Chapitre 18

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          Voilà plusieurs jours que je me trouve derrière les barreaux, dans une cellule individuelle. Les images capturées par les caméras de surveillance de la FAC nous ont condamné. Nous devrions avoir le verdict d'ici la semaine prochaine. Je m'assois contre la pierre froide, me tenant face aux morceaux de métal. Un homme bourru d'une quarantaine d'année semble s'amuser à écrire sur son mur dans sa cellule. Puis, après quelques secondes à l'observer, il finit par se tourner dans ma direction, les ongles noirs de crasse.

"Alors p'tit gars, comment as-tu fini dans ce trou à rat?" me demande-t-il en s'asseyant contre son mur, parallèle au mien.

Je ne lui réponds pas. A quoi bon sympathiser avec ce genre d'individu après tout?

"Vu ta gueule d'ange, t'as du buter une libellule!" rit-il de sa propre vanne avant qu'on lui demande de "fermer sa gueule".

Or, il n'en fit rien, bien décider à me parler tandis que les autres détenus, quand à eux, reste silencieux.

"C'est quoi ton p'tit nom?"

Je lève la tête et croise le regard de l'homme qui me paralyse sur place. Il a le profil du parfait père de famille, mais avec des yeux empreints de malveillance. Je soupire un faible "Nathan", espérant qu'il me laisse ainsi tranquille. Mais cela eu l'effet inverse.

"Moi c'est Alfred, Al pour les intimes. Je suis enfermé ici depuis 3 jours, je ne pensais pas me faire gauler comme un débutant! Apparemment, je risque plusieurs années de taule, mais je compte bien me tirer avant." Il ricane, frappant dans ses mains comme un enfant. "Dis moi Nathan, tu veux que je te raconte une histoire?"

Je hoche négativement la tête, je n'ai pas envie de lui parler, et encore moins de l'entendre. Je souhaite juste qu'on me fiche la paix.

"Vas'y mec, balance!" hurle un détenu à travers le couloir, attirant les hurlements d'enthousiasme des autres prisonniers.

"Boucle là Luc et laisse faire les professionnels!" hurle-t-il, souriant de ses dents jaunâtres. "Tout à commencer lorsque ma femme est tombée enceinte d'un autre homme à peine 3 mois après notre mariage. Comment j'ai su que ce n'était pas mon rejeton? Et bien parce que je suis plus pâle que la neige et l'enfant plus noir que la suie! Et devinez qui était son père biologique? Mon meilleur pote, mon frère!" Il interromps un instant son récit en fixant la cellule se trouvant à ma gauche donc je ne pouvais en voir le détenu. "D'ailleurs il te ressemble, et si j'avais un canif sous la main, j'aurais pris un réel plaisir à te découper la chaire." Il tourne une nouvelle fois sa tête dans ma direction. "Tu le connais, Nathan? Vous êtes arrivés ensemble après tout!"

"Bien sur qu'il me connait espèce de..." tente une voix que je reconnais comme celle de Rayan.

"Je t'ai pas demandé de l'ouvrir." Il passe rapidement son pouce sous sa gorge d'un geste vif en lui lançant un mauvais regard avant de reprendre son histoire. "J'ai attendu que la môme grandisse, quatre longues années à subir ses crises de larmes et ses caprices de princesse pourrie gâtée. Puis j'ai égorgé sa salope de mère comme une truie sous ses yeux. Vous auriez du la voir, sa petite frimousse terrifiée tandis qu'elle l'appelait. Maman...Maman..." Imite-t-il en prenant une voix plus aiguë sous le rire du dénommer Luc. "Puis elle s'est enfuit jusqu'à sa chambre avant de se cacher sous la couverture. Il est évident qu'un morceau de tissu protège du danger!" Les deux hommes rirent de bon cœur tandis que je me rétracte, positionnant mes mains sur mes tympans, mais malgré mes efforts, leurs voix continuent de me parvenir. "Je l'ai attrapé par la tignasse avant la traîner jusqu'à la cave, laissant sa tête ricochet sur les marches des escaliers. Je l'ai enfermé avant d'aller chercher son père. Je l'ai assommé puis attaché à côté de sa fille. J'ai attendu qu'il se réveille avant de commencer à prendre mon pied avec la môme. J'ai arraché sa culotte avant de.."

Le temps des regretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant