"Dysenterie: n.f, du latin dysenteria, du grec dusenteria: Maladie infectieuse bactérienne ou parasitaire (amibienne), provoquant une colique avec des selles glaireuses et sanguinolentes."
Selon le site de Larousse.
Qu'est-ce qu'il pouvait y avoir de mal dans quelques petites douleurs?
Rien, vous vous étiez dit.
C'est rien que des petites crampes, ça chatouille un peu, ça pue un peu, mais ça va passer. Qui peut vraiment se plaindre pour si peu...?
Alors quand vous aviez senti dans votre ventre se pointer quelques douleurs, des pincements, les premières lueurs de quelque chose de nauséabond... vous les aviez vite négligées.
Seulement, fut un beau jour où vous furent forcé(e) de vous rendre compte de l'ampleur de la chose qui vous atteignait.
Tout le long de votre paroi abdominale se dessinait une nouvelle présence, colonisant votre espace vital, et s'y implantant avec des griffes acérées. Vous les sentiez, toutes, se planter bien profondément dans les tissus, dans vos tissus. Cette présence... qui auparavant se contentait de tâter un peu votre ventre, du bout du doigt, juste comme ça, avec un petit ongle pointu.
Certainement pour juger un peu ce à quoi elle avait à faire.
Et dans votre sommeil bien-aimé, cette foutue présence s'était léché les babines.
Babines qui découvraient tellement de petites dents jaunes... que vous sentez maintenant se planter, se retirer, se replanter, tout le temps, assaillant sans répit votre ventre. En plus de ça, on rajoutait l'étrange chaleur que dégageait la présence, une chaleur brûlante, détruisant tout ce qui reste en-dessous de votre t-shirt. Vous sentez qu'elle s'enroule autour de vos conduits, et y crache du venin, acide, tellement corrosif qu'il détruisait tout sur son passage, vous vous sentez comme traversé par des ondées de fluides dont le pH est tout aussi élevé que celui des déchets chimiques que l'on rejette dans les petites rivières à l'eau claire. Vous sentiez leur chaleur, tordante, mordante, vous traverser et parcourir tous les recoins de votre corps.
Sauf votre tête.
Le pire se déroulait peut-être avec ce qui sortait de vous.
C'était lugubre, c'était surnaturel.
Outre des étrons ensanglantés, vous avez l'occasion de sortir des cris de souffrance inhumains, des plaintes sorties d'outre-tombe, des râles rauques faisant légèrement penser à des cris de ralliement d'un peuple d'orcs.
Vous qui pensiez que ça ne serait que "quelques crampes"...
Vous voilà maintenant, à faire des crises, le souffle incontrôlable, on dirait une locomotive asthmatique, un souffle qui vous échappe, qui préfère expirer qu'inspirer, qui vous ne vous inspire rien d'autre que la douleur, douleur par laquelle vous êtes traversé(e), une douleur sans nom, qui ne se contente pas de vous signifier de sa présence, mais qui préfère vous faire vous tordre, qui vous recroqueville comme si vous vous mangiez des coups de batte dans le ventre. Mais cette batte, les amis, ne ferait que vous donner de la violence plate, une violence sourde qui devient un élément du décorum d'arrière-plan bien vite. La batte avec laquelle on vous tape, elle, est cloutée, des clous rouillés, brun et rouges, la couleur qui recouvre votre vision. Puis quand la présence en a marre de jouer au base-ball, elle part pour vite revenir avec une perceuse, mèche en acier trempé, et vient forer dans vos entrailles un nouveau tunnel pour l'Eurostar.
Dans cette tornade de douleur intérieure, vous tentez de garder votre calme.
Malgré la houle qui secoue votre intérieur.
Mais rien n'y fait, c'est aussi efficace qu'un Dafalgan contre une tumeur du lobe frontal, rien ne calme vos spasmes violents, rien ne vous calme, rien ne calme la présence qui vous colonise lentement. Elle a dû faire des études comme bio-ingénieur pour être tellement douée en matière de souffrance.
