Zach

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Point de vue de Zach :

Je termine ma clope en chocolat, c'est dingue comme ça détend ces conneries. Ça va faire vingt bonnes minutes que je suis posé sur mon seul moyen de transport, la seule chose qui ne m'apporte aucun désavantage ou qui ne me blesse jamais. Non, parce que là, on peut pas dire que je sois hyper joyeux et que je déborde de joie de vivre.
Mon père m'a foutu dehors et déshérité au profit de sa nouvelle compagne, je ne verrai plus mes soeurs parce que ma soeur aînée a déménagé en Corée avec Nora, et que je n'ai aucun moyen d'y aller, mes potes me font la gueule parce que j'ai voulu rester pour une fille au lieu de continuer le road trip avec eux, et la fille en question  m'a fait la plus grosse blague de l'année, en me faisant croire qu'elle est invisible. Tout ça en même pas 3 jours.

Je me suis senti vexé, honteux, mortifié, choqué et stupéfait par ce qu'il s'est passé. Et additionné au stress de toutes ces nouvelles plus ou moins bonnes...

Bref, ma vie est chouette. En plus j'ai laissé mon écharpe quand Ivy m'a fait sa démonstration au centre commercial... Je n'ai jamais été si mal à l'aise de ma vie. Pourquoi a s'est t-elle sentie obligée de retirer ses vêtements? 
Il faut que je la recontacte, pour mon écharpe et pour au moins lui dire au revoir. Je retrouve son numéro et pose mon portable sur mon oreille gelée par le vent frais. Trois sonneries ont le temps de résonner avant que je n'entende une musique au loin. C'est un gros hasard, qu'à cette heure où tout le monde mange chez soi,  un portable s'allume et émette la seule musique que Ivy m'ait faite écouter. Encore plus étrange quand la musique cesse, que ce soit le répondeur qui me réponde.
Trop curieux, je quitte ma corniche et avance rapidement vers la route côtière. A peine j'entrevois le bitume qu'une silhouette décampe en courant. D'instinct je sais que je dois lui courir après. Je l'appelle une fois. Elle accélère. C'est elle. J'élance mes grandes jambes, l'envie de la rattraper prend le dessus.

-Ivy!

Mon coeur accélère jusqu'à un rythme dément, je pique une pointe dont je ne me pensais pas capable. Je ne sais plus ce que font mes jambes. Elles avalent la route descendante à une vitesse fulgurante. L'adrénaline remplit mes veines et dans la folie de la course,  je crie de nouveau son prénom " Ivy !". Que fait elle ici? Elle me suit? Il faut vraiment qu'elle m'explique son tour de passe-passe et l'intérêt de me faire croire une chose pareille .

Je ne suis plus qu'à quelques centimètres d'elle. J'ai reçu une larme sur la joue, j'entends sa respiration endiablée. Je tends les doigts. Mon index frôle sa peau. Un souffle violent vient se heurter contre nous. Gêné, je ferme les yeux trente secondes et  trébuche. Je clopine sur quelques mètres mais me réceptionne tant bien que mal. La tête me tourne, je reprends mon souffle une minute puis me redresse. Ivy n'est pas sur la route un peu plus haut comme je l'aurais cru. Je remonte quelques pas. Elle n'est vraiment pas là. Elle m'a peut être doublé ou ne s'est pas arrêtée. Mais non, personne ne court vers le bas de la pente, ni vers le haut. La paroi rocheuse qui me fait face ne présente ni crevasse, ni fissure, ni deuxième étage. La panique me monte au nez.

-Punaise, c'est quoi ce bordel?!

Je n'en reviens pas. Elle était là, il y a 5 secondes. Je prends ma tête entre mes mains. Elle était là et maintenant, elle n'y est plus.

-Punaise, c'est quoi ce bordel? Elle a pas disparu quand même.

C'est vraiment glauque. Une personne ne peut pas disparaître comme ça.  Il faut que je trouve une explication. Non, d'abord je me calme et après je cherche une explication.
Je retourne là où j'étais posté, il y a 5 minutes, remets mon casque et pars couvert par le bruit puissant de mon moteur, vers l'université d'Ivy.

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Devant la porte principale du grand bâtiment blanc, je me connecte à Facebook avec le prénom des deux amies d'Ivy en tête. Je mémorise leur tête et attends calmement la sonnerie durant laquelle le plus d'étudiants sortent.
A 16h pile, un amas d'universitaires descendent les marches de l'allée principale, je me fais défigurer par plusieurs filles, qui attendent de voir qui partira avec moi et certains mecs jugent ma moto. Désolé de décevoir mais je n''emmène personne aujourd'hui. Finalement,  alors que le flux de personnes diminue, j'aperçois une des deux filles qui m'intéressent. De dos, entourée par plusieurs personnes, elle ne me voit pas, je m'approche.

invisibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant