J'suis pas rentré à la maison.
Je fugue pas, j'ai juste décidé de traîner encore un peu dehors. Mon bus s'est pas pointé, alors j'ai dû faire le kilomètre qui sépare la gare de chez moi à pieds, mais en chemin je suis passé devant le parc, celui que j'aimais bien, dans lequel on allait s'amuser avec les potes, mais qu'on a délaissé en arrivant au collège.
Il est sympa ce parc, tout petit, avec juste un toboggan, deux balançoires et un mini terrain de foot, tout ça au milieu d'arbres et buissons : le terrain de jeu idéal pour des mômes qui se contentaient de si peu.D'abord, je l'avais pas remarqué. Je marchais devant, longeant l'allée de sapins qui me faisaient flipper jusqu'à pas longtemps encore. Bouré de bestioles ce trucs.
J'aime pas les bestioles.Puis j'ai entendu un gosse brailler, et ça m'a réveillé. Il voulait pas partir, sa mère lui tirait le bras parce qu'il fallait préparer à manger.
Alors j'me suis caché derrière la grille, attendu qu'ils soient assez loin et j'ai pris sa place.Tout ça pour dire qu'au lieu d'être au chaud dans mon lit je me retrouve seul sur une balançoire qui grince. Comme si j'avais l'âge pour ces conneries.
C'est justement parce que j'en ai plus l'âge que j'ai eu envie d'en profiter. Ça faisait longtemps que j'avais pas joué dans un parc -du moins sobre.
Mon téléphone vibre de nouveau, sûrement ma mère qui s'inquiète parce que la nuit commence à tomber et que je ne réponds pas.
De Bro :
On sort après manger avec les autres, t'es de la partie ce soir où tu fais encore ton sauvage asocial ?Pour une fois que je suis invité à un événement social, je serais con de refuser.
De moi :
Nope, mon sommeil avant tout mec.Je suis con.
Comme si c'était une bonne excuse, il sait que j'ai horreur de dormir.J'en profite pour regarder l'heure, qui se traduit par "profite du trajet jusque chez toi car c'est la dernière sortie de ta vie et prépare une bonne explication à ta mère".
Trop protectrice, ou juste mère, mes potes trouvent qu'elle me laisse pas vivre, mais moi je la comprends, je ferais une sacrée morale à mon fils s'il rentrait à pas d'heure comme moi ce soir. Mais c'est la première fois que je le fais alors on aura qu'à oublier demain.
***
— J'espère que tu as une bonne excuse cette fois.
"Cette fois", comme si c'était déjà arrivé..
Ok c'est déjà arrivé.
— Problèmes de transports, comme d'hab maman, je prends mon air le plus décontracté possible et fuis dans la cuisine, chercher les restes de ce soir. Une assiette de spaghettis, ça fera l'affaire.
Techniquement ce n'est pas vraiment un mensonge, j'ai vraiment eu un problème de bus.
— Tu me la fera pas à chaque fois !
— Oui maman !
Il est vrai que c'est mon excuse favorite quand je rentre tard, mais c'est la plus crédible et elle ne me fait mentir qu'à moitié.
Dans tous les cas, je suis rentré, actuellement affalé sur mon lit défait, prêt à plonger dans un semi-décès -aka le sommeil- juste après avoir dévoré mon délicieux souper.
Je pose mon téléphone sur la table de nuit au moment où l'écran s'allume.
De bro :
Eh, tu devineras jamais, y'a Machin qui a son frère dans la classe de ta meuf aux jolis cheveux (c'est vrai que c'est nul ce blaze), et il peut avoir son prénom si tu veux.Bien sûr que je le veux ! Je l'appelle de ce pas.
— Oui ?
— Comment elle s'appelle ?!
— Du calme, tu l'a mérité ?
Alors là..?
— Pardon ?
— Je sais pas si tu mérites de connaître son nom mon cher ami.
— Fais pas le con dis moi !
— Demain, si t'es sage.
— Non atte-
Il a raccroché. Je le hais.
Tant pis, je pourrai l'avoir avant demain si je passe ma nuit sur les réseaux sociaux. Mais flemme, je vais plutôt aller me coucher et rêver de mon aimée qui me manque terriblement.
Mais comme précédemment dit, j'aime pas pioncer.
Je fais des rêves chiants -au mieux- ou des cauchemars atroces qui m'empêchent de me rendormir ensuite.
En ce moment, je rêve du BAC et de cette fille, et quel que soit le thème du rêve, j'me réveille complètement déprimé.Pas grave, Netflix est ton ami n'est ce pas ?
Il est le mien, je m'abandonne aux séries au lieu de réviser mon contrôle de demain.
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L'incroyable Histoire Barbante d'Hector Lheureux
General FictionHector Lheureux, c'est ce gars au prénom étrange qui ressemble à une blague. Hector Lheureux, c'est ce gars un peu invisible, qu'a pas beaucoup d'amis et qui n'aime pas grand monde de toute façon, qui est amoureux de plein de gens, mais déteste l'hu...