CHAPITRE 6

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Je me retrouve à présent plongée dans mes rêves. Je suis dans cette pièce où la fontaine trône en son centre. Seulement, l'eau ne sautille plus de celle-ci. Les statues sont à moitié défaites et les peintures antédiluviennes dégagent des couleurs sinistres. Au fond de la pièce, les rideaux de la scène de théâtre volent comme si une brise de vent venait les pousser. Le rouge velours est devenu très foncé pour laisser apparaître une couleur brune. Je décide de m'approcher et tire le rideau qui semble bien triste. Derrière celui-ci, le plancher est tout ondulé dû à l'humidité de la pièce. Au fond, je distingue une robe d'antan. Celle-ci est pourvue de paillettes et présente de grosses fleurs. Elle semble à ma taille. Je l'enfile par dessus. A ce moment là, le bustier de la robe me serre jusqu'à m'oppresser la poitrine. Je ne sais plus respirer et je m'étouffe. L'eau de la fontaine jaillit et fonce sur la robe.
Je me réveille trempée. Je suis en fait tombée dans l'eau du lac en faisant cet horrible cauchemar. Le miroir la nuit dernière et maintenant cette pièce...que se passe-t-il? Une des créatures marines vient à la rencontre en poussant un cri d'horreur en me voyant échouée sur le bord de l'eau. Elle me porte et me fait entrer dans la maisonnette. Elle me donne à manger pour que je puisse reprendre des forces. Au bout d'une demi-heure, je décide de reprendre la route car je suis déjà en retard et la journée bat son plein. Avant que je parte, Armonie me met en garde en me disant que la forêt qui se trouve plus loin grouille de créatures excentriques.
Après quelques minutes de marche, le soleil me fait part de magnifiques rayons. J'entends de l'eau ruisseler le long de la montagne voisine. Tout à coup, un oiseau aux ailes majestueuses se pointe devant moi. C'est avec un piaillement semblable à celui de l'aigle royal qu'il me fait part de sa fureur. C'est alors que, à côté de lui, une forêt étrange mais féerique se dresse. L'oiseau décide de me barrer la route avec une envergure gigantesque. Pris d'étonnement, je recule et tombe sur une pierre. En me voyant mal, l'oiseau m'attrape par les épaules et me fait voler. En peu de temps, je survole le Mont Touffi qui me dit bonjour. L'oiseau décide soudainement de me lâcher au dessus de la forêt abracadabrante. J'atterris sur une sorte de coussin moelleux rebondissant. Devant moi, un arbre antique. Sur ses branches, une sorte de ballon gonflé. Je m'en approche et le touche. Au moment où mon doigt effleure sa peau, le ballon se dégonfle en criant: « ballôtroncs, ballôtroncs, ballôtroncs »!!! Je suppose donc que c'est le nom de ces choses étranges. Sur le sol, le ballon m'a laissé un indice: « bats toi jusqu'au bout ». Je comprends alors que les ballôtroncs nous procurent des citations en mourant. Cette citation m'apporte beaucoup de courage pour la suite. C'est après quelques minutes que je perçois des pas fluorescents sur le sol lorsque je marche dessus. Je m'abaisse et remarque que ce sont des vers de terre qui prennent cette forme. Ils décident de me montrer le chemin en continuant de tracer des formes de pas. Ils m'amènent devant une fourmilière aux habitantes multicolores. Elles montent à l'arbre et rentrent dans la pomme. En quelques secondes, la pomme se colore en rose et tombe par terre. Je la ramasse et croque une fois dedans. C'est alors qu'un goût de framboise me saute à la bouche. Elle est si sucrée, si délicieuse. Les fourmis sont en fait là pour parfumer les fruits.
En tournant ma tête vers la gauche, il y a des champignons entourés de pierres plates. Un des champignons se mit à siffler un air de Mozart tandis que les pierres pianotent une symphonie de Beethoven. Les deux morveux ensemble me donnent des frissons car ils se marient parfaitement bien. Les notes virevoltent au-dessus de ma tête. Cette mélodie me réchauffe le cœur.
C'est après plusieurs kilomètres que je décide de m'arrêter au bord d'un ruisseau peu profond. Afin de me rafraîchir, j'enlève mes chaussures et plonge les pieds dans l'eau froide. Je décide aussi de remplir ma gourde car celle-ci est à sec. C'est en relevant la tête que j'aperçois une lueur dorée derrière un arbre. Je m'en approche et une petite fée éblouissante vole à hauteur de mes yeux. C'est avec une voix cristalline qu'elle me dit: « je suis la fée de l'Uchronie. Je peux t'amener dans tes rêves les plus fous pour que tu puisses te refaire une vie meilleure ».
-Bonjour, je m'appelle Constanze. Je viens de Belgique. Un monde banal...Qu'entendez-vous par « me refaire une vie meilleure »?
-C'est à dire que je peux t'aider à mieux visualiser ton monde parfait.
-Cette expédition durera-t-elle longtemps?
-Non, juste le temps de te plonger dans l'imaginaire.
-Je le veux bien, mais je dois rejoindre le grand maître au plus vite.
-Ne t'inquiète donc pas, je te mettrai sur le droit chemin après notre expédition dans tes souvenirs les plus importants.
C'est alors que je me sens aspirée à l'intérieur de mon être. Je me retrouve dans mon salon entourée de ma famille. Mes grands-parents sont eux aussi de la partie. Ils me font de grands signes et mes parents me sourient en se prenant dans les bras. Ma sœur, elle, laisse échapper quelques larmes à ma vue. Sans hésitation, je cours dans les bras de mes parents qui semblent si désolés. Ils me chuchotent à l'oreille: « nous sommes tellement désolés ma petite fille chérie. Nous ne voulions pas que ta vie ressemble à cet enfer ». Ils n'arrivaient presque plus à parler car les larmes les gagnèrent. Mes grands-parents me fixent avec des petits yeux rouges. Je m'approche d'eux et c'est à leur tour de me confier ceci: « ma puce, n'oublie pas que Mozart veille toujours sur toi. Même s'il ne fait plus partie de ce monde, je sais qu'il continue de composer de belles sonates pour violon et piano ». Mon grand-père, lui, me déclare autre chose: « merci ma petite étoile pour tout l'amour que tu m'as donné en dessinant cette étoile blanche. Chaque jour, lorsque la nuit tombe, je veille sur toi en brillant de mille feux ». C'est lorsque je m'approche de ma sœur que j'aperçois Charlie pleurer sur ses genoux dans le coin de la pièce. J'avance près de lui et me mets à sa hauteur. En relevant la tête, il me regarde avec des yeux pétillants de regrets. C'est en reniflant qu'il me dit: « je suis sincèrement désolé pour tout ce que je t'ai fait subir jusqu'à présent mais je t'en prie, reviens auprès de nous, tu nous manques énormément ». C'est avec ce regard que leurs visages disparaissent en fines particules. En ouvrant les yeux, je remarque que des grosses larmes roulent sur mes joues blanches. Je commence soudainement à avoir froid et mes jambes flanchent sans raison. La fée de l'Uchronie me remet vite sur pied en me saupoudrant de paillettes.
- Tu vois maintenant pourquoi tu dois rejoindre le grand maître au plus vite?
- Pour rejoindre ma famille...n'est ce pas mademoiselle?
- Tu le découvriras vite...du moins, je l'espère! En attendant, je vais te mettre sur la bonne voie. Suis la route arc-en-ciel qui se trouve à ta gauche. Tu y trouveras de nouvelles merveilles. En attendant, repose-toi bien!
- Ne t'inquiète pas petite fée, et merci de m'avoir aidée.
La créature marine raconte des balivernes, ces créatures enchantées sont très aimables. C'est à l'ombre d'un rocher que je m'assoupis pour m'endormir paisiblement en voyant les visages tristes de mes parents se tenant dans les bras.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 22, 2019 ⏰

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