peux qu'essayer d'imaginer ce que c'est. Mais en cet instant magique, j'ai envie d'y croire.

Un violent éclair de plaisir me transperce, rendant immédiatement cette lueur plus intense. Mon amant reproduit le même mouvement, m'électrisant une nouvelle fois. Dès ce moment, mon corps et mon esprit ne me répondent définitivement plus. Tous deux m'expriment des émotions contradictoires. Mes muscles sont bandés à leur maximum, mes poumons peinent à inspirer suffisamment d'oxygènes, et mon cœur s'emballe toujours un peu plus. Mon corps est un véritable chaos, mais mon esprit est serin, rassuré. Les différentes nuances de la couleur qui l'enveloppe calment mes émotions. Elles entrainent mon esprit dans un monde de délicatesse et de paix, le détachant de mon corps délicieusement soumis au plaisir, à l'envie et à la luxure.

Dans un ultime mouvement, mon amant me procure une explosion intense de plaisir. Plus que ce que mon corps est capable d'endurer. En réponse à ce puissant orgasme, la couleur atteint le paroxysme de son intensité. C'est magnifique, et je pourrais presque en pleurer d'extase.

Une pointe de mélancolie et de solitude m'envahit alors que la couleur dans mon esprit et le plaisir dans mon corps s'amenuisent graduellement. Mes autres sensations refont doucement surface. L'odeur si plaisante de mon amant revient me chatouiller les narines. Celle-ci est accompagnée de l'arôme excitant de nos transpirations, traduisant éhontément le moment que nous venons de partager. Le son de nos respirations essoufflées qui se font écot résonne de nouveau à mes tympans. Le poids du corps divin de mon amant sur le mien, son souffle sur mon visage, ses lèvres qui reviennent caresser les miennes. Toutes ces sensations me ramènent de nouveau dans le monde réel. Celui où tous mes sens peuvent se délecter de la présence de mon admirateur.

Le silence s'étire des minutes durant. Je n'ose pas faire un mouvement. Je n'en ai de toute façon pas envie. J'aime être là, sous son corps, à savourer pleinement tout ce qu'il m'offre. Tout ce qu'il m'a offert. C'est un moment magique. Encore plus beau que lorsque nous faisions l'amour. Seulement nos corps nus, épuisés, se reposant l'un contre l'autre. C'est un moment d'une simplicité extrême, mais j'aimerais qu'il dure toujours.

« Je peux dormir sur ton canapé ?

- Tu risques d'attraper froid. Allons dans ma chambre.

- Alors laisse-moi cinq minutes, le temps de retrouver l'usage de mes jambes. Et de tout mon corps. »

Je lui souris et l'embrasse chastement. J'ai hâte de pouvoir m'endormir dans ses bras. Parce que cela rendra cette soirée encore plus parfaite. Parce que c'est lui. Mon admirateur.







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