Départ

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Il avait allumé la télévision pour avoir un bruit de fond, ou peut-être par habitude, ou parce que c'était l'heure du journal télévisé. Mais, son esprit était bien ailleurs. Devant lui, sur la table base, il avait étalé une carte routière qu'il avait acheté avant de revenir vers l'appartement.

Il leva les yeux entendant le nom de Katy, dans l'écran accroché au mur. Il écouta un instant et ses doigts rencontrèrent la télécommande, posée à quelques centimètres de sa main, sur le canapé, où il était assis. Il appuya sur le bouton rouge, pour éteindre l'écran, qui devient instantanément noir.

_ Elle n'est pas morte connard, dit-il en balançant la télécommande qui atterrit sur le tapis, étalé à ses pieds.

Il recula sur le canapé, s'adossant aux grands coussins moelleux. Il répéta les mots qu'il venait de prononcer en fermant les yeux et rejeta sa tête en arrière. Il était rentré ce matin, du Portugal, avec Teresa et avait encore du mal à reprendre ses marques dans une ville qu'il connaissait pourtant bien. C'était comme si son voyage avait duré une éternité, alors qu'il n'était parti que dimanche dernier. Deux jours. Deux jours interminables. Deux jours, où le monde semblait s'être arrêté, depuis que Teresa était venue frapper à la porte de son appartement, pour lui annoncer que Katy avait eu un accident.

Après que Teresa soit partie, en début d'après-midi, il était resté de longues minutes avec Maya à discuter de Katy. Puis, elle avait fini par rentrer, elle aussi, jusqu'à l'appartement de Thomas, les yeux rougis par les pleurs.

Puis, à son tour, il était sorti, en regardant l'appartement une dernière fois, avant de fermer la porte derrière lui. C'est en rentrant dans son propre appartement qu'il s'était décidé. Les nouvelles clés dans sa main, il n'avait pas hésité très longtemps. Il avait pris quelques affaires, qu'il avait balancées dans un sac de voyage. Puis il avait repris le chemin de cet appartement encore inconnu il y a quelques heures. Il avait besoin d'être au plus prêt d'elle, de sentir sa présence qui lui manquait déjà. Sur le chemin du retour, il s'était arrêté dans une papeterie et avait acheté une carte routière, du célèbre bonhomme blanc, qu'il étudiait, désormais, en détail, depuis presque une heure.

Il entendit frapper à la porte et sursauta, surpris. Qui pouvait savoir qu'il était là ?

_ David ? Dit-il, en le voyant sur le pas de la porte.

_ J'espérais que tu serais là. Je peux rentrer ?

_ Oui bien sûr, dit Romain en se poussant pour le laisser passer.

_ Elle a bien bossé, dit David en découvrant les lieux pour la première fois. Il s'arrêta devant le mur de l'entrée où Katy avait accroché des photos de sa famille et de ses amis. Il se découvrit sur l'une d'entre d'elle avec Stéphane, son co-producteur et autre patron de Romain.

_ Renvoie-moi à New York ! Je ne supporterais pas de rester ici sans elle, entendit David, qui continuait à découvrir le mur de photos.

_ Je n'étais pas venu pour parler boulot avec toi, mais pour savoir comment tu allais. Ce n'est pas ton patron qui te le demande Romain. J'espère que toi et moi, on a dépassé ce stade depuis longtemps.

_ Sincèrement je n'en sais rien, dit-il en retournant s'asseoir sur le canapé. En fait... Je ne veux même pas y penser. J'ai arrêté de le faire en apprenant qu'elle avait eu un accident. J'ai l'impression de marcher à côté de moi-même.

_ Tu devrais prendre quelques jours de repos. Mettre certains papiers en ordre et après on en reparlera, dit David en s'asseyant à côté de lui. Peut-être partir quelques jours, loin de Paris.

_ C'était ce qui était prévu. On devait partir skier avec Thomas et Maya.

_ Ces vacances tombent à l'eau. Je doute que vous ayez envie de partir maintenant. Teresa m'a résumé votre dernière conversation.

Battement d'elle 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant