-Il n'en est pas question, Od! s'écria Osiris
-Osiris, tu sais très bien que tu ne peux pas te permettre de quitter les Etats-Unis maintenant, tu es encore bien trop faible, le rabrouai-je. Même Milo n'a pas été aussi insistant que toi pour m'accompagner.
Je faisais les cent pas dans notre chambre en attendant qu'on prépare l'avion pour mon départ.
-Od...
Il vint vers moi et posa ses mains sur mes épaules.
-...nous avons vu ce qu'il s'est passé la dernière fois que nous avons tenté de résoudre nos problèmes chacun de notre côté.
-Mais je ne peux pas te laisser prendre ce genre de risques dans l'état que tu es, rétorquai-je, nerveuse.
-Je suis désolé mais je ne te demande pas ton avis là-dessus, déclara-t-il d'une douceur surprenante. Je viens avec toi que tu le veuilles ou non.
Je voulus tenter de le raisonner à nouveau mais les mots me manquèrent et je basculai délicatement dans ses bras. J'enfouis mon visage dans son cou et laissai la chaleur émanant de sa peau apaiser mes paupières et mes sourcils froncés.
-Il faut absolument qu'on trouve de quoi inculper Alexander, soupirai-je, lasse.
J'avais tout raconté à Osiris: la proposition qu'Alexander m'avait faite et les soupçons que je nourrissais à son égard.
-Les détectives travaillent d'arrache-pieds pour trouver un élément qui pourrait l'inculper, me rassura Osiris. Je m'en fais plus du côté de ta sœur...
-Alexander a probablement réussi à la séduire d'une certaine manière, soufflai-je. Il est plutôt bel homme et il sait user de ses paroles...
-Devrais-je être jaloux? demanda Osiris, joueur.
Je ne pus m'empêcher de sourire. Je compris soudainement à quel point j'avais besoin de lui. Le temps où j'avais eu à porter mes lourds fardeaux, seule et muette, était révolu.
-Ne t'en fais pas, Od, souffla Osiris me tenant toujours dans ses bras. Tu finiras par raisonner ta sœur. Vous faites partie de la même famille.
-Laisse-moi douter sur ce point.
-N'oublies pas que tu nourrissais les mêmes doutes à l'égard de ton père, me rappela Osiris. L'être humain est conçu pour le changement; il lui faut simplement assez de courage pour l'admettre.
Je redressai ma tête et le dévisageai avant de poser mes lèvres sur sa joue.
-J'espère que tu as raison...
-J'ai toujours raison.
Je lui jetai une œillade moqueuse alors qu'un léger toquement s'élevait de la porte.
-Vos Altesses, l'avion est prêt pour votre départ.
-Merci, Margaret.
Je dévisageai une dernière fois Osiris, le doute encore inscrit dans mon regard.
-N'y pense même pas, jeta Osiris comme s'il avait lu dans mes pensées. Plus rien ne m'arrêtera de t'accompagner cette fois-ci.
Je soupirai, laissant tomber, et prit le bras qu'il me tendait.
***
Je profitai du long vol pour réfléchir et remettre mes idées au clair. Les événements s'enchaînaient sans fin. L'accident d'Osiris, Alexander Loubov, la mort de mon père, la "résurrection" d'Osiris et enfin, ma sœur. Anastasia avait toujours été la plus têtue de la famille. Elle évoluait dans son propre univers, régi par des lois qu'elle arrangeait à sa façon et imposait à son entourage. Elle avait toujours été très déterminée et autoritaire. Ce qui n'était pas péjoratif en soi. Son narcissisme avait fait son apparition par la suite. Après lui, vint un certain égocentrisme, naturellement suivi par des touches de mesquinerie qui ne firent qu'ajouter des couleurs criardes à son comportement. Une fois le tableau achevé, Anastasia n'avait pas beaucoup changé; son monde était toujours le même. Elle avait simplement eu l'ambition de l'étendre...
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Condamnée
RomansaAnnée 2037. Rois, reines, princes et princesses. Ces personnages appartenaient encore aux livres d'histoire et aux contes de fées, il y a 10 ans mais... depuis, tout a changé. La royauté a été réinstaurée et des têtes couronnées ont refait leur appa...