19 novembre 14:00

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J'étais dans mon lit, et je lisais. J'attendais ma petite Sara qui devait venir passer l'après midi ici. Il lui fallait cinq minutes pour ranger ses affaires à chaque fin de cours et dix minutes pour remonter du lycée. Elle arrivait donc vers 14:15.

Chaque jours, je l'attendais avec impatience, parce que c'était la seule compagnie que je pouvais avoir dans la journée.

Il y avait mon copain, mais il partait tôt et rentrait tard pour travailler. Il fallait bien nous nourrir. Le pauvre. Souvent je me disais que je n'aurais jamais du partir de chez moi. Que je l'encombrait plus qu'autre chose. Mais lui me disait qu'il m'aimait et que ça ne le dérangeait pas de travailler autant si ça pouvait nous rendre heureux.

Je finissai toujours par me convaincre que c'était vrai. J'attendais donc Sara. Elle ne devrait plus tarder.

Le livre que je lisais s'appellait "Animale" de Victor Dixen. Il était génial, deux tomes étaient parus et je les avais tout les deux. Je les relisait souvent parce que c'étaient deux des seuls livres qui me permettaient vraiment d'oublier ce qui se passait autour de moi.

La sonnette sonna et je criai que la porte était ouverte. Sara rentra et vint me faire la bise. Elle ne voulait jamais que je me lève, pour pas que je ne me fatigue. Alors je restai dans mon lit, et elle s'installait à côté de moi.

Au fil des jours, nous avions mis en place un système pour regarder les vidéos des cours autrement que sur le petit écran de son téléphone. C'était simple, il suffisait de prendre une boite, de mettre une loupe d'un côté et la caméra à l'envers de l'autre, et de mettre le tout en face d'un mur blanc. Cela faisait un vidéo projecteur artificiel.

Nous instalâmes le dispositif, et nous mîmes en route les cours du lundi, en accéléré. On repassait en vitesse normale les moments qu'elle ne comprenait pas et j'essayais de lui expliquer plus simplement, d'une manière qui lui parle mieux.

Nous fîmes donc défiler petit à petit, les cours du lundi, et nous approfondîmes le cour de maths et celui d'SVT. Nous nous mîmes ensuite à ceux du mardi, mais elle avait beaucoup moins de mal avec ceux d'aujourd'hui, ils traitaient le même sujet donc, comme elle avait compris les bases, la suite était plus simple.

Alors elle sortit son classeur de compositions, et elle me montra celle qu'elle avait finit aujourd'hui. Elle rougissait. C'était complètement normal, puisque ça traitait d'un sujet délicat pour elle. L'amour selon elle, était une chose complètement abstraite, jamais la même pour deux individus, mais toujours extrêmement forte. Pour elle, ça nous tombait dessus sans qu'on l'ai demandé et c'était pas toujours facile à vivre.

Moi j'étais entièrement d'accord avec elle. le jour ou j'avais rencontré Michaël, je ne m'étais douté de rien. Et puis au fil du temps je me suis attachée. Un beau jour, comme ça, j'ai su. J'ai su que je l'aimais et que ça serait sans doute un des seuls que j'aimerais comme ça. Alors j'avais appris à vivre avec.

Le jour ou nous nous étions embrassés pour la première fois, j'ai essayé de faire passer tout l'amour que je lui portait dans ce baiser. Je crois qu'il l'avait senti, par ce que tout de suite après, il s'était arrêté et m'avait regardé avec de grands yeux. Je lui avais souri, et lui m'avait ré embrassé de plus belle. Il s'était mis à pleurer, et je n'ai jamais su pourquoi. Je m'en rappelle comme si c'était hier.

Sara me chanta donc sa chanson et m'expliqua les arrangements qu'elle devait faire à l'ordinateur avec les différents instruments. Souvent, je lui prêtait mon clavier avec lequel on pouvait tout faire et aussi mon ordinateur ou je lui avait payé un logiciel de mixage musical pour son anniversaire.

Elle n'avait ni ordinateur ni portable, et les cours qu'elle filmait étaient filmés avec une caméra que je lui avait prêté. Ses parents ne voulaient rien lui acheter, et ils pensaient qu'elle demandait juste pour son pur plaisir alors que non, elle en avait réellement de plus en plus besoin dans sa vie quotidienne.

Mais depuis ses 13 ans, depuis le jour ou elle en avait parlé, de ça et de sortir avec des amis dehors, ses parents avaient complètement disjonctés. Ils avaient commencé de plus en plus souvent à la frapper, et à l'utiliser comme d'une bonne. Son frère avait essayé de l'aider, de parler à leurs parents pour les raisonner. ça n'avait pas marché. Lui aussi s'était fait frappé. Alors elle lui avait clairement dit qu'elle ne voulait pas qu'il réessaye, pour le préserver.

Seulement voila, lui s'en voulait beaucoup de ne rien pouvoir faire dans une situation pareille. Il s'était plusieurs fois demandé si il ne devait pas aller au commissariat, mais il finissait toujours par renoncer. Il se disait toujours que sa soeur lui en voudra longtemps si il le faisait. Il avait tord. Sans doute qu'elle serait triste parce qu'il avait fait quelque chose que ses parents puniraient quand ils pourraient, mais en même temps ça l'aurait sauvée d'eux au moins pour un moment. De plus, lui était majeur alors il aurait pu obtenir sa garde.

Passons. Pendant qu'elle finissait sa chanson sur l'ordinateur je me replongeai dans mon livre. Elle me tapa doucement sur le pied pour me signaler qu'elle avait fini. Elle débrancha le casque pendant que je posais mon livre sur ma table de nuit. Elle mit en route sa compo. Je l'écoutai attentivement, les paroles étaient très élaborée, avec un vocabulaire recherché et soutenu, et la mélodie, l'instrumental étaient juste fous. Je me perdis dans la musique, et quand elle se termina, je restai complètement abasourdie.

Elle m'avait donné des frissons. Ma Sara était douée. Je le savais, mais à chaque chanson qu'elle me montrait j'avais la même réaction. Enfin, je veux dire, j'étais toujours impressionnée. Et puis j'étais contente parce que comme c'était sur mon ordinateur qu'elle composait, c'était moi qui gardaient toutes ses chansons donc je pouvais les écouter quand bon il me semblait.

Après me l'avoir fait écouter, elle me montra rapidement quelques pas qu'elle avait déjà trouvé sur le refrain. Cette fille était faite pour danser. Elle avait des mouvements fluides, agréables à la vue et qui transmettaient toutes les émotions qui étaient déjà transmises par la chanson, en les approfondissant. Après m'avoir montré ça et m'avoir demandé mon avis, positif comme toujours, elle étégnit l'ordinateur.

Elle regarda l'heure, et devint blême. Il était 17h50, il fallait absolument qu'elle rentre chez elle maintenant. Elle rangea ses affaires complètement paniquée. Elle me fit très rapidement la bise, et partit en trombe de mon appartement.

Ce qu'elle ne savait pas c'est que son meilleur ami l'attendais dehors. Cela faisait plusieurs jours qu'il faisait ça. Il l'attendais dehors, pour la revoir une dernière fois chaque jour. Cela pouvait paraître pervers et insistant mais il en avait besoin pour ne pas se faire détruire par l'amour. Il la suivait tous les soirs et il ne la quittait pas du regard. Je le savais parce que je l'observait chaque soir, à travers la fenêtre de ma chambre. Il l'aimait. ça crevait les yeux, mais elle ne s'en rendait pas compte.

Ce soir la, en arrivant chez elle, son père sortit dehors à ce moment même et lui reprocha d'être en retard. Il la gifla. Son meilleur ami, qui était resté derrière en retrait, sursauta et se promit de revenir plus souvent pour voir si c'était souvent comme ça. Pendant exactement un mois, il revint tout les soirs. Le père de Sandra avait décidé qu'il rentrerait plus tôt et qu'il l'attendrai dehors pour la frapper tout les soirs. Justin voyait donc la jeune fille se faire frapper tout les soirs. Et tout les soirs il m'appelait, désespéré, pour me raconter comment le retour de Sara s'était passé. Tout les soirs, depuis un mois, je le réconfortait. Aidez-moi. Aidez-le. Aidez-la.

Au bord du gouffreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant