Chapitre 1 - Leah

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– Leah ! Descends tout de suite ! Tu vas encore être en retard !

Comme d'habitude, la douce voix de mon toxico d'oncle me réveille. Il est 7h50, j'ai cours dans 10 minutes. Faudrait que je me bouge, parce que le proviseur m'a bien fait comprendre que si je continuais à sécher la moitié des cours, le lycée c'était fini pour moi. Mais j'ai aucune motivation. Depuis la mort de mes parents et mon placement chez mon oncle, je n'ai plus aucun espoir dans la vie. Je fais les mêmes choses encore et encore, sans entrain. Me lever, aller en cours quand j'ai pas trop le flemme, rentrer, faire à manger, dormir, et rebelote. Le week-ends, soirées, alcool obligé pour mettre de l'ambiance, sinon on se fait chier pire qu'au lycée. Le dimanche matin, gueule de bois, engueulades avec mon oncle, Frank, défoncé les trois-quarts du temps.
Donc je me lève, enfile un jogging, choppe mon sac et cours à l'arrêt de bus, en espérant ne pas l'avoir raté. Manque de bol, il disparait au bout de l'avenue quand je sors en trombe de l'immeuble, percutant au passage un gars. Je marmonne un « Pardon » et balance mon sac par terre en jurant.

– Eh bah, tu n'es pas une fille comme les autres toi, hein ? Mauvaise journée qui commence ?
– Quoi ?

Mais qu'est-ce qu'il me veut lui ? Il est encore là ? Je le regarde avec l'air dédaigneux qui m'accompagne la plupart du temps. C'est peut-être pour ça que je n'ai quasiment pas d'amis. Mais peu importe, les gens du lycée sont vraiment trop cons et immatures.

– Eh oh ? T'es là ?

Sa voix me sort de ma torpeur et je retrouve la mienne.

– T'es qui toi d'abord ? On se connaît ?
– Tout doux, tout doux... Je viens juste en aide à une jeune fille manifestement dans un mauvais jour. Je crois qu'on est deux à avoir raté le bus. Heureusement, j'ai une voiture. Tu vas au lycée du centre-ville ?
– Ouais...
– Je te dépose.

Et s'en va, croyant que je le suis. Mais il vient d'où, cet abruti ? Il croit que je vais le suivre, comme ça ? Je le regarde s'éloigner, en silence. Il s'arrête et me regarde d'un air amusé. C'est à ce moment-là que je remarque ses fossettes et son regard couleur océan qui me transperce de part en part. J'ai soudainement envie de monter dans sa voiture et de le suivre jusqu'au bout du monde.
Je cligne des yeux et secoue la tête en me disant « Mais Leah qu'est-ce que tu fous ? Réveille-toi ! ». Après tout, j'ai une réputation de fille insensible à tenir !
Alors, je repars en sens inverse avec ma fierté, maudissant ce gars pour être aussi déstabilisant et maudissant ma vie pour être aussi merdique. Et je pars au lycée à pied, en m'arrêtant au Starbucks en passant, parce que quitte à être en retard, autant rater une heure entière, d'histoire qui plus est.
J'arrive donc en cours, à 9h, et rejoins Luke, mon meilleur et seul ami, au fond de la salle. Lorsque M. Jones, le prof d'anglais, entre, les bavardages cessent peu à peu et chacun s'installe à sa place.

– Bonjour tout le monde, bonjour. Je vous présente aujourd'hui un nouvel élève : M. Turner, vous pouvez entrer.

Je manque de m'étouffer quand je vois le type de ce matin entrer dans la salle. Luke voit mon malaise et me jette un regard intrigué, et je reprends précipitamment mon air blasé et indifférent.
Il s'assoit au second rang sans me remarquer, adresse un sourire charmeur aux quelques filles autour de lui et sympathise instantanément avec Jack, le gars le plus populaire du lycée. Je rabats ma capuche et m'enfonce sur ma chaise en le regardant toujours du coin de l'œil.
Quand l'heure de la pause sonne, je me réveille, range mes affaires et fonce vers la sortie.

– Hey ! Attends !

Je m'arrête net et me retourne quand j'entends cette même voix, grave et... Oh ! Tu ne vas pas te transformer en romantique, Leah !

– Quoi encore ?
– Ce matin, je ne t'ai pas demandé ton nom.
– Ouais, et ?
– J'aimerai bien connaître le nom de la fille sur qui mes talents naturels de séduction ne fonctionnent pas.

Son total manque de modestie me donne envie de lui rire à la figure, mais ce sourire...

– Leah. Leah Marshall.
– Enchanté. Moi c'est Miles. Miles Turner.

Je l'observe pendant quelques secondes, essayant en vain de comprendre ce type. Puis je tourne les talons et rejoins Luke derrière le bâtiment de l'internat pour fumer notre joint.

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