La rencontre

4 0 0
                                    

La lumière du jour n'avait toujours pas percée les nuages rouges lorsque je rouvris les yeux. Je crus tout d'abord avoir atterrit au beau milieu de l'enfer. Mais en regardant autour de moi, je constatai que j'étais dans un désert avec, loin derrière moi, la ville que j'avais quittée et à quelques kilomètres devant, les montagnes. Les gigantesques immeubles semblaient n'être plus que des jouets pour enfants vu d'ici et les montagnes paraissaient si proches, tellement accessibles que j'aurai pu tendre la main et les toucher. La tempête s'était calmée et je fus soudain si heureuse d'être en vie. Alors j'éclatai de rire.

Des spasmes incontrôlables me parcouraient et j'en avais les larmes aux yeux. Je riais aux éclats et me tordais en deux, mon ventre en proie à d'horribles crampes. Si quelqu'un m'avait vu, il m'aurait sûrement dévisagé de haut en bas, avec un air méprisant. Mais peu importait de toute façon, IL N'Y AVAIT PERSONNE. J'étais SEULE. Complètement SEULE. Mons hilarité redoubla d'intensité. J'étais sûrement immortelle pour avoir survécu à tout ça. Oui c'est ça, je suis immortelle. Il faut que tous le monde le sache, mais à qui le dire ? Un gémissement de douleur s'échappa de ma gorge irritée à force de m'esclaffer. J'aurais beau le hurler, personne ne le saurait, car il n'y avait personne pour m'entendre.

Un éclair de lucidité me parvint, et je me sentis vraiment mal. Oh je me sentais si mal mon dieu faite que tout ça ne soit qu'un rêve, un abominable rêve demain je retournerai en cours comme d'habitude, oh mais j'ai dû m'évanouir une bonne dizaine de fois pourquoi suis-je si fatiguée, et pourquoi je ris pourquoi le ciel est rouge pourquoi le soleil a disparu pourquoi je suis là POURQUOI JE SUIS SEULE ?

Un son infime, presque imperceptible. Je me figeai. Lentement je tournais la tête et aperçu au loin, une silhouette. Une silhouette encapuchonnée. Stupéfaite, je me dis que je n'avais pas rêvé, elle était bel et bien là, à pas plus de vingt mètres de moi. C'était une fille qui avait l'air d'avoir le même âge que moi, plutôt grande et mince. Elle se tourna vers moi et retira sa capuche. Je découvris son visage, avec une certaine stupéfaction. Étant une survivante, comme moi, je pensais qu'elle aurait des égratignures visibles. Mais son visage ne présentait aucun défaut. Ses traits étaient durs mais dégageaient un certain réconfort. Ses vêtements noirs, près du corps, lui donnaient un air de tueuse à gages et ses longs cheveux bruns étaient ramenés en une impeccable queue-de-cheval haute. Et elle semblait tellement forte.

Folle de joie, je courus à sa rencontre. Elle se tenait droite, et paraissait m'attendre. Je n'avais qu'à avancer de quelques pas pour la rejoindre. Plus je la voyais, plus j'avais l'impression de la connaître, ou de l'avoir déjà vue quelque part. Je m'élançais à vers elle sans me soucier de savoir si elle pouvait me vouloir du mal. Dans mon esprit, c'était impossible. Lorsque j'arrivai devant elle, je fus incapable de faire le moindre mouvement. Mon sourire béat devait me donner un air stupide. J'étais sale et recouverte de poussière, pleine d'égratinures et les cheveux en bataille, alors qu'elle n'était pas blessée et étrangement propre. Je la regardais pleine d'espoir, sans prononcer le moindre mot. J'en aurai été incapable.

Elle changea soudainement d'attitude et sa sévérité laissa place à la compassion. Elle sourit et, contre toute attente, m'attira contre elle. Je ne résistai pas le moins du monde. Prise dans son étreinte, je sentis tout le poids de mon isolement et de mon angoisse s'envoler. Elle me murmura au creux de l'oreille :

- C'est fini. Tout va bien aller maintenant.

Sa voix était posée et calme. Ces mots étaient tout ce que j'avais besoin d'entendre.

- Tu ne peux pas savoir comme je suis heureuse, je pensais qu'il ne restait plus personne, je croyais que j'allais rester dans ce désert pour toujours, je ...

- Calme-toi ! coupa-t-elle en riant. Je suis aussi contente de t'avoir trouvée. Maintenant suis-moi et ne pose pas de questions jusqu'à ce que je nous ai trouvé un endroit sûr.

Elle se retourna et commença à marcher rapidement. Je m'empressai de lui emboîter le pas. Avançant côte à côte, je ne pus m'empêcher de la dévisager encore, alors qu'elle regardait au loin.

Elle restait muette, mais savait ce qu'il s'était passé. Il fallait juste que j'attende encore un tout petit peu. J'allais enfin pouvoir avoir mes réponses à toutes ces questions.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Mar 21, 2018 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

SeuleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant