Chapitre 15, After school

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Toute la journée Thomas évita Nyle. Kai, lui, ne disait rien, peiné pour son ami.

Au fond de lui, Thomas n'était pas vraiment préoccupé par le comportement de Nyle mais plutôt par les choses étranges qu'il avait ressenti et vu ce matin là. Il fouilla sa galerie photo pour trouver des photos où il était en compagnie de son ami et les zooma au maximum. Les yeux de Nyle n'étaient, sur aucune d'elles, aussi clairs qu'ils l'avaient été ce matin là. Avant de rentrer chez lui, Thomas était même retournée dans les toilettes pour vérifier la température et le radiateur. Celui ci était éteint et la température normale. Il ne comprenait pas comment il avait pu ressentir un tel froid avant d'avoir une bouffée de chaleur en moins de cinq minutes dans la même pièce...

Ce soir là, en arrivant chez lui, il s'enferma dans la salle de bain et se déshabilla. Thomas se tint devant le miroir et s'analysa. Rien d'anormal. Il prit ensuite sa température, mais encore une fois rien d'anormal. Cela n'avait aucun sens, il était physiquement intact : alors comment avait-il pu ressentir de tels sensations cette même matinée ? Était-ce vraiment seulement les mots de Nyle qui l'avaient mis dans cet état ? Il en doutait fortement, mais là encore, il ne pouvait prouver le contraire.

Au moment où il resserra sa ceinture de jean, son téléphone vibra sur le bord du lavabo, le prénom de Valentine clignotant à l'écran. Il se retint de jeter son portable travers la pièce et à la place prit l'appel.

"Allo ?"

"Thomas c'est bien toi ?" demanda la voix féminine "J'arrive pas à croire que tu aies enfin décroché ! Je savais que tu regretterais de m'avoir largué comme ça !"

"Désolé de venir ruiner ton humeur si joyeuse mais je ne regrette absolument rien" dit Thomas, sa voix aussi coupante qu'une lame de rasoir "Nous ne sommes plus ensemble Valentine, tu n'es plus rien à mes yeux, je te conseille donc d'arrêter de me harceler jours et nuits avant que je décide de porter plainte contre toi" et sur ce il raccrocha avant de bloquer son numéro.

C'est bon, il l'avait enfin fait, il avait bloqué son numéro, son dernier moyen de contact avec elle, il en avait finalement eu le courage. Il soupira et se jeta un coup d'œil dans la glace. Peut-être que la fête, à laquelle Esme les avait invité plus tôt aujourd'hui, allait finalement lui donner l'excuse d'exploiter le potentiel de "sa belle gueule" et du fantasme féminin du "maître nageur". Il se sourit et enfila son T-shirt avant de gagner sa chambre.


***


Suivant leur altercation matinale, Nyle s'en était voulu toute la journée d'avoir dit de telles chose à son meilleur ami. Il s'en voulait aussi d'avoir noyé toute sa colère dans les bras de Lacey, en se faisant plaisir. En ayant agit comme un égoïste il blessait deux personnes à la fois : Thomas, en lui faisant porter le chapeau de sa maltraitance et Lacey, en lui faisant croire qu'il l'aimait pour autre chose que son propre bénéfice. Il était si stupide.

Ce soir là, il rentra sans craintes de son père, qui le mercredi soir, était de sortie. Il pu même manger à table, dans la salle à manger, au lieu de devoir se nourrir de réserves qu'il faisait dans sa chambre, ou d'un repas de minuit qu'il ne pouvait savourer, de peur de se faire prendre. Il se fit une salade en y mélangeant un maximum de légumes possibles, fit cuire un steak et en dessert une salade de fruits, trois choses simples qu'il ne pouvait pas se préparer lors de ses repas habituels.

Il mangea, profitant du calme et de la solitude, fit la vaisselle, musique dans les oreilles, prit une longue douche chaude, ou du moins c'est ce qu'il aurait voulu faire. Ces derniers temps, Nyle devenait de moins en moins tolérant à la chaleur et se retrouvait même à apprécier une douche froide par temps froid qu'une douche chaude ou même tiède. Mais il ne s'était pas posé plus de questions, le corps avait ses hauts et ses bas.

Lorsqu'il regagna sa chambre, il s'assit sur son lit et fixa longuement son téléphone. Une partie de lui voulait le ramasser et envoyer un millier de messages d'excuses à Thomas, mais Nyle était trop fier pour faire cela... Il décida donc de se coucher tôt, demain une journée éprouvante l'attendait.


***


En rentrant chez elle, Charlotte découvrit que Joaquin habitait dans la même rue qu'elle, ce qui parût assez surprenant car elle ne l'avait jamais vu aux fêtes de quartiers.

"C'est Joaquin March" dit-il, comme s'il lisait dans ses pensées.

Charlotte fronça les sourcils.

"C'est toi le fils de Pamela et Eddy March ?!" demanda t-elle, choquée.

Il rit.

"Oui"

Je pourrai écouter ce rire pendant des heures, fut la première chose que se dit Charlotte avant de se re-concentrer sur l'information qu'elle venait d'entendre. Joaquin, garçon d'apparence brute, bagarreur et il fallait se le dire : violent, était le fils du couple marié le plus mielleux du quartier.

Elle le dévisagea.

"Je suis absolument sérieux si c'est ce que tu te demandes" dit-il.

"Mais comment ?"

"Les enfants ne marchent pas forcément dans les pas de leur parents" répondit-il.

"Mais ça veut dire qu'on s'est déjà rencontré plusieurs fois, on jouait même ensemble gamins !"

Il hocha la tête.

"Tu as changé"

"C'est plutôt à moi de dire ça" lui rétorqua t-elle, le faisant rire de nouveau.

Ils arrivèrent enfin devant chez Charlotte et s'arrêtèrent. Joaquin, lui, vivait tout en bas de la rue dans une des plus grandes maisons de cette partie de la ville.

"Comment ça se fait que je ne t'ai jamais vraiment vu au lycée ?Je veux dire, je ne savais même pas que tu allais à Eastfield" demanda t-elle.

"Je n'aime pas particulièrement notre système d'éducation" avoua t-il "En dehors de mes cours favoris, j'essaie de rester le plus loin possible d'Eastfield. Cet endroit est toxique"

"Je veux bien te croire" soupira Charlotte "Je suis contente d'avoir pu te reparler, ainsi que découvrir que tu es dans le même établissement scolaire que moi"

Il lui sourit.

"A demain, si tu décides de venir manger avec nous de nouveau" et sur ce ils se quittèrent.

"Encore un garçon !" chanta la mère de Charlotte, dès qu'elle eu franchi la porte d'entrée "Et pas n'importe lequel, le fils March !"

"Maman..." soupira Charlotte.

"C'est un très beau garçon tu sais ! Ne t'arrête pas sur des détails comme un nez cassé, je trouve que ça lui donne du chien"

"Maman, par pitié"

"Je ne fais que te donner mon avis Lottie. J'ai l'impression que ta popularité est en train de monter en flèche en ce moment"

Et elle n'avait pas tort, Charlotte semblait se faire de nouveaux amis chaque jours. Et tout ça depuis que Sawyer Chandler l'avait sauvé du désastre des lasagnes, comme quoi une humiliation publique pouvait être bénéfique parfois... enfin dans ce cas ci en tout cas.

Sawyer Chandler.

Elle répéta le nom en boucle dans sa tête. Elle n'avait pas eu son numéro de téléphone mais elle avait découvert que toutes les rumeurs à son sujet n'était pas fausses, et même si cela lui faisait du mal, elle souhaitait connaître la vérité, toute la vérité.


Ira (FR Version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant