Partie 4 - Ce n'est qu'un au revoir...

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Le regard de l'homme, d'un vert vieilli par le temps et l'alcool était vide mais il continuait de fixer obstinément sa fille, comme pour graver le moindre trait de son visage. Pour l'aider dans son ultime mission, je la fis asseoir face à lui et retirai le scotch qui contenait ses sanglots. Immédiatement elle supplia son père de les sauver, elle hurla qu'elle ne voulait pas mourir mais son père resta obstinément silencieux. Il avait perdu foi en la vie beaucoup trop vite à mon goût. Ces hommes étaient tous si pathétiques. Alors j'attrapais sa fille par les cheveux mettant sa gorge à nu devant le canif que je tenais fermement depuis le début. Elizabeth poussa un cri plus dû à la surprise qu'à la peur. Son père ne réagissait toujours pas, Je penchai la tête sur le côté tentant de savoir ce à quoi il pouvait bien penser mais ne trouvant pas, je décidais plutôt de planter mon canif dans le ventre de sa fille. Son hurlement pathétique déchira l'air de la pièce tandis qu'elle se débattait soudainement possédée par tous les diables. J'eus du mal à contenir ses secousses malgré sa frêle carrure. C'est dans ce moment là que l'homme décida de se jeter sur moi, ce vieux croûton avait réussit à s'extirper de ses liens et attendait juste le moment opportun pour me clouer au sol.

Il poussa sa fille au loin et lui hurla de s'enfuir alors qu'il me maintenait au sol. Malheureusement pour lui, je n'avais peut être pas sa carrure mais j'étais bien plus expérimentée en combat rapproché qu'il ne le serait jamais. En seulement quelques mouvements je le planquais à mon tour au sol et stoppait sa fille d'un tir dans la cuisse. Elizabeth s'effondra et le choc avec le sol fut tel que la pointe de mon canif laissé dans son ventre ressortit dans son dos. Je scotchais les mains et les pieds de l'homme pour éviter qu'un autre contretemps survienne et le jeta contre le mur. La jeune Elizabeth était vraiment mal au point, son nez était cassé et un flot de sang continu l'empêchait de respirer correctement. Je voulus la mettre sur ses jambes mais elles se dérobèrent sous son propre poids, décidément cette gamine était une vraie plaie. Je n'avais alors pas d'autre choix que de la porter et la jetai aux pieds de son père. J'avais perdu beaucoup trop de temps avec eux, je forçais l'homme à regarder sa fille dans les yeux alors qu'il essayait vainement de rassurer cette dernière avec des mots tendres. Puis je m'agenouillai derrière elle en attrapant sa gorge si blanche et si douce. D'un geste je planquais sa tête contre mon épaule et brandissait fièrement mon second couteau au dessus de nous. Mon rire fit écho au hurlement de la jeune fille tendit que je l'éviscérais devant son père impuissant. Sachant parfaitement qu'elle n'avait pas encore rendu son dernier souffle, je lui brisai la nuque et laissais son corps sans vie glisser le long de mon bras, il s'écrasa à terre dans un étrange bruit spongieux.

La maison fut plongé dans un silence profond. Les yeux remplis de larmes pleines de remords, l'homme en face de moi s'avança comme il le pouvait vers sa fille. Malgré ses pieds et ses mains liés il réussit à fermer les yeux du cadavre devenu difforme. Si je n'étais pas en plein travail, j'aurai sans doute trouvé cette scène touchante. D'ailleurs je ne me privai pas de prendre une photo de cet étrange duo, la photo a toujours été ma grande passion.

Les premiers rayons de soleil avaient déjà commencé à s'immiscer entre les lourds rideaux violets de la chambre quand j'attrapais la sacoche posée sur la commode. Tout ce qu'il me fallait se trouvait à l'intérieur mais je ne pus m'empêcher de sortir la petite boîte pour la prendre en photo, que voulez vous, c'est devenu plus qu'une passion désormais. La suite est ma seule erreur qui aurait pu me coûter plus qu'une simple blessure. J'étais dos au père en deuil, dos à ma cible mais surtout dos à un flingue que j'avais stupidement laissé à côté d'un homme qui n'avait plus rien à perdre. Alors que je me retournais pour enfin m'occuper de lui, je pus voir mon propre pistolet pointé vers moi. Malheureusement pour il hésita une seconde de trop et ayant toujours eut un merveilleux instinct de survie je pus échapper à son tir sans aucun doute mortelle sans une seule égratignure. J'attrapai le Beretta 90 resté dans la ceinture de mon jean et tirais dans la main de mon agresseur avant qu'il n'ait pu me viser de nouveau. Blessé au bras et la main, l'homme ne pouvait plus rien faire. Je pris mon pistolet resté à ses pieds et le lança, ainsi que le Beretta, le plus loin possible dans la pièce. Je n'avais jamais aimé les armes à feu.

L'homme se devait d'être un minimum présentable pour la journée qui s'annonçait, je jetai devant lui une chemise et un pantalon, le libérait de ses liens et d'un geste lui ordonnais de s'habiller. Puis, un couteau contre sa gorge, même si je savais que c'était parfaitement inutile, je le fis descendre jusqu'au salon. Là je l'installai sur une chaise, en prenant soin de lui attacher de nouveau mains et pieds pour empêcher tout spasmes de lucidité. Une fois ma dernière victime solidement attaché devant la télé, que j'avais allumé pour lui tenir compagnie, je remontait dans les chambres. Il fallait que tout soit parfait. Je réinstallai Elizabeth dans sa chambre en prenant soin de remettre ses boyaux encore tièdes à leur place initial. Puis je posai délicatement le couteau ayant servi à l'éventrée dans une poche plastique avant de le mettre à côté de son visage. Je retirai le canif laissé dans son estomac et remontais l'épaisse couverture jusqu'à son menton. Puis je sortis silencieusement dans la chambre. Je jetai un dernier regard à la jeune adolescente avec un sourire plein d'amour maternel et refermais doucement la porte. Encore une fois je plantais sa photo trouvée dans le salon sur sa porte avec le petit canif. Il ne me restait plus qu'à nettoyer la chambre où tout c'était passé.

Lorsque je pénétrais sur le lieu, je mesurais enfin l'ampleur des dégâts, il y avait du sang partout. Des morceaux de boyaux restés accrochés à la moquette laissaient une étrange trainée jusqu'à la porte tandis que la tête trônait fièrement au centre de la pièce. Je soupirai et retroussais mes manches, j'avais du pain sur la planche. J'entrepris de remettre le corps de la prostituée dans son lit, là où initialement elle devait être mais ne sachant que faire de la tête je décidai de la laisser au milieu de la chambre, elle apportait une touche des plus charmante à cette chambre déjà sublime. Je remis ensuite la table de chevet en place et posais dessus les deux pistolets. J'entrepris alors de nettoyer le reste de la chambre, si bien que mise à part les larges taches de sang séché, le cadavre sous des draps souillés et la tête au milieu de la pièce, tout avait l'air parfaitement normal.

L'homme n'avait pas bougé d'un pouce, il semblait presque mort assis là devant la télé, le visage aussi expressif qu'une tombe. Seul son thorax trahissait une lente respiration. Je m'asseyais à ses côtés, dans un petit fauteuil en cuir rouge et entamais pour la première fois, depuis bientôt six heures, un semblant de conversation. Après tout, il fallait bien s'occuper en attendant la finalité de ma mission. Cette fois ce fut au tour de l'homme d'être plongé dans un profond mutisme mais je m'en fichais pas mal. Au bout d'une petite heure, je lui proposais un thé, sa réponse fut concrète, un long silence entrecoupé par sa respiration. Je me levais alors pour m'en préparer, ainsi qu'un petit sandwich jambon beurre, les meurtres ça creuse. Après avoir finis mon encas, j'ouvris les rideaux et les volets faisant entrer un maximum de luminosité dans la maison. Je ne pu m'empêcher de sourire face à la beauté du soleil déjà haut dans le ciel, projetant ses frêles rayons sur les toits gelés du lotissement. Encore une petite heure d'attente avant le coup final. Je me suis de nouveau installé confortablement dans le fauteuil au côté de mon nouvel ami et j'ai attendu, je vous ai attendu.

Mais maintenant que nous sommes assis face à face, vous devinez facilement la suite, mon cher Lieutenant Janos. »



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