Chapitre 13, Frissons

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Ce mercredi matin, quand Nyle se présenta à Eastfield, Thomas l'attendait devant son casier, mains dans les poches.

"Viens avec moi" ordonna t-il avant de l'entrainer plus loin dans le hall et dans deux autres couloirs.

Une minute plus tard, Thomas ferma la porte des toilettes derrière eux.

"Personne n'a cours dans cette aile le mercredi matin" dit-il, rassurant Nyle "Maintenant dis moi ce qui s'est passé"

Nyle le regarda perplexe.

"Ne joue pas les innocents, on se connait depuis qu'on est gamin, j'ai appris à lire à travers tes messages et hier soir tu n'étais pas bien. De plus, tu ne portes presque jamais de cols aussi haut" ajouta Thomas en montrant du doigt le col montant du pull de son ami.

"Thomas je sais que tu t'inquiètes pour moi mais vraiment, je vais bien"

"C'est ce que tu répètes en boucle Nyle... tu ne vas pas bien" dit-il calmement en s'approchant de l'autre garçon. Il porta doucement ses mains au niveau du cou du blond, qui, comme par automatisme, ferma les yeux et prit une grande inspiration.

Thomas eu mal juste de voir Nyle réagir de cette façon. Il baissa le col du pull de son ami, faisant bien attention à ne pas toucher sa peau et ses yeux s'écarquillèrent à la vue de la marque rouge qui faisait le tour de sa gorge.

"Il t'a... étranglé ?"

Nyle fit un pas en arrière, repoussant brusquement les mains de Thomas.

"Ce sont mes problèmes, pas les tiens, je ne m'en plains pas !" lâcha t-il, irrité.

"Tu n'as pas besoin de porter ça seul Nyle ! Je ne te laisserai pas te refermer sur toi même, me repousser. Je veux t'aider !"

"Tu ne m'aides pas Thomas ! Tu rends ça pire qu'avant !" s'emporta Nyle, ses yeux bleus emplis de rage "C'est à cause de toi ça !" cracha t-il en lui montrant ses marques de strangulation.

Le visage de Thomas se décomposa.

"Quoi...?"

"C'est parce qu'on est ami qu'il m'a fait ça, parce que je passe du temps avec toi, parce que j'ai eu la malchance de m'attacher à toi quand j'étais qu'un gamin stupide et aveugle ! Si on était pas amis, rien de ce qui m'est arrivé hier soir ne se serait passé !" continua Nyle.

Thomas fit un pas en arrière, son cœur comme percé par une aiguille de glace, un frisson parcouru sa peau.

"J'en ai marre que tu me regardes avec autant de pitié, comme un petit animal blessé ! JE-NE-SUIS-PAS-FAIBLE" cria Nyle.

Le châtain cligna des yeux. La pièce semblait soudainement extrêmement froide. Il fixa Nyle, ses yeux bleus semblaient bien plus clairs maintenant qu'il y faisait attention. Ses poils se hérissèrent sur tout son corps.

Nyle semblait essoufflé, comme si les mots qu'il venait de dire lui avait consommé autant d'énergie que de courir un marathon. Il paru soudain se rendre compte qu'il était allé trop loin et recula, se cognant contre la porte, blanc comme un linge. Il chercha frénétiquement la poignée de la porte, l'ouvrit et détalla.

Thomas resta immobile, de la buée s'échappant de sa bouche à chaque respiration. De la... buée ? Il se tourna pour regarder son reflet dans les miroirs. Plus rien.

"Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?" chuchota t-il.

Soudain, une vague de chaleur le submergea, le faisant se tenir la tête entre ses mains.

"Putain" jura t-il en sortant des toilettes le plus vite possible.

Les mots de Nyle avaient donc ce genre de pouvoir sur sa réalité... ?


***


Quand Kai vit Thomas rentrer en classe, il su immédiatement que quelque chose n'allait pas.

Passèrent alors les deux heures d'espagnol les plus longues de sa vie, mais dès que la sonnerie de la pause de dix heure retenti, il bondit de sa chaise et rejoignit son ami.

"Thomas, qu'est ce qui s'est passé ?" demanda t-il.

"Il m'a dit que c'était de ma faute" répondit le garçon, son regard vide rivé sur les pages blanches de son cahier.

Il n'avait rien écrit du cours et surement rien écouté non plus.

Kai s'accroupit à côté de son bureau.

"Que quoi était de ta faute ?" demanda Kai, ne comprenant pas ce que Nyle pouvait reprocher à Thomas.

Le châtain n'en dit pas plus, conscient que, malgré la forte amitié qu'il partageait avec Kai, il ne pouvait en aucun cas lui révéler le secret de Nyle.

"Une embrouille avec Lacey" mentit-il.

"Oh... elles te mettent dans un sacré état leurs histoires de couples. Essai de relativiser, si Nyle t'as dit des choses blessantes il se rendra surement compte qu'il est allé trop loin. Essais de lui présenter tes excuses si tu te sens coupable de ton côté. Votre amitié ne doit en aucun cas souffrir de ce genre de problèmes" sourit Kai en tapotant le genoux de son ami "Courage"

Thomas se mit à sourire, non pas un sourire radieux, mais un sourire soulagé. Soulagé d'avoir un ami aussi positif que Kai, qui savait lui redonner un peu d'espoir dans les pires moments.

"Merci" dit-il à son ami en lui ébouriffant ses cheveux colorés.

"Toujours là" rit Kai en se relevant.


***


Comme à chaque pause du matin, le groupe de Lacey vint rejoindre le groupe des garçons dans la classe de Nyle. Ils s'étaient tous habitués à se regrouper dans la salle de cours et à parler bruyamment des dernières rumeurs ainsi que de leur vies, ce que Nyle trouvait absolument ridicule mais faisait semblant d'apprécier, les écoutant tous se vanter de ce que leurs parents plein aux as avaient fait ou du dernier mec que Kate s'était tapée en soirée.

Mais ce matin, toute la colère et le frustration que Nyle avait ressenti deux heures plus tôt le poussèrent à agir comme il n'avait jamais encore agit.

Quand Lacey apparut, sa magnifique queue de cheval rousse se balançant de droite à gauche à chacun de ses pas, son grand sourire quand elle vit Nyle la regarder, l'éclat de ses yeux bleu-gris... Il se leva et se dirigea droit vers elle.

"Nyle, qu'est ce qu-" mais avant qu'elle puisse finir sa phrase, son petit ami lui attrapa la main et l'entraina, comme Thomas l'avait fait plus tôt avec lui, vers l'aile C.

Et une minutes plus tard ils pénétrèrent dans les toilettes. Lacey ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais Nyle l'attira contre lui et leur lèvres se rencontrèrent pour un intense baiser. Elle fut d'abord surprise mais ne tenta pas de le repousser, l'enlaçant. Si captivée par les lèvres de Nyle, Lacey se rendit à peine compte qu'ils avaient tous deux titubés dans une des cabines des toilettes.

Nyle ferma la porte derrière eux et remonta ses mains sous la jupe de sa copine. Elle le regarda dans ses yeux :

"Pourquoi tant de fougue d'un coup ?" lui demanda t-elle.

"Parce que tu es magnifique et que je suis un idiot" répondit-il en se penchant dans son cou, mordant sa peau douce.

Elle frissonna.

"Et nos cours ?"

"Il faut croire qu'ils devront se passer de nous pendant une heure... ou deux" murmura Nyle, traçant de baisers le plongeant de son décolleté.

"Nyle"

Il se redressa et la regarda. Les mains fines de Lacey vinrent se poser sur la ceinture de son jean.

"Je te veux" chuchota t-elle dans son oreille.

Et ce fut le feu vert qui lui suffisait pour noyer ses troubles dans les plaisirs du corps.

Ira (FR Version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant