𝐄𝐏𝐈𝐏𝐇𝐀𝐍𝐘 | ʲʲᵏ⁺ᵏᵗʰ

TRENTE-QUATRE

« Vas-y frappe Taehyung, frappe de toutes tes forces. »

Le châtain avait cessé tout mouvement, gardant ses poings immobiles sur le torse du plus jeune, l'air perdu, complètement déboussolé. Loin de tout, il ne comprenait rien, plus rien du tout.

— Te retiens pas, vas-y, reprit le brun sans attendre une seconde de plus. Accentuant sa pression sur les mains de Taehyung qui n'avait pas bougé, pas répondu, tant il essayait encore de comprendre.

— Mais je ne veux pas te frapper..., avait-il alors murmuré, tel un souffle, un dernier souffle. Les larmes débordant aux coins de ses yeux brillants, son souffle semblait s'être coupé aux mots de brun qui reprit.

— Tu devrais.

Et c'est d'un geste brusque que le châtain s'éloigna alors de Jungkook, le forçant à lâcher ses mains. Le dévisageant comme il ne l'avait encore jamais fait, il ramena ses mains contre lui tandis que Jungkook ne cessait de crier, encore et toujours plus fort : « Frappe moi je te dis ! », le brun semblait avoir perdu toute raison, être arrivé à court de moyen. Attrapant les mains du plus vieux pour les reposer contre son torse, il le suppliait de le frapper, de lui faire mal. Et tandis que le châtain refusait de faire le moindre, Jungkook accentuait la pression sur ses mains, les serrant si fort que son sang, bloqué, faisait ressortir ses veines. Les serrant si fort que la douleur devenait insoutenable, faisant grimacer Taehyung : « T-tu me fais mal... ».

Et les yeux de Jungkook s'écarquillèrent sur ces quelques mots, relâchant immédiatement sa prise : « Je ne peux pas rester ici Taehyung, je n'y arrive pas. ».

— Tu me déteste à ce point ?, avait alors craché le plus vieux sans même réfléchir, voulant seulement comprendre... Et malgré tout il ne comprenait rien.

— Tu ne comprends pas, tu...

— Alors explique-moi !, Taehyung n'en pouvait plus, il avait besoin de Jungkook, il avait besoin de le sentir, de le toucher, de l'avoir à ses côtés. Et si ce n'était pas possible alors il voulait au moins savoir pourquoi.

Se faire rejeter par la personne qu'on aime est insupportable. Invivable.

— C'est parce que je t'aime que je ne peux pas, avait-il d'abord dit, « Je t'aime tellement que te voir dans cet état me déchire de l'intérieur », le souffle court, le souffle haletant, « Je t'aime à tel point que j'ai l'impression de mourir quand je pense à ce qu'on t'a fait ! », un souffle devenu quasiment inexistant tant le brun avait parlé vite. « Je m'étais promis de te protéger... », sa voix devenait fébrile, comme si son cœur battait tellement fort qu'il en faisait trembler sa voix. Et maintenant il parlait tellement bas que Taehyung avait du mal à l'entendu, murmurant d'une voix si cassée qu'on aurait pu jurer qu'il était sur le point de pleurer : « Je me déteste tellement si tu savais. ».

Et alors même que Jungkook se retrouvait à terre, et alors même que sa voix devenait faible, et alors même qu'il semblait avoir cacher toute cette douleur qui à présent le maintenait à terre, Taehyung ne le lâchait pas du regard. « Tais-toi... », ces mots étaient durs, tellement dur que Jungkook n'osait même pas relever la tête, « Arrête de dire des conneries ! ». Le brun ne savait pas quoi dire ni comment réagir, entendre ces mots-là sortir de sa bouche était comme un coup de poignard, ça faisait bien trop mal.

Oui c'est ça, il souffrait comme il n'avait encore jamais souffert. Même si au fond c'est lui, qui avait en premier dégainer l'arme.

— C'est toi qui as voulu rester avec moi, c'est toi qui a dit que tu m'aimais !, mais une arme qui à présent était entre les mains de Taehyung, une arme qu'il savait menait à la perfection. « Et maintenant tu veux partir parce que quoi ? Parce que t'as pas su me protéger ? », il savait où visait pour faire mal, il savait quoi dire pour blesser l'autre, le faire saigner autant que lui saignait en ce moment-même. Parce que oui, Taehyung avait mal, trop mal, bien au-dessus de la limite du supportable, il devenait dingue. « Mais tu te fou de qui Jungkook ! », alors il criait sans même prendre le temps de respirer, crachant ses mots sans même penser au suivant : « Tu veux aussi t'en vouloir pour toutes ces années où j'ai fait le trottoir ?. C'était comme instinctif, comme vital, comme si son corps avait pris le pouvoir, comme si à présent c'est son cœur qui parlait de lui-même, « Toutes ces fois où j'ai offert mon corps pour pouvoir manger, tu vas me dire que c'était de ta faute aussi ? ». Il avait besoin de lui dire, lui faire comprendre à quel point il avait tort, « Foutaises ! ». Il mâchait ses mots tant il avait du mal à respirer et parler tellement vite par peur de manquer d'air que son visage devenait rouge sous ses larmes. « Tu sais pourquoi t'as rien pu faire ce jour-là ? », parce que oui, ses larmes coulaient sans même qu'il ne s'en rende compte, dévalant le long de ses joues tandis qu'il criait à en perdre la voix, « Si t'as pas pu me protéger c'est parce que tu t'es fait frapper jusqu'au sang quand t'as essayé ! ».

Il criait son état d'âme, ses craintes...

« T'aurais rien pu faire, rien ! Et même en sachant ça tu t'es jeté devant moi pour me défendre ! T'aurais pu te faire tuer Jungkook ! »

Il criait sa peur, son angoisse, ses doutes...

« Et comment tu veux me protéger si t'es mort, putain ! »

Mais surtout il criait du fond de son cœur.
Il hurlait son amour pour lui.