Chapitre 14 : "PETITES" TURBULENCES.

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Dimanche 15 mai

14h46

Mes yeux s'ouvrirent doucement face à la clarté présente dans la chambre. Un silence léger régnait. J'entendais Harry respirer contre ma poitrine et je me rendis compte que pour une fois ce n'était pas le bouclé qui me serrait comme un malade contre lui mais bien l'inverse. J'étais désespérément accrochée à lui comme s'il était mon encrage. Je me reculai légèrement pour le voir. Il dormait profondément et cette image aurait pu être attendrissante si une odeur répugnante d'alcool et de cocaïne ne flottait pas dans l'air. Urg.

Le réveil indiquait presque 15h et je m'étonnai d'avoir dormis si longtemps. Du côté de Harry, ce n'était pas étonnant à cause des somnifères que Liam lui avait fait avaler. En repensant à tout ça, ma mâchoire se contracta. Mon sommeil m'avait fait oubliée cette putain d'histoire et rien que d'y songer de nouveau, j'avais la nausée.

Je m'étirai, tentant désespérément d'effacer ce souvenir encore frais et me levai du lit. Il faisait bon et un grand soleil aux antipodes de mon humeur rayonnait haut dans le ciel. J'enfilai un pantalon de jogging et un T-Shirt appartenant sûrement à Harry dans le placard juxtaposé au lit puis descendis lentement les marches en verre. Hier soir, je n'avais même pas remarqué ce détail et d'ailleurs, jusque-là, j'ignorais carrément que le Siège possédait un étage. En bas, c'était un bordel sans nom. Canettes, alcool renversé, nourriture écrasée, vêtements et papiers juchaient le sol. C'était à peine si je pouvais clairement percevoir le carrelage. Je levai les yeux au ciel en remarquant plusieurs hommes étalaient au sol, roupillant profondément. Quels abrutis.

Je commençai à ramasser certains vêtements et les mis dans un coin. Un cri de dégoût m'échappa lorsque je pris un préservatif usagé par inadvertance, croyant qu'il s'agissait d'un morceau de plastique. J'essayais de repousser aussitôt des images d'hommes en plein acte puis le jetai rapidement dans un sac poubelle que j'avais chopé dans un placard. Ho mon Dieu, épargnez-moi ce genre de pensées !

Rapidement, je m'attelai à jeter tous les déchets de la fête. Tout y passa : bouteilles vides ou à moitié pleines, paquets de chips, barres chocolatées sorties de nulle part, papiers usagés (je préférais ne pas connaître la source de l'utilisation). Je trouvais même une quantité astronomique d'herbes, de marijuana, de joints à moitié consommés, de clopes écrasées et de briquets cassées ou juste laissés à l'abandon. Je ne pensais pas qu'une fête entièrement composée de meurtriers pouvait autant déraillée mais désormais, plus rien de m'étonnait. Je vivais dans un monde de fous et les réactions disproportionnées m'avaient depuis longtemps quittées.

Mon ventre me faisait un mal de chien, je ressentais quelques fois de petites douleurs comme m'avait avertie Niall. Ce n'était pas grand chose mais je savais que ce bébé était déjà un sale démon. Et, en rangeant, je pouvais dire qu'il me menait clairement la vie dure. Mes seins avaient également grossis. Je ne m'en étais pas rendue compte jusqu'à ce que Harry me face la remarque il y a quelques jours avec son fameux sourire lubrique.

Je ne savais pas exactement pourquoi j'astiquais le grand hall alors que je n'avais strictement pas participé à tout ce cirque mais il fallait bien quelqu'un pour s'y coller et je n'avais rien à faire à part attendre le réveil de Harry alors autant se rendre utile. De plus, j'essayais vainement de repousser le moment fatidique où le meurtrier émergera. J'étais amplement consciente qu'il ne se doutait de rien mais je ressentais de l'appréhension à l'idée de le voir. J'aurais pu avorter, j'aurais pu échapper aux conséquences qui allait suivre un accouchement mais j'avais préféré tout arrêter. Pourquoi ? Parce que tout a changé. Depuis l'effondrement, depuis que Harry m'avait jurée de se faire pardonner pour ses mauvaises actions, tout était différent. Ce n'était pas notre discussion de la nuit dernière qui m'avait faite changer d'avis. Au contraire, cette décision aurait été inévitable malgré toute ma détermination à mettre un terme à cette grossesse. J'étais incapable de faire une chose pareille après tout ce qui s'était passé. J'avais beau répéter l'inverse, j'éprouvais des sentiments, j'avais un cœur qui ressentait de la compassion, de la pitié et une bonté d'âme. Je n'aurais pas pu exécuter ce plan. Ce n'était plus dans mes cordes de le trahir, je n'y arrivais plus.

Limitless |H.S|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant