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Prune était soulagée : ils avaient retrouvés Livie. Prune d'habitude si calme, pragmatique avait pris peur. Elle avait crains de ne jamais retrouver Livie. Elle ne pouvait s'imaginer vivre sans elle. Appuyée contre la fenêtre de la cuisine, Prune tenait dans ses mains une tasse de chocolat chaud. Elle regardait les étoiles et se questionnait : comment le monde, l'univers avait pu se détruire et il y avait toujours des étoiles. Des étoiles mortes. Mais des étoiles qui brillaient toujours.

La porte grinça, Prune fut surprise : il était tard, la nuit était déjà bien avancé, qui cela pouvait-il bien être ? La jeune fille se retourna avant de découvrir Johanna, ses longs cheveux attachés avec une pince bleu trouvé dans la salle de bain.  Prune dut se retenir de soupirer. Johanna demanda :

- Tu vas bien Prune ?

Prune fut surprise de cette question. Elle s'attendait à tout mais pas à cela. Elle balbutia un "oui" presque inaudible. Johanna s'assit à la longue table de la cuisine. Le silence s'était fait.

- Tu n'arrives pas à dormir ? demanda Prune désireuse de faire taire le malaise présent dans la pièce

Johanna s'amusait à jouer avec une cuillère la faisant sauter dans ses mains. Elle sourit à Prune d'un sourire glacial :

- En fait, je ne dors jamais beaucoup. Pareil pour toi ?

- Non. Je n'arrivais pas à dormir, la journée a été longue. Trop longue.

Johanna ne dit rien. Elle semblait réfléchir à quelque chose. Elle finit par dire, un rictus sur les lèvres :

- Livie est un peu particulière comme fille, non ?

Prune se tut. Désemparée. De quoi se mêlait cette fille ? Prune du se retenir de partir en claquant la porte. Prune se redressa avant de toiser la jeune fille de ses yeux bleus.

- Livie est unique. C'est tout. Tu n'as pas à la juger, tu ne sais rien d'elle.

Johanna posa lentement la cuillère sur la table. Son sourire mauvais toujours accroché aux lèvres. Elle adressa un clin d'oeil à Prune en lui souhaitant une excellente nuit. Ce n'est qu'une fois la jeune fille sortit, que Prune se rendit compte qu'elle portait un pull vert qu'elle avait déjà vu. Souvent vu : c'était le pull vert de Simon. Un qu'il adorait.

Prune fut d'abord furieuse. Puis elle se calma. Cela ne servait à rien de s'énerver. Elle était grande : elle n'allait pas débouler dans la chambre de Simon et lui hurler dessus quand même ! De toute façon, il avait très bien le droit de prêter ses affaires, c'était les siennes. Pas celle de Prune.

Alors pourquoi la jeune fille sentait comme un pincement dans sa poitrine ?

Un peu plus loin dans la maison, à l'étage, une autre scène se déroulait. Jules dormait lorsqu'il fut réveillé par des petits coups sur la porte de "sa" chambre. Il se redressa, les yeux fatigués. Les coups se firent de nouveau entendre. Une voix demanda, timidement :

- Jules ? C'est Livie... je peux entrer ?

Au nom de Livie, Jules se réveilla brusquement. Il sauta du lit, enfila un t-shirt et ouvrit la porte pour découvrir Livie. Elle portait un short noir et un débardeur bleu. Ses yeux étaient encore fatigués, signe qu'elle s'était réveillée il y a peu, mais elle avait un grand sourire aux lèvres.

- Salut Jules.

- Salut Livie. Tu veux entrer, discuter ?

- J'aimerais ça, oui.

Jules se décala de sorte à ce que la jeune fille puisse entrer. Il remarqua qu'elle avait tressé ses longs cheveux. Ils étaient rarement attachés. Jules se demanda si elle les attachait ainsi tous les soirs. Il aimerait bien la voir le faire. Livie s'assit sur une chaise de bureau et Jules sur le lit. Il demanda :

- Un problème Liv ?

Livie sourit les yeux baissés.

- Tu vas peut-être trouver ça bizarre, mais je me sentais seule. Et Prune n'était pas dans sa chambre. Alors je me suis permise de... de venir te voir. Juste pour parler. Tu peux dire non si tu veux dormir, hein.

Jules rigola en secouant la tête. Il s'empressa de répondre :

- Non, bien sur que non, ça ne me gêne pas. Viens à côte de moi, on sera mieux.

Livie s'installa avec un sourire devenu timide sur les lèvres. Elle poussa un oreiller et le posa contre son ventre. Elle demanda :

- Tu ne te demandes jamais si ça ne serait pas mieux si... si...

- Si quoi ?

- Si on était morts.

Jules prit la question au sérieux et réfléchit quelques longues secondes. Livie sourit en le voyant plisser des yeux comme si elle venait de lui poser une question à laquelle on ne pouvait répondre. Il finit par dire d'un ton mesuré :

- On ne se serait pas rencontré. Les morts ne sont pas très bavards Liv.

Livie rigola avant de secouer la tête comme si elle reprochait quelque chose au jeune homme. Mais son regard ne mentait pas : Jules la faisait rire. Elle reprit :

- Tu sais, on pourrait tout recommencer. Tout rebâtir. Je crois que si demain Prune en avait envie, on se trouverait à échafauder les plans d'une fusée.

Livie ponctua sa phrase d'un éclat rire. Jules demanda :

- Et pourquoi elle ne le fait pas ?

- Le deuil Jules. Elle avait une relation particulière avec ses parents. Si elle avait perdu Billy, je crois que ça l'aurait changé à jamais.

Jules ne commenta pas, il hocha de la tête. Brusquement Livie fondit en larmes. Des larmes sur son beau visage. Les larmes dégoulinaient sur ses tâches de rousseur avant de tomber sur le lit du jeune homme. Jules l'a pris dans ses bras.

- Livie ! Qu'est-ce qui se passe ?

Livie tenta de répondre, mais elle n'y arrivait. Les mots ne pouvaient sortir de sa gorge tant le sanglot était violent. Jules se tut. Cela ne servait à rien tant que Livie était dans cet état. Le principal était d'abord de la calmer.

Cinq minutes passèrent avant que Livie respire de nouveau calmement. Elle se dégagea lentement des bras de Jules, un pauvre sourire aux lèvres.

- Désolée Jules.

- Aucun problème Livie, mon t-shirt est super pratique comme mouchoir, n'est-ce pas ?

Livie rigola doucement. Ses yeux brillaient mais plus à  cause des larmes. Jules s'autorisa à demander :

- La fatigue, le stresse ?

- Un peu de tout. Je suis tout le temps fatiguée en ce moment.

- Tu devrais plus manger Livie... tu es si maigre.

Livie ne regarda  même pas son corps. Elle avait les yeux dans le vague, comme si elle n'arrivait à fixer un endroit précis.

- Je mange... un peu.

Jules hocha de la tête, fixant les bras si fin de la jeune fille qu'il craignait de les casser en les prenant dans ses mains, et son visage aux traits tirés. Un triste tableau, songea Jules. La jeune fille trésaillit.

- Installe toi sous la couette, lui proposa Jules. Tu auras moins froid je pense.

Livie ne pensa pas aux sarcasmes de Simon s'il apprenait l'existence de cette scène, non, il pensa plutôt à Luke qui lui disait de ne pas se soucier du regard des gens, de leurs critiques. D'accepter ses choix et de les assumer. Livie se glissa sous la couette chaude, et remercia Jules d'un sourire qu'il lui rendit aussitôt. Un silence se fit. Livie bailla.

- Je peux dormir avec toi ? demanda la jeune fille les yeux fermés

Jules pour toute réponse se glissa à son tour sous la couette. Il ne souhaita pas une bonne nuit à la jeune fille. Il se contenta de la prendre dans ses bras et de lui chuchoter ces mots :

- Tout ira bien Liv...

Me: Prune, The Big-bang and the death's search Où les histoires vivent. Découvrez maintenant