Battement d'elle 2

On tour

Elle tourna la tête en entendant frapper à la porte et donna l'autorisation de rentrer. Elle ne voyait pas son visage, caché derrière un énorme bouquet de roses presque blanche. Elle n'avait pas besoin de le voir pour savoir que c'était lui qui se tenait là devant elle. Elle tendit le bras vers lui en essayant, cette fois, de bouger le moins possible. Mais malgré tout, elle entendit la coiffeuse ronchonner et évita son regard dans la glace. Elle préféra se concentrer sur lui et lui sourit en levant ses sourcils quand il s'approcha d'elle. Il posa le bouquet sur un coin de la table et déposa un baiser sur sa joue avant de lui faire face, en s'appuyant à la large tablette couverte de produits et d'accessoires de cosmétique ainsi que d'appareils de coiffure.

Quand il lui avait demandé d'être présent ce soir, elle avait accepté avec enthousiaste. Elle n'aurait pas voulu que cela se passe autrement et pourtant, elle n'avait pas pensé à lui demander. Car pour elle, c'était impensable qu'il soit ailleurs qu'à ses côtés, en cet instant, et sa demande l'avait donc presque surprise. Alors qu'elle se préparait à monter sur scène, il l'avait encouragé et l'avait soutenu, jour après jour. Ses deux premiers concerts à Paris faisaient monter un tract qu'elle n'avait jamais connu jusqu'à présent.

Ils avaient parlé des dates, de la salle, jusqu'au spectacle en lui-même. Il était même venu la voir en répétition, mais cela lui paraissait tellement lointain jusqu'à ce que le jour J arrive.

En le voyant là, en face d'elle, elle se rendait compte à quel point elle était nerveuse. Son ventre se tordait dans tous les sens, depuis le milieu de l'après-midi et désormais qu'il était là, c'était pire. Elle le regarda en souriant et il prit sa main dans la sienne en attendant que la coiffeuse finisse son travail.

_ T'inquiète, je me suis garée en double file, en face de la porte et j'ai laissé le moteur tourné. Tu pourras t'enfuir quand tu voudras, dit-il.

_ Pas avant que j'ai fini, dit la coiffeuse en appuyant sur l'épaule de Katy et en lançant un regard incendiaire à Romain.

Elle rigola en voyant son regard dans la glace et le sourire gêné de Romain. Comment avait-il deviné que c'était justement ce à quoi elle pensait, partir loin de cette pression qui montait en elle.

La coiffeuse la lâcha enfin et elle put se lever pour prendre Romain dans ses bras.

_ Y a juste un détail que t'a oublié dans ton plan, glissa-t-elle à son oreille. Tu pars avec moi  ?

_ Où tu voudras  ! Et même au milieu des montagnes dans une maison en pierre.

Il ne l'avait pas lâché du regard de toute la soirée, et elle pouvait capter le sien autant qu'elle voulait. Le savoir là, avait calmé les battements de son cœur quand les lumières s'étaient éteintes. Et alors qu'elle s'apprêtait à monter sur scène, une larme coula sur le coin de son œil. Il l'avait alors serré dans ses bras pendant que les premières notes de musique se faisaient entendre. Sa larme avait alors disparu sous un baiser. Son geste tendre l'avait rassuré, lui avait donné confiance et la force pour aller affronter un public impatient. Elle l'avait regardé s'éloigner, pour s'installer devant la scène devant le premier rang, alors qu'elle montait les quelques marches, jusqu'à la scène, encore plongée dans le noir. L'ambiance du public l'emporta rapidement et elle se détendit prenant plaisir à jouer et chanter, laissant de côté ses peurs. Si elle avait déjà chanté devant le public de sa mère et qu'elle avait l'habitude de chanter devant quelques amis, elle réalisa que monter sur scène, seule, devant des inconnus, était totalement différent. Un vrai défi pour sa timidité, qu'elle cachait autant que possible. L'intimité d'un bar ou d'un salon était à l'opposé d'une salle de trois mille personnes. Mais ce n'était rien face à ce qui l'attendait tout l'été et les festivals qui réunissaient jusqu'à dix fois plus de public, en une soirée, venant faire la fête.