Prologue

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Je suis perdu. Perdu face à mon reflet dans le miroir. Il représente ce que je suis et ce qui me révulse. A quel moment ai-je pris conscience de ce que je suis ? Au moment où j’ai posais mes lèvres sur les siennes ou le moment où je rêvais de l’embrasser?
Je voulais juste être comme les uns et les autres. J’espérais uniquement faire de mes rêves une réalité.

En rentrant chez moi ce soir là, j’avais l'estomac retourné. J’avais raconté toute la vérité. J’ai essayé de ne blesser personne, mais je ne pouvais plus vivre avec ce secret en moi.

- Maman je suis à la maison
- Va au courrier mon ange

La boite aux lettres était pleine à craquer. Il y a des publicités, des publicités et encore des… Ah non. Une enveloppe. Très lourde, cette enveloppe. Elle porte mon nom. Je la fourre dans mon sac.

- Voilà le courrier, que des publicités.

Je monte à l’étage, en évitant soigneusement de faire paraître quoi que ce soit face à ma mère. Elle apprendra la nouvelle bien assez tôt.
J’ouvre l’enveloppe.
« Dossier n°1 » était inscrit sur une chemise cartonné. J’enlève les élastiques. Les pages de cette enveloppe semble s’alourdir au fur et à mesure que je les lis.
Une photo de moi à la final des juniors de boxe avec mes deux meilleurs amis. Une seconde photo qui semble être la même mais sous un angle différent. On cadre mon regard sur la personne de droite. Il y a un post-it sur cette photo.

« C’est à ce moment que tu es tombé amoureux ? »

Je jette les photos dans ma chambre ! Mes yeux s’humidifient. Quel est le but de tous ça ? Je rattrape le reste de l’enveloppe. Une lettre, une clé usb.

A la fin de la lecture, je reste sans voix. Aucune réaction. J’ouvre les fichiers de la clé usb, des photos. Des photos compromettantes.
Je m’enfonce dans ma couette, je hurle de tous mes poumons en étouffant le bruit dans les oreillers. Je n’en peux plus. Qui a fait ça ? Qui m’en veux à ce point ? Ils n’auraient jamais osé me faire autant de mal, pas eux.

J’essaye de les appeler mais en vains. Aucunes réponses. Silence radio.
Enfin pas tout à fait, la sonnerie du téléphone de ma mère vient de retentir dans le salon. Mais ce n’est pas ma mère qui décroche. Mon père est revenu à la maison.

«  Allo, Monsieur Davis à l’appareil.  (…) Il y a un problème ? (…) A quel sujet ? (…) »

Je m’installe dans les escaliers. Mon père est de retour à la maison. Depuis trois mois nous ne l’avons pas vu. Il était partit en mission, il est militaire. Son regard s’obscurcit. Qui que ce soit, l’interlocuteur ne lui raconte pas une nouvelle qui le réjouit.
Il raccroche.

- Fiston ! C’était l’école, tu as causé des problèmes ?
- Bonjour Papa ! Je suis content de te voir !

Je m’avance pour l’enlacer mais il se raidit.

- Hum... Non de quoi parles-tu ?
- Pas de mensonge. On ma dit que tu avais frappé un camarade.
- Quoi ? Non pas du tout, enfin si c’était pour me défendre.

Une claque.

- Je suis désolé Papa… mais je peux tout t’expliquer…
- Je m’en fou.
- Allons, chéri laisse le parler ! Vas-y mon cœur nous t’écoutons.

Je pris une chaise de la cuisine. Je m’assis. Je ne savais pas comment annoncer ça, c’était si précipité, si récent. Mais je le sentais au plus profond de moi, mon cœur m’obliger à parler, il en pouvait plus. Il était au bord du gouffre, il faut que je m’enlève de ce poids.

J’ai commencé par racontais l’altercation, la bagarre, le avant, le après. Ma mère commençait à pleurer. Je pleurais aussi mais de joie. J’étais soulagé.

Une claque.

- Mais enfin ! Papa…
- Je n’élève pas de monstre sous mon toit
- Ce n’est pas un monstre ! sanglotant ma mère
- Si jamais je t’entends dire ça à nouveau, je te renverrai de la maison
- Il n’ira pas nulle part ! Cette maison m’appartient autant qu’à toi !

C’était prévisible. Les rêves ne se réalisent pas, même dans le meilleur des mondes.

Quelques jours plus tard, je fuyais toujours les autres élèves de mon école. Je ne voulais pas m’infliger plus de mal ou plus de honte. Un peu des deux.

J’étais devenue la bête noire. Mes amis ne me parlaient plus, ils m’avaient en horreur. Le dossier avait apparemment circulé de partout.
Qu’il y a-t-il de mal à être ce que je suis ? Qu’il y a-t-il de si épouvantable ?

Les semaines passées, les mois s’écoulaient et mon état empirer. Je n’en pouvais plus. Que je sois à la maison, en ville, à l’école, ou seul. Tout me rappelais l’horreur qu’on décrivait de moi.

Je suis gay. Un garçon gay. Enfin je l’étais. Je suis mort. Oui j’ai mis fin à mes jours. Ils m’ont montré que mon existence était peine perdue. Je n’étais pas né ni au bon moment ni au bon endroit.

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