V ¤ Adrenalize me ¤

477 46 39
                                    


Un cri sortit tout droit de la bouche de la rouquine.
Pour une biche. Une biche qui passait juste par là, quoique effrayée et pressée. S'en suivit un long moment de silence où elles se regardaient toutes les deux. Elles éclatèrent de rire et sortirent rapidement de l'eau. Si on avait entendue Soede, les soldats Lannister ne mettraient pas longtemps à les retrouver.

Les deux amies se rhabillèrent toujours en riant puis Aelys donna sa main à la plus jeune. Elles repartirent sur le petit chemin de terre bordé d'arbres pour rentrer jusqu'au campement.. elles devraient se faire discrète pour atteindre leurs tentes. Sinon tant pis.
C'est toujours aussi hilares qu'elles avançaient.
Jusqu'à ce qu'elle ne soit plus seule. Et ce n'était pas une biche. Pas cette fois. Un feulement coléreux déchira l'air.

Il ne leur en fallut pas plus pour qu'elles se mettent à courir aussi vite que leur permettaient leurs souliers. Pas assez vite il faut croire..

La Castelfoyer fut projetée à terre et la blonde roula plus loin, assomée par la puissance du choc. Sonnée elle eut du mal à relever la tête, mais les cris de son amie l'y obligeait.
Pas pour longtemps. Sa voix s'éteignit aussi rapidement. La bête était en train de la dévorer et l'avait probablement déjà tuée.

La Torth poussa un hurlement terrible, si fort qu'on aurait pu l'entendre jusqu'à Dorne. Du sang coulait, elle le sentait, elle le savait, et le fauve se régalait de sa proie, ses griffes plantées dans la peau laiteuse de la pauvre victime et sa gueule dans sa délicate gorge.

Les secondes lui parurent des minutes, et les minutes des heures. Aelys ne pouvait pas bouger, paralysée par sa peur, elle avait à peine réussi à reculer et n'était qu'à quelques mètres de la bête et du cadavre.

Son tour viendrait bientôt si elle ne se décidait pas à bouger.
Mais la pauvre ne pouvait détacher ses yeux de la scène, trop choquée par ce qu'elle voyait.
Elle n'entendit même pas les soldats arriver, ni même qu'on la tirait en arrière. Tout ce qu'elle vit fut le lion en train de dévorer la rousse, puis Gregor Clegane tuer la terrible bête d'un coup d'épée.

On la traîna littéralement jusqu'au campement, le chien de Tywin portant la dépouille de la jeune fille. Ils la jetèrent dans la tente de ce dernier, le géant entrant juste derrière elle. Il balança sans aucun ménagement ce qu'il restait de la petite Soede.

Morte.
Elle était morte.
Sous ses yeux.
Et elle n'avait rien fait.
Ne pouvait rien faire.

Le Lannister les regardaient tour à tour, le regard dur. Aelys sentit les larmes lui monter -enfin- aux yeux. Le temps d'assimiler ce qu'il venait de se passer.. Elle releva un regard trempée sur le Lion et son chien.

Clegane prit la parole, absolument pas touché par cette mort.

Un lion des montagnes, messire.

- Ils sont pourtant peu par ici. L'avez-vous tué?

- Sa carcasse pourrit sur le chemin.

- Bien.

Il s'adressa enfin à la blonde qui ne s'était pas relevée, toujours à genoux sur le sol.

- Que s'est-il passé?

Elle ne répondit pas et s'approcha, toujours par terre, du corps encore chaud de sa cadette. Elle prit le visage délicat mais défiguré de cette dernière entre ses deux mains qui furent rapident pleines de sang. Ses joues étaient trempées, dévorées et rougies par ses larmes. Elle chialait peut-être, mais en silence. "Heureusement." Pensa Gregor, vite agacé par les gémissements des femmes.. sauf quand il les prenait.

Tout était de sa faute.
Elle n'aurait jamais du lui demander de l'accompagner.
Mais quelle idée de merde..
Elle tira le corps frèle et déchiqueté de sa seule copine contre elle, pourrissant sa robe, son visage et.. tout.

- Non.. Non.. répétait-elle faiblement, n'arrivant toujours pas à y croire.

Pour la deuxième fois on la tira en arrière et on lui arracha le cadavre des bras. Le Clegane la planta sur une chaise, d'où elle n'osa plus bouger, les yeux dans le vide. Le Lannister répéta sa question.

- Que s'est-il passé Aelys?

- Nous.. Je.. elle ne relevait pas la tête, de peur d'être foudroyée sur place. Nous étions parties nous laver.

- Je vous avais pourtant ordonné de ne pas quitter votre tente.

Elle ne répondit pas.
Sa faute.

- Vous avez eu de la chance. Pas elle.

Il montra d'une main dégoutée la dépouille.

- Je..

- Taisez-vous.

Elle fit comme il l'ordonnait.

- À moins que vous n'ayez quelque chose d'intelligent à dire? Ça me surprendrai.

- C'est de ma faute.

- Bien sûr que ça l'est.

Elle se figea. Deux paires d'yeux la fixaient sans relâche.

- Veillez à faire attention à vous. Cela me gênerait d'arriver les mains vides à la Capitale. Clegane, allez-y, et prenez deux hommes avec vous.

La montagne la prit fermement par le bras, la faisant couiner de douleur. C'est sans aucune émotion qu'il la tira à la rivière. Le sang lui collait à la peau. Les gardes se retournèrent et pour la deuxième fois, elle se glissa dans l'eau gelée. Étrangement, elle la trouvait beaucoup plus mordante cette fois-ci.

Ses yeux avaient gonflés et étaient irrités par ses pleurs. Son corps quant à lui était encore secoué de sanglots.
Elle se serait bien laissée couler, mais malheureusement elle avait pieds. Alors elle resta simplement au bord, frottant sans grande conviction sa peau salie par le fluide rouge.

Le Clegane, énervé par le temps qu'elle mettait à une tâche si simple la tira brutalement de l'eau.
Elle câcha sa nudité aussi vite que possible, pas assez vite puisque ses yeux eurent le temps de se balader rapidement sur son corps, puis il la recouvrit de sa cape.
Elle laissa sa robe impregnée de sang derrière elle et marcha aux côtés du Chien Fou du Lannister jusqu'à sa tente.
À part des regards malaisants..
Pas un mot pour la réconforter..
Pas un geste..
Tant mieux.

Il la laissa devant sa tente et elle s'inclina plus par habitude que pour autre chose.

- Merci, Ser.

Il ne lui répondit pas et n'en eut de toute manière pas le temps puisqu'elle partit se cacher sous ses tentures.

Là elle s'abandonna à sa tristesse.

[...]Sa faute.

____________________________

Chapitre très court mais je voulais absolument l'écrire ihihi
Kisouilles mes amours.

Live In FearOù les histoires vivent. Découvrez maintenant