Chapitre 2

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— Il est où ?
—Je n'arrive pas à voir
La frustration vrillait les nerfs d'Estella. Le bus roulait trop vite et les changement de vitesse soulevaient d'écœurants relents de diesel.
—Pourquoi Y-a-t-il autant de types debout à ne rien faire?
—C'est la première fois que tu t'intéresse à un chantier ou quoi ?  Il y a toujours au moins cinq types qui regardent le seul qui bosse..... Saletés d'allergies, ronchonna Brendy après s'être mouchée avec un bruit de trompette dans un mouchoir en papier. Estrella se dit qu'elle n'aurait pas le temps de déjeuner ce midi. Trop de chose à faire. Éva, qui partait en voyage d'affaires, lui avait remis une longue liste de corvées à accomplir impérativement avec son départ pour l'aéroport à quatorze heures. Quand bus passa devant les bidons surmonté de drapeaux signalant la fin du chantier, elle jeta un coup d'œil à la vitre. La journée lui paraîtrait d'autant plus longue si elle ne pouvait poser les yeux sur sa petite friandise du matin. Soudain, elle le vit. Il gravissait l'un des accotements qui avaient été créées pour élargir la route. Ses bottes s'enfonçaient assez profondément dans la terre et les gravats. Il avançait d'un pas chancelant, mais son menton se relevait fièrement et son regard était rivé sur la frondaison des palmiers jalonnant le boulevard. Deux foncés, lui sembla-t-il. Assorti à ses cheveux. Estrella aimait imaginer qu'il avait un regard perçant. Un regard auquel rien n'échappe, empli d'une telle flamme et d'une telle expérience qu'il dissiperait toutes ses craintes et le ferait fondre entièrement
—Drum, souffla Brendy à son oreille
Estrella hocha brièvement la tête, incapable de détacher les yeux de sa silhouette. Elle voulait garder en mémoire le moindre détail. Grand. Entre un mètre quatre-vingt-dix et quatre-vingt-quinze à moins que son estimation ne soit faussée par le trouble dans lequel il la plongeait. La façon dont son jean moulait parfaitement ses fesses fermes et ses cuisses. L'arc de cercle que décrivait son bras. La vitalité qui émanait de son profil. Il portait un maillot de corps, ce jour-là. Un marcel. Quel nom ridicule pour un sous-vêtement aussi sexy, se dit-elle en frissonnant. Soudain, il pivota et un scintillement inattendu jaillit au niveau de son oreille. Une boucle d'oreille ? Pourquoi ? ne l'avait elle jamais remarquée ? Elle ne  savait pas trop si l'idée d'une boucle d'oreille lui plaisait. C'était quand même moins affreux qu'un tatouage. Jusqu'à présent, elle ne lui en avait vu aucun. Dieu merci. Ses préférences n'avaient pas grande importance, de toute façon. Cet homme exsudait la confiance en soi par tout les pores. Une force qu'Estrella lui enviait. Il lui avait fallu des années avant d'être seulement à moitié sûre de ce qu'elle voulait. Il tourna la tête vers elle au moment où le bus s'éloignait. Était-ce elle qu'il regardait ?  Estrella porta instinctivement la main au niveau du col de sa blouse comme pour capturer le désir et l'espoir qui oppressaient sa gorge. Le bus était désormais sorti de son champ de vision. Estrella secoua la tête et rit silencieusement de sa propre bêtise. Il ne l'avait pas regardée. Aux yeux de cet homme, elle n'existait même pas.
—Drum, répéta Brendy. C'est comme ça qu'il s'appelle
Maintenant qu'il avait disparu, elle pouvait enfin se concentrer sur la conversation.
-Drum? Qu'est ce que ce nom?
—Je ne sais pas, c'est peut-être un musicien
—Qu'est ce qu'on t'a dit d'autre ?
—Pas grand chose, il n'est pas très bavard. Mais tu avais raisons il attire toutes les femmes.
—Évidemment, marmonna-t-elle en sentant son estomac se nouer
—Il paraît qu'un jour, un impresario d'Hollywood s'est arrêté pour lui donner sa carte.
—Il veut devenir acteur ?
Dommage.
—Le mari d'Ingrid ne le croit pas. C'est juste un truc qu'il a entendu dire. On raconte aussi que les femmes lui tendent leur numéro de portable par leur voiture. Rien que ça ! Quand ce ne sont pas des propositions plus directes.... Tous les types veulent faire équipe avec lui parce qu'il peuvent profiter du spectacle quand des exhibitionnistes lui montrent leurs soutien-gorge au passage.
Estrella gémit
—ce qui ne veut pas dire qu'il aime ce genre de femmes, précisa Brendy. Mais il les attire il n'y qu'à le regardé pour savoir pourquoi.
—On dirait la version Calvin Klein d'un terrassier.
En général ils sont plutôt petits, trapus et grisonnants
—Le mari d'Ingrid est exactement comme ça ! Ajoute un marcel grisâtre qui moule sa brioche de buveur professionnel et tu auras son portrait craché ! S'esclaffa Brendy. Comment compte tu faire?  Ajouta-t- elle en lui coulant un regard en coin.
— Qu'est ce qui te fait croire que j'ai l'intention de faire quoi que ce soit ? 
—Tu n'est pas le genre de fille à attendre que ça te tombe tout cuit dans le bec
Estrella cligna des yeux. Elle avait rencontré Brendy dans le bus, découvert qu'elles étaient pratiquement voisines et sympathisé avec elle. Au début, comme elle n'était pas encore complètement remise du traumatisme de son divorce, elle avait préféré garder ses distances, peu désireuse d'accorder sa confiance à qui que ce soit, mais Brendy n'en avait pas pris ombrage. Son humour caustique avait fini par la conquérir et elles se parlaient désormais à coeur ouvert. Au fil de l'année qui venait de s'écouler, Estrella avait petit à petit révélé son passé. Mariée très jeune, elle n'avait pas tardé à comprendre son erreur, mais trouver le courage de rompre pour prendre un nouveau départ, loin de tout ce qu'elle avait connu jusqu'alors, s'était avéré laborieux.
—Éva n'est pas là cette semaine
—Et alors ? s'enquit Brendy en arquant un sourcil.
—Elle va me laisser la Miata
—Sa décapotable rouge ? C'est pas vrai!!
—Elle me fait confiance, confirma Estrella en hochant la tête.
—Tu pourras rentrer chez toi avec,et tout?
—Non, sa confiance ne va pas jusque-là ! A l'entendre, sa voiture se ferait désosser en moins de dix secondes si je la garais dans notre quartier.
—Je ne lui donne pas entièrement tort
—Elle me la laisse pour faire ses courses. La connaissant, elle va me donner une liste des endroits où aller, accompagnée d'un itinéraire . Elle est même capable d'avoir relevé le compteur kilométrique. Mais ça ne veut pas dire que je ne pourrai pas....
Estrella laissa sa phrase en suspens, l'œil brillant de malice
—Je vois, je vois... Tu as l'intention de passer près du chantier pour attirer l'attention de Drum
—On ne sait jamais...
—Il faudra que tu t'habilles autrement
—Tu crois? S'inquièta-t-elle en baissant les yeux sur son uniforme de femme de chambre polyester rose.
Les yeux plissés, Brendy évaluait la situation
—Tu vas lui lancer ton soutien-gorge ?
—Bien-sûr que non! Mais je trouverai bien un truc
Le bus ralentit dans un gémissement de freins.
—C'est mon arrêt. À ce soir, Brendy. Et prends un Advil si tu veux tenir le coup!
—J'en ai pris avant de partir, répondit Brendy avant d'éternuer contre son mouchoir. Putin d'allergie grrrr
Estrella descendit du bus en riant, aussi légère que les churros que faisait sa maman les samedis matin–des beignets dorés et craquants qu'on roulait tout brûlant dans le sucre glace. Elle était sac et passait le plus clair de son temps à travailler depuis bien trop longtemps. Inciter Drum à partager son fantasme s'imposait comme une évidence

Fin du chapitre 2, j'espère qu'il vous plais. Désolé pour les fautes, c'est mon premier roman, le prochain chapitre aura un bonus, à toute mes amours😍😘😘😘

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