n°04

41 7 2
                                        

"- Bonjour. Je vois que la pluie est passée par là.

- Elle a commencé à tomber pile quand je suis sortie du bus. Quel affront intolérable!

-Aha. Bien allez-y, il me semble que nous n'avions pas tout à fait terminé la dernière fois.

- Oh! Vous avez raison. Alors l'été où j'ai eu 13 ans. J'ai relu mon journal intime avant de venir. J'ai réalisé que je n'avais quasi jamais écrit dedans... Bref. Nous étions vraiment proche, nous nous sommes pas mal vu. Attendez... Je viens de me souvenir que cet été là, elle est partie en vacances avec une fille de sa classe. Je me rappelle, je ne l'avais pas mal pris, cependant, je n'ai jamais su l'expliquer. Mais il y avait cette fille, je ne savais pas d'où elle sortait, mais elle était jalouse. Elle, elle l'avait mal pris et ne comprenait pas comment je faisais pour ne pas réagir.

- C'est tout ce qu'il s'est passé pour cette période ?

- Mmm... Non, après être revenues de leur voyage, la fille avec qui elle était partie a pris ces distances avec elle. Tout ça à cause de son ancienne meilleure amie. Je commençais à avoir cette sensation que tout allait recommencer, que j'allais la perdre de nouveau. Mais je n'y ai pas prêté attention. En effet, je l'avais mise en garde: si elle me quitait de nouveau, je la laisserais partir sans la retenir.

- Bien, c'est une tès bonne réaction.

- L'année suivante, elle était encore dans la même classe que la fille du voyage, et elle se rapprochait toujours plus de la 'jalouse'. Deux filles très sympathiques soit disant passant. Mais cette fois ça ne me dérangeais pas car elle venait vers moi, elle faisait en sorte de me montrer que je restais la plus importante. Cependant, les autres la monopolisaient. Et nous passions de moins en moins de temps ensemble, tout en gardant la même complicité. A force de traîner avec ces autres filles, elle a commencé à  devenir comme elles. Elle sortait souvent, fumer plus régulièrement, et allait à des soirées; ce que je n'appréciais pas vraiment. Tout ça ne m'interessait pas, j'étais plutôt casanière. Si je venais à les rejoindre, à faire des efforts, c'était uniquement pour elle. Et... c'est ce qu'il s'est passé pour mon anniversaire cette année là.

- Vu comment vous en parlez, il s'agit d'un épisode assez douloureux, n'est'ce pas ?

- Disons que cette soirée est le déclencheur de la fin de notre amitié. Tout le monde allait à cette soirée qui tombait pile le jour de mon anniversaire. Ce qui voulait dire que, si je voulais le passer avec eux, je devais m'y rendre également. Le problème est que je ne connaissait pas les personnes chez qui ça se déroulait, contrairement à mes amies qui étaient déjà sortie plusieurs fois avec eux. Je n'avais pas reçu de message de mon meilleur ami pour ce jour spécial, j'étais donc passablement énervée, mais je passais au dessus, essayant de profiter. Malgré tous mes efforts, je n'y arrivais pas. Je ne me sentais tout simplement pas à ma place, comme si je ne devais pas être là.

- C'est peut-être simplement une question d'habitude.

- Sans doute, mais je ne me sentais pas bien, une boule prenait place dans mon ventre et ne me quittait pas.
Elle était en couple à ce moment là. Pourtant, son comportement envers un des garçons a retenu mon intention. Elle ne le draguait pas, mais cherchait quand même son attention. Alors j'ai dit, visiblement plus fort que je ne le pensais, que je trouvais qu'elle faisait son intéressante. Je l'ai traitée de salope après, et sur le coup je ne me suis pas rendue compte de la violence de mes propos. Et même aujourd'hui, on m'a dit la même chose, donc je sais à quel point ça fait mal, mais jamais, au grand jamais, je ne lui en aurait voulut pour ça. Car elle était ma meilleure amie et je lui aurais pardonné quoi qu'il arrive. Cette intervention a choqué toutes les filles, surtout elle. Elle m'en voulait, je le voyait bien. À un moment, elle est venue me parler en privé, m'expliquant que ce que j'avais dit l'avait blessée. Bien évidemment je me suis excusée, mon but n'était pas de la vexer, je voulais juste lui éviter des problèmes. Elle m'a dit qu'elle me pardonnait. Ha! Quel beau mensonge. Toute cette histoire n'a fait que renforcer mon malaise ce soir là. J'étais tellement heureuse de rentrer chez moi.
Je me suis couchée cette nuit là, sentant que quelque chose avait changé, que plus rien ne serait jamais comme avant.

- Bien, je vous remercie. Je vois qu'il ne nous reste plus beaucoup de séances. Souhaitez-vous en reprendre ?

- Je pense que ce ne sera pas nécessaire. Mon histoire arrive à sa fin.
Au revoir Docteur."

"Les gens changent au cours de leur vie et leurs amitiés peuvent en souffrir"
Le Journal De Morgen

You are toxicOù les histoires vivent. Découvrez maintenant