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Severus venait de déchiffrer le premier mouvement de la sonate de Harry.

Une fois de plus, il était impressionné. Le garçon usait d'un langage musical très personnel et pourtant absolument rigoureux. Son écriture était pleine d'imagination, de grâce et de sensibilité, sans aucune lourdeur ni redondance. De la part d'un jeune homme de dix-sept ans, c'était tout simplement extraordinaire.

Assis devant son épinette, le pasteur soupira, croisant les bras sur sa poitrine.

Il eût tellement aimé pouvoir courir le soir même à Poudlard pour rapporter la partition au jeune compositeur et lui faire part de ses commentaires critiques ! Le garçon l'aurait fait entrer dans cette fameuse chambre que Severus avait refusé de visiter. Et après avoir parlé musique, ils se seraient assis sur le lit, côte à côte, les yeux dans les yeux, silencieux...Le souffle suspendu, Severus aurait pris le visage du garçon en coupe entre ses paumes, et se serait penché vers lui, avant de poser ses lèvres sur les siennes, doucement...

Insensé!

Le pasteur se leva et fit quelques pas nerveux dans la pièce. Il devait faire le point sur la situation.

La veille au soir, Harry Potter était venu le voir au presbytère. Et aussi incroyable que cela parût, le garçon avait avoué... éprouver des sentiments pour lui, son ancien professeur.

Et lui, Severus, rendu fou par cette révélation, avait failli l'attirer à lui et le prendre dans ses bras, au milieu du salon, quasiment sous les yeux de son jeune confrère probablement posté aux aguets derrière la porte...

Avait-il complètement perdu la raison?

Il était le seul coupable. Car Severus ne pouvait blâmer Harry. Au contraire, il lui était infiniment reconnaissant de sa franchise et de son audace. Il savait que le garçon n'avait pas joué la comédie. A l'évidence, il était sincère lorsqu'il lui avait presque crié au visage qu'il pensait à lui, jour et nuit...

Jour et nuit... Mon Dieu! Qu'est-ce que cela signifiait? De quelle nature étaient donc ces pensées...? Encore sous le coup de l'émotion, Severus osait à peine y croire... N'était-il pas vieux, laid, austère, désagréable?

...Ou alors, le pasteur faisait-il complètement fausse route? Avait-il mal interprété les paroles du garçon, pitoyablement aveuglé par ses propres désirs ô combien impurs?

Pourtant, le regard et l'expression de Harry au moment où il s'était livré ne laissaient aucun doute sur la signification de ses mots passionnés...

Se pouvait-il...se pouvait-il que le garçon imaginât Severus se comportant avec lui comme l'avait fait... le Lord précédemment?

De quelle manière l'aristocrate s'y était-il pris pour le séduire? Y avait-il eu violence, brutalité, abus...?

Ou au contraire, les tentatives de l'homme avaient elles été accueillies par le consentement, voire les encouragements de l'adolescent...?

Oh, Severus ne pouvait que trop aisément se représenter la scène, de toutes les manières possibles... Dans ce domaine, il avait, hélas, exercé de nombreuses fois son imagination...

L'homme s'était-il avidement jeté sur son "protégé" pour le mettre à nu, déchirant ses vêtements avec une sauvage impatience?

...Ou l'avait-il tranquillement dévêtu, calme et souriant, posant ses doigts, puis ses lèvres sur la peau fraîche, au fur et à mesure que le jeune corps imberbe se dévoilait à son regard?

A moins que le garçon lui-même se fût déshabillé de son plein gré sous les yeux brûlant de désir et d'anticipation du Lord, prenant plaisir à prolonger ce moment si troublant?

Le pire est derrière vous, Potter.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant