Chapitre 3 : La peste

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Elle s'est très vite abattue. Mon père avait acheté un poste de télévision qui restait systématiquement allumé sur la chaîne d'information, ou je voyais toujours les même visages annoncer avec des yeux toujours plus clos et sombre les nouvelles. Elle est d'abord tombée dans le sud du pays, et à lentement remontée campagne par campagne jusque Paris. Il n'y avait rien à faire, tous le monde disait. On nous à distribué, à l'école, des masques. Entre nous, on se disait que ça ne changerait rien, que c'était des mesures absurdes pour faire quelque chose, désespérément, ne pas rester sans actions, aussi vides de sens étaient-elles. La télévision noire, au milieu du salon aux couleurs et reflets doré, était tristement hors de son environnement.

Les premiers jours ou la peste est entrée dans Paris, je suis restée chez moi. Mon père refusait que je sorte, et que je m'expose au danger. J'observais de la fenêtre de ma chambre la pluie tomber et je voyais les pointes des immeubles d'en face se noircir tout doucement, comme si l'eau propageait la maladie de par sa simple existence. Très vite, lasse d'être enfermée, j'ai décidée de prendre le risque de sortir. Il ne cessait jamais de pleuvoir, et avancer rue par rue était extrêmement difficile. Quand je réussit enfin à atteindre la grille de mon lycée, ce n'était que pour trouver la cour de béton gris vide, et retrouver entre les murs de pierres qui étaient mon refuge, un silence qui rendait le lieu vide et angoissant.

Lors des cours, là ou nous étions en temps normal une trentaine par classe, nous n'étions jamais plus d'une dizaine. Les rires semblaient avoir disparus derrière l'inquiétude qui gagnaient le cœur de tous les vivants. Même le visage de Claire, habituellement d'une douceur si inhabituelle, semblait s'être renfermé. Je la voyais mordre ses lèvres, et caresser de ses doigts fin les surfaces qu'elle avait sous la main. Une odeur de poussière flottait dans toutes les pièces. Les soirs, quand je rentrais chez moi, je ne travaillais jamais. Le poste de télévision continuait d'annoncer nouvelles effrayantes sur nouvelles effrayantes, et le ciel s'assombrissait chaque jour un peu plus.

Des livres sortaient, des spectacles, des chansons, toutes ne parlant que d'une chose. Je marchais dans les galeries marchandes où les commerces se fermaient un à un, je marchais au milieu de la ville qui s'abandonnait, comme une âme vagabonde. Et je pouvais entendre mes pas léger sur les pavés, parce que le son des voitures et des passants avait disparu il y à déjà longtemps. J'étais peut-être la dernière personne à me balader encore, comme me forçant à ne pas changer mes habitudes, et ignorer ce que je voyais dans chaque pore de la réalité de mon monde. Je faisais semblant.

La peste, m'avait ma mère un soir, faisait partir tous les êtres que l'on aimait. Elle les faisait partir, et ne jamais revenir. « S'il te plaît, reste avec nous. Chaque fois que je te vois franchir la porte, je tremble de m'imaginer ne plus jamais te revoir. Je sais que tu voudrais continuer de vivre, mais ce n'est pas possible. Pas comme ça. Pas maintenant. »

J'ai entendue des histoires, sur des personnes qui tombaient une à une, sans un mot, et ne se réveillait pas, sur des personne qui disparaissaient sans laisser de traces, après avoir rangé leur linge et fermés leur porte à clé. Défilaient à la télévision des photos, sans jamais s'arrêter, des visages que ne connaissais pas, associé à des noms qui sonnaient creux pour moi. Je continuais de sortir, malgré ce que maman me suppliait. Je retrouvais Claire, et l'on riait, comme avant tout ça. Avec elle, j'arrivais encore à voir un avenir, qui disparaissait dès que je franchissais le pas de ma porte.

Ce bruit incessant quand j'étais en intérieur, ce silence pesant dès que je sortais, me donnait l'impression d'être toujours dans un rêve.

Un jour, je suis tombée malade.

Au départ, ça ne faisait pas vraiment mal. Je m'étais écroulée, seule dans ma chambre, comme si mes jambes ne fonctionnaient plus, et j'avais sentie une douleur immense en mon ventre, qui avait fini par disparaître. Mais ce que j'avais pu croire être une anecdote s'était reproduit, le lendemain, plus quelques heures plus tard. Quand le médecin est sortit de ma chambre, ma mère pleurait et mon père avait déposé une main dans son dos, lui observant les lignes dessinées par les planches du sol. J'avais écrit à Claire pour la prévenir, et elle était passée, m'apporter des fleurs, en prétendant avoir obtenue la mission de me transmettre mes devoirs. Quand mon cas s'est empiré, et que je toussais souvent, je les regardaient pendant des heures, pour retenir comme je pouvais mes larmes. Je ne sais plus quand, exactement, j'ai commencée à me dire que j'allais mourir.

Tous mon corps s'est lentement affaibli, et je faisais des cauchemars régulier. Ma vue devenait de plus en plus floue, et mes oreilles bourdonnaient, régulièrement. J'ai commencé à passer mes journées à écrire. Je correspondait chaque jours à Claire par lettres, ce qui me permettait de ne pas me sentir totalement seule. Ni ma mère no mon père ne venaient régulièrement me voir, de peur d'attraper eux même la maladie, me disaient ils. Le médecin m'adressaient des sourires tendes, pour me rassurer, me disant que je me battais contre la maladie plus que la majorité de ses patients. Je ne voyais pas ce qu'il voulait que je réponde.

Un après-midi, alors que personne ne m'observait, j'ai pris mon manteau, enfilé mes chaussures blanches, et suis sortie par la porte de derrière. Je sentais en moi comme une voix me guidant dans les rues, alors que je titubait, ne sachant pas exactement ou mon chemin me mènerait. Je voyais autour de moi, alors que j'avançais encore et encore dans un quartier que je ne connaissais absolument pas, des petites fleurs violettes qui poussaient entre les épaisseurs de béton, et qui sortaient des lézardes comme si les murs en étaient emplis. Je me suis retrouvée sur un toit, et face à moi, un océan de fleur. Je me souviens avoir eu mal à la tête, et que ne comprenais pas ce qui se passait.

Je me tenais sur le rebord du toit, mes cheveux tombant dans le vide sous ma tête penchée. Et en un instant, je suis sûre d'avoir basculée sans le vouloir. Je me souviens qu'il n'y avait eu qu'une seconde de terreur.

Quand j'ai ouvert les yeux, il y avait autour de moi un champs de fleur violette entre les murs parisien, et un grand panneau de bois ou étaient peