Limitless |H.S|

Chapitre 17 : FORGIVE ME.

Dimanche 15 mai

20h11

Lorsque j'arrivai devant la porte, un bruit monstrueux éclata derrière puis un grondement provenant du fin fond d'une gorge envahit l'espace ambiant. Mon cœur rata un battement. Jamais un stress aussi grand ne m'avait consumée ainsi. Jamais une telle douleur ne m'avait vrillée le cœur, comme si deux cisailles tranchantes me striaient le cœur de dizaines et dizaines de coups.

Cette fois-ci, tout était différent. Les rôles avaient été inversés. C'était à moi d'essayer de me faire pardonner, moi la fautive, moi qui avait commis la plus grosse erreur de ma vie. Je ne pouvais pas m'empêcher d'envisager la pire des situations ; celle où Harry ne me pardonnerait jamais et où il commettrait une bêtise sous l'influence de la colère. Et cette pensée m'était tout bonnement insupportable à imaginer.

Je n'arrivais plus à réfléchir, tout était irrémédiablement embrouillé en moi. Un bordel sans nom me servait de cerveau. Seuls mes membres continuaient de fonctionner, de faire un pas devant l'autre, d'ouvrir cette fichue porte, d'admirer le spectacle sombre sous mes yeux.

Devant moi, Harry se déchainait à tout détruire. Un vase vola vertigineusement haut dans la pièce et  s'écrasa en éclats contre le mur à ma gauche. Des feuilles jonchaient le sol jusqu'à ne plus voir le parquet, des tessons de verre se reflétaient dans le lustre, envoyant valser la lumière dans toutes les directions, le fauteuil était renversé, des babioles roulaient parterre, un tas de livre s'amassait dans un coin et l'écran de l'ordinateur de Louis était pété. Ma mâchoire se contracta. Je me sentais responsable de tout de ce carnage, de la colère aveuglante de Harry, de la douleur qui devait surement couler de son cœur comme une longue trainée de larme dévalant la pente de deux joues. Lorsque je tournai mon attention dans sa direction, j'eus du mal à le reconnaître. Ses traits étaient si déformés par une torture émotionnelle - physique et mentale - que je crus qu'il allait imploser d'une minute à l'autre. Il était rouge de colère, les yeux embués et gonflés. La culpabilité me frappa de plein fouet.

Comment avais-je pu le rendre comme ça ? Comment avais-je pu penser faire une chose pareille ?

Ma respiration s'accentua. J'étais aussi monstrueuse que lui, aussi mauvaise et irréfléchie. Mes sentiments avaient changé et c'était maintenant que je me rendais compte de mon erreur, de ce que j'ai failli commettre.

Mes membres étaient comme paralysés. Je ne savais pas quoi faire, je ne savais pas comment le calmer alors que moi-même, je m'affolais. J'avais l'impression que tout était déjà perdu. Le voir dans cet état me rendait malade, me donnait la nausée. Je n'avais qu'une envie : m'enfuir loin de lui, de cette pièce et de tout plaquer. Car, à ce niveau-là, je craignais de ne plus savoir parler tout court.

Pourtant, lorsque Harry envoya valdinguer un autre objet, je reçus une grosse gifle invisible qui me ramena à la réalité. Mes pieds avancèrent, comme si eux essayaient de me faire réagir et de me pousser à arranger les choses. Alors, je pris sur moi et je ravalai tout mon soul. Parle, Ashley ! Réagis, merde !

"Harry, stop !" Ma voix émergea enfin dans un cri suraiguë. Mais, le meurtrier ne m'écoutait pas. Tout semblait obstruait dans son esprit ; je le voyais à son regard. Voilé, vide, triste.

Je décidai alors de m'avancer. Au prix de me prendre un coup, je devais réussir à le sortir de sa transe. Il continuait de grogner, de rugir, d'évacuer sa colère par tous les moyens possibles. Plus je m'approchai de lui, plus une avalanche d'émotions m'étouffait. J'étais roide et angoissée. Un millier de mots me comprimait la poitrine et pourtant, je ne savais pas quoi dire. Putain de merde.