¢нαρтєя 5.

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-Par quoi voulez-vous commencer, mon révérend?, demanda Harry en glissant dans sa veste les manuscrits que Rogue venait de lui rendre.

Raide et emprunté, le pasteur se tenait devant lui dans sa soutane noire.

-Je visiterais volontiers votre école, dit-il de ce ton un peu abrupt qui le caractérisait. Mais si vous voulez que nous prenions le temps de parler de votre quatuor, le mieux serait de trouver une salle avec un instrument à clavier...

-Pas de problème. Le dimanche, les bâtiments sont presque vides. Beaucoup d'étudiants rentrent chez eux, ou sortent se promener en ville. Je vais vous montrer les lieux rapidement, puis nous irons dans la salle de piano. Il y a un très bel instrument. Est-ce que vous connaissez le pianoforte ?

-Je n'ai jamais eu l'occasion d'en voir. Et je suis très curieux d'en découvrir un.

-Vous ne serez pas déçu! Suivez moi!

Sous le regard soupçonneux du concierge, Harry invita Rogue à quitter le grand hall d'entrée dans lequel ils s'étaient retrouvés à l'heure convenue. Ils empruntèrent tout d'abord le large couloir qui menait à la chapelle.

Le garçon avait attendu ce moment avec impatience. Pour une raison inconnue, il était fier et heureux de mener son ancien professeur à travers Poudlard.

Il lui semblait que l'homme, malgré son aspect sombre et rigide, était de moins en moins distant au fur et à mesure de leurs rencontres. Parfois cependant, Rogue avait des réactions inattendues qui déconcertaient le garçon. Comme l'autre soir, sur la tribune de l'orgue, quand il l'avait saisi par la nuque, à la fois menaçant et rieur, avant de retirer brusquement sa main, comme s'il se fût brûlé à ce contact. Harry avait au contraire adoré sentir les doigts frais et souples du pasteur contre sa peau. Si bien que sans réfléchir, il s'était abandonné à cette main impérieuse, espérant vaguement que l'homme allait l'entourer de ses bras et le serrer contre lui...

Bien sûr, l'homme n'en avait rien fait...

Harry avait ensuite repensé de nombreuses fois à cette scène avec des frissons délicieux, tout en se morigénant sévèrement. Etait-il allé trop loin? Comment pouvait-il développer un tel penchant pour un homme d'église, bien plus âgé que lui de surcroît?

Se trompait-il, ou l'homme était-il légèrement troublé, lui aussi, par sa présence? Cela venait confirmer la théorie du Lord à propos de Rogue. A cette idée, Harry se sentait fondre, en même temps qu'une sourde excitation s'emparait de lui. Il ne savait pas où tout cela le conduirait, mais une chose était sûre: il éprouvait toujours plus de plaisir à rencontrer le révérend. Et il lui semblait que ce plaisir était réciproque.

Depuis qu'il l'avait revu, l'homme ne lui sortait plus de l'esprit.

Aussi sa relation avec Kitty commençait-elle à battre de l'aile. La jeune fille était venue voir Harry durant la nuit qui avait suivi sa visite St Andrewstreet. Bien qu'il ne dormît pas, le garçon lui avait dit qu'il préférait rester seul, étant trop fatigué pour batifoler, mais elle avait insisté pour s'allonger quand même auprès de lui. De fil en aiguille, elle l'avait si bien caressé, stimulé et asticoté qu'il avait fini par craquer et faire l'amour avec elle, une fois de plus...

Mais il s'en était voulu, et au petit matin, quand elle s'était levée pour regagner ses quartiers, il lui avait annoncé qu'il désirait interrompre leurs rencontres pour le moment. Interdite, elle l'avait dévisagé d'abord avec stupeur, puis avec tristesse. "Tu sais que tu peux faire appel à moi quand tu veux, Harry, avait elle chuchoté en lui caressant la joue, résignée. Tu seras toujours le bienvenu". Touché par sa douceur et sa générosité, il lui avait gentiment embrassé la main en lui demandant de lui pardonner. "J'imagine que tu as rencontré quelqu'un d'autre...une fille que tu pourras épouser...", avait-elle encore soupiré avant de quitter silencieusement la pièce. Il ne l'avait pas démentie, et il s'était senti affreusement coupable...

Le pire est derrière vous, Potter.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant