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-Maman ? Demanda Prune en poussant la lourde porte d'entrée de sa maison.

Sa mère, qui était aux fourneaux, leva la tête.

-Oui ma puce ?

Prune lança son Eastpack noir tagué sur le sol en s'assit sur un gros tabouret en posant sa tête dans ses mains, les coudes sur la table. Elle soupira longuement avant de prononcer distinctement :

-J'en ai marre.

Sa mère s'approcha d'elle et lui caressa la tête.

-De quoi, ma Prunelle ?

-J'en ai marre de pleurer. De me plaindre. De me sentir faible. Maman, je suis faible. Alors que des gens souffrent autour de moi ! Et ils sont forts ! Regarde Simon : il ne voit jamais ses parents et pourtant il sourit et est dur comme un roc. Regarde Livie : elle a été adoptée et n'a jamais connu sa famille. Et pourtant, elle est toujours la première à me consoler. Regarde Luke : il fait des crises de tétanie et subit beaucoup de réflexions méchantes et pourtant, il est sincère et tend son majeur à ses bouffons en hurlant « Ça me passe au dessus ! ». Et regarde moi : je suis observatrice de leurs malheurs. J'ai des gens qui croient en moi, qui m'aiment et je me plains. Je me plains maman !

Pour une énième fois ce mois là, Prune éclata en sanglots. Sa mère passa les bras autour de ses épaules et l'enlaça avec amour tout en lui chuchotant des paroles réconfortantes à l'oreille.

-Tu sais ma Prune, les observateurs sont très importants. Comme les acteurs. Ils ont également une sorte d'empathie. Alors ils subissent. Tout. Tu subis les malheurs de Simon, Luke et Livie. Tu partages leurs peines. Elles pèsent moins lourds sur leurs épaules. Alors toi, sur tes épaules, il n'y a pas tes peines. Non. Il y a les peines de tes amis, celle de ton frère et probablement d'un gosse qui pleurait et que t'as croisé dans la rue. Les observateurs sont extérieurs à toutes ces choses. Mais ils sont les piliers de la continuation.

-Pruuuuuune ? Prunier ré-réveille toi ! S'exclama une petite voix.

La jeune fille ouvrit les yeux et aperçu son frère. Elle lui sourit et songea à son rêve. Elle songea à cette journée au mois de février dernier. Ou bien ... début mars. Elle songea à ce que sa mère lui avait dit. Et elle songea à sa mère. Et à son père.

Et elle sourit.
Parce qu'ils étaient géniaux, instructeurs.
Parce qu'aujourd'hui, elle avait la pêche (ou la prune) et l'espoir gonflait son cœur meurtri.
Parce qu'elle avait envie de trouver une solution à ce problème de morts.

Ce matin là, Prune se sentait prise d'une énergie nouvelle, elle avait envie de faire changer les choses, de les bouger.

La première chose qu'elle voulait faire, c'était parler à Simon. Elle le trouva assit à la gauche de Jules. Les deux jeunes hommes discutaient en souriant. Prune fut d'abord tenté de les espionner pour savoir de quoi ils parlaient, mais elle se dit que ça ne serait pas honnête. Prune était quasiment sur que Simon était un excellent ami. Et les amis ne vous plantait pas de couteau dans le dos. Non, quand il y avait un problème, ils venaient vous voir, vous disait ce qui n'allait pas. Et surtout, ils étaient là pour vous : ils étaient capables de vous soutenir, de ne pas vous laisser tomber.

Prune sortit de l'ombre et entra ainsi dans le champs de vision des deux jeunes hommes. Jules lui sourit tandis que Simon regarda ailleurs, l'air gêné.

Prune toussota :

- Euh, salut, vous allez bien ?

- Carrément ! s'est exclamé Jules. Quoiqu'en fait non. Enfin, la Terre a explosé quoi et on est...

Me: Prune, The Big-bang and the death's search Où les histoires vivent. Découvrez maintenant