"- Bonjour.
- Bonjour. Oh! Je vois que vous prenez vos aises.
- Je commence à m'habituer, puis je vais revenir, alors autant me mettre bien.
- Oui vous avez raison. Donc, où en étions nous?
- Il me semble qu'aujourd'hui, on doit parler de la cinquième.
- Exactement. Je vous en prie, commencez.
- Il s'agit surement de ma pire année. Je n'en garde, en tout cas, que de rares souvenirs agréables. Déjà, je n'avais qu'une seule amie dans ma classe, je m'entendais bien avec les autres filles mais pas de là à leur donner autant d'importance. Quant aux garçons, à part deux ou trois que j'appréciais, les autres faisaient de mes journées une torture. Ça n'allait pas jusqu'au harcèlement mais c'était des petites reflexions sur mon physique un peu tous les jours, dites plus ou moins ironiquement. Il est vrai que je n'avais pas un physique particulièrement avantageux: je n'avais pas de formes, ma poitrine commençait à peine à pointer le bout de son nez, j'étais très fine et j'avais déjà de l'acnée, ce qui n'est pas encore courant à cet âge là. Alors oui, ces commentaires n'étaient pas particulièrement blessants, mais à un âge comme celui là où l'on se construit, et ou j'avais déjà peu de confiance en moi, ils m'ont bessée. Je rentrais tous les soirs et m'engueulais avec ma mère pour bien terminer la journée. Résultat, je passais mes soirées à pleurer. Ma mère, elle, pensait que c'était juste à cause de notre dispute, elle n'a su que quelques années plus tard.
- Et elle, comment a-t-elle réagis par rapport à votre situation ?
- Elle n'a jamais su. Enfin elle savait comment je me sentais mais pas la raison de ce mal être.
- Pourquoi n'était-elle pas au courant ?
- Je ne lui en ai jamais réellement parlé. Je pense que j'avais peur qu'elle ne comprenne pas. Elle, elle était déjà très belle avec ses jolies yeux bleus et sa poitrine volumineuse.
- D'accord. Dans ce cas, comment savait-elle que vous n'alliez pas bien ?
- Quand je dormais chez elle, il y avait toujours un moment où je fondais en larmes car mes insécurités remontaient à la surface. Je lui en faisaient donc part, en lui disant qu'elle en était un peu la cause, qu'à côté d'elle, je passais inaperçu. Et elle me rassurait, me réconfortais et me faisais sentir existante pour quelques instants. C'est dans ces moments là que je la jalousais autant que je l'admirais.
- Donc, en soit, elle vous aidait ?
- Oui... Mais, cette année-là, notre amitié a également connue sa première rupture. Elle s'est énormément rapprochée de cette meilleure amie de maternelle qui était dans ma classe l'année précédente. Je ne savais pas comment réagir alors je pense avoir fait toutes les réactions possibles: la coller, l'ignorer, la mépriser, et enfin lui en parler. Tout ça n'a pas changé l'issue. Nous nous sommes disputées par message et le fameux "Je ne te considère plus comme ma meilleure amie" est arrivé. Mes larmes me brouillaient la vue et je ne voyais même plus mon écran. Nous nous sommes appelées et avons pleuré ensemble au téléphone. Ce soir là elle m'a fait sentir comme le problème dans notre amitié et j'ai senti mon coeur se serrer dans ma poitrine.
- Pour elle, elle n'avait aucun tort ?
- Je ne me souviens plus très bien... Si surement, mais forcément moins que moi.
- Et comment agissiez-vous l'une envers l'autre après cet évènement ?
- Comme avant je dirais. Nous nous éloignions déjà à petit feu. Cependant, je n'ai jamais cessé de tenter de la récupérer. Je n'ai jamais arreté d'être là pour elle. A chaque problème avec sa nouvelle meilleure amie, j'étais là pour la soutenir, la conseiller. Et quand elle a commencé à vivre ce qu'elle m'a fait subir, je l'ai une fois de plus faite passer avant moi. J'ai tout fait pour qu'elle ne la perde pas, même si ça me permettais de la récupérer, je n'ai pas essayé de les séparer.
- Vos effots ont fini par payer n'est-ce pas ?
- Oui, je ne me rappelle plus quand ou comment, mais nous avons fini par redevenir comme avant. On n'arretait pas de se répéter qu'on avait 'pris nos distances pour mieux nous retrouver'. Honnêtement, je pense que c'était simplement un moyen de nous rassurer, de se dire que ce qui s'était passé était normale.
- En effet, il s'agit d'une façade pour se dire que tout va bien et ira bien. A l'adolescence, il ya souvent cette fascination pour une vie douce et lisse. On cache la réalité derrière de faux bonheurs et on fini par croire soi-même à sa propre joie.
Je pense que la scéance d'aujourd'hui touche à sa fin. Je vous souhaite une bonne soirée, au revoir."Le rejet est extremement douloureux, encore plus par quelqu'un d'important et pour qui on pensait être également important/e. En effet, on a l'impression d'être choisi/e, on ressent un sentiment comblant et rassurant d'être préféré/e. Alors quand tout cela est attribué à quelqu'un d'autre, on se sent vide et sans interêt.

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You are toxic
Teen FictionJe la connaissais depuis si longtemps, elle était devenue une partie de moi. Cependant notre organisme n'accepte pas les corps étrangers, alors la garder me faisait aussi mal que l'enlever. Finalement je n'ai pas eu le choix, cette toxine est partie...