Et au fur et à mesure que les gouttes de sueur froide descendent le long de votre front plissé, le temps passe, les fluides passent encore plus vite, mais la douleur reste. S'installe. Se fait vôtre.
Et au moindre répit qu'elle vous laisse, une petite flamme s'allume, comme une notion d'espoir, une petite flamme qui vous dit que oui allez vous pouvez le faire que c'est que passager que ça va guérir et que "WHAT DOESN'T KILL U MAKES U STROOONGEERRR..."
Et cette petite flamme devient un brasier, aux flammes tantôt vertes tantôt orange, un braiser dont les flammes lèchent votre estomac, votre colon, votre être en son entièreté, votre raison qui se consume plus rapidement que le budget pizza d'un kotteur, plus rapidement que se consume une feuille verte dans le feu de l'Inquisition. Les douleurs reprennent, encore plus fortes, encore plus violentes, ne s'arrêtent plus jamais... Le feu, l'acide, et vous qui tremblez de douleur, qui tremblez de tous vos membres de spasmes, votre corps qui est hors de contrôle, hors de votre contrôle. Vous tentez de vous reprendre, d'essuyer les pertes du mieux possible, mais ça ne sert à rien, et là, dans votre petite tête résonne encore avec une douceur aiguë la voix délectable de la petite flamme, et ses dernières paroles...
Et là, votre volonté lâche.
Vous abandonnez votre corps au milles supplices, vous laissez ce rat se frayer un chemin à travers vos organes internes, vous laissez cette lame vous extraire chaque côte, vous laissez votre peau être arrachée à la petite cuillère, vous laissez cette pince arracher un à un vos ongles, ces vis s'enfoncer un peu plus profond dans chacun de vos doigts, ces lames de rasoir vous couper les oreilles, vous laissez courir les milles et une crampes qui vous tordent dans un nouveau livre imagé des positions les plus surnaturelles de souffrance, vous laissez les images fuser dans votre tête, vous vous laissez vous noyer dans du sang tiède et en train de coaguler, vous le laissez s'engouffrer dans votre gorge, vous laissez vos yeux sortir de leurs gonds, vous laissez la souffrance vous ronger de ses petites dents agressives, laissez ce venin courir le long de vos veines et les faire prendre des teintes obsidienne, des teintes de lave en fusion, en fusion comme vos organes qui ne deviennent qu'un seul et même nid de douleur rouge et mordante. Vous vous laissez sombrer, vous détruisez en vous toute forme de résistance, tout mur rationnel, vous laissez cette petite flamme vous bouffer et digérer votre être, votre âme et le reste de votre corps. Vous arrêtez d'espérer, espérer que quelqu'un vienne afin de vous aider, un médecin un chirurgien un docteur une bonne sœur le pape Dieu ou n'importe quel bordel, vous laissez tomber tout ça, oubliez ô combien l'étreinte d'un être aimé fait du bien, d'ailleurs, un être aimé? Vous n'en avez jamais entendu parler. C'est toutes vos pensées qui se teignent d'abandon, vous êtes faible, une petite créature de merde qui pond de la merde tout aussi merdique qu'elle, vous n'êtes rien et jamais votre volonté n'arrivera à contre-carrer la violence de la présence qui vous ronge et suce vos os, vous êtes juste bon ou bonne à vous laisser crever.
Vous laisser vous faire bouffer.
What doesn't kill u makes u stronger....
Ce qui ne te tue pas te fait souffrir.
Dans un ultime pic de souffrance, vous sentez que vos organes se liquéfient enfin, devenant la forme acide que vous éjectez d'une seule crampe.
Ne reste plus qu'une très longue agonie.
![](https://img.wattpad.com/cover/139240504-288-k34480.jpg)
YOU ARE READING
Dictionnaire du Petit Littéraire.
De TodoVoici un recueil des mots que j'aime, et que je vais vous décrire. C'est tout. Des ajouts au fil de mon temps libre, et plus particulièrement de mon humeur générale! Bonne lecture :)