La retrouver

239 5 9
                                    

Romain avançait sur le bord de la route. Il avait laissé sa valise à l'hôtel de Porto et payé sa chambre à l'avance, pour un mois complet. Mais il espérait que cela ne lui prendrait pas autant de temps pour retrouver Katy. Après avoir laissé ses amis se rendre à l'aéroport, pour rentrer à Paris, il avait pris un bus pour quitter Porto, avant le lever du soleil. Désormais, il se dirigeait encore plus au nord du pays, en longeant le bitume depuis déjà trois kilomètres. Arrivé en ville, à la gare routière, il avait demandé à un chauffeur de bus local de lui indiquer la route la plus courte pour le premier village, où il s'était rendu, avec ses amis, deux jours auparavant. Il n'avait pas loué de voiture pour rester le plus discret possible. Il avait déjà tout prévu. Il longerait la route à pied puis s'enfoncerait dans la vallée, aux alentours du lieu de l'accident. Là, il tenterait de collecter des indices supplémentaires. Il était persuadé qu'il pourrait en trouver d'autres. Il interrogerait les villageois et il en était sûr, il trouverait la personne qui avait caché le livre dans la roche. Mais surtout, il espérait retrouver Katy, saine et sauve.

Il entendit klaxonner et un moteur arriver derrière lui et fit un pas sur le bas-côté de la route.

_ Allez montez, dit le chauffeur, qu'il avait vu en ville quelques minutes plus tôt, et qui lui ouvrait la porte de son bus vide.

_ Merci, dit Romain en s'asseyant derrière lui.

_ Vous allez où comme ça ? Demanda le chauffeur en refermant la porte avant de redémarrer.

_ Retrouver ma fiancée, se surprit à dire Romain.

_ Elle est portugaise ?

_ C'est plus compliqué que ça. Son grand-père était portugais.

_ Fière de ses origines ! C'est une fille attachée à sa famille et ses valeurs. Alors c'est une fille bien. Et elle est où ?

_ J'aimerai bien le savoir, dit Romain.

Le chauffeur le regarda dans le rétroviseur.

_ C'est la voiture accidentée ?

_ Oui, dit Romain en se redressant. Comment êtes-vous au courant  ?

_ Excusez-moi. C'est moi qui aie donné l'alerte samedi matin. Je partais pour commencer mon service, comme tous les week-ends. Le reste de la semaine, je suis étudiant. Je partais vers la ville pour démarrer le premier bus à huit heures, comme ce matin. Je fais l'aller à vide à chaque fois. J'ai rencontré une fille de l'autre côté de la ligne et j'ai passé la nuit, chez elle, vendredi soir. C'est sur les hauteurs de son village que démarre ma tournée. Il était environ sept heures du matin quand je suis passé, avec ma propre voiture. J'ai vu le poteau couché et je me suis arrêté. J'ai de suite su que c'était une voiture qui avait fait ça. Ca arrive régulièrement pour ceux qui connaissent mal la route ou qui croient bien la connaître. En cette saison, il y a beaucoup de plaques de verglas. C'est là que j'ai vu... L'arrière de la voiture. Elle était à trois mètres en contre bas. Elle était encastrée dans un arbre qui avait arrêté sa chute.

_ Il y avait quelqu'un ? Dans la voiture ? Demanda Romain en croissant le regard du chauffeur dans le rétroviseur de surveillance.

_ Non personne. J'ai appelé la police tout simplement. J'ai donné l'emplacement, le numéro de plaque. J'ai aussi indiqué à mon chef d'équipe l'accident.

_ La police vous a interrogé ?

_ Vous rigolez ? Ils ont mieux à faire qu'une voiture accidentée sans personne à l'intérieur. L'assurance a dû être prévenue et ce sont eux qui ont dû la faire enlever. Je suis prêt à le parier.

Romain garda le silence, regardant la route défiler devant lui.

_ Allez voir Antonio, c'est un gars de la vallée. Il la connaît bien pour la parcourir par tous les temps et toute l'année. Et, surtout tout le monde le connaît par ici. Les gens le prennent un peu pour un marginal, parce qu'il vit à l'ancienne, à l'extérieur de la ville chez sa mère. Les gens lui posent beaucoup de questions et lui en dise beaucoup aussi. Si quelqu'un a vu quelques choses ça sera arrivé jusqu'à lui, si ce n'est pas lui-même qui a vu quelque chose. Il se balade avec son troupeau, avant le lever du soleil et après la nuit tombée. Ce matin-là, j'ai vu ses animaux, plus en amont sur la route, quand je suis passé en voiture. Ca m'avait paru bizarre parce que d'habitude, il n'est pas dehors si tôt, en hiver. Je passe devant son village, je vais vous y déposer. Là-bas, descendez jusqu'au café et demandez votre chemin.

Battement d'elle 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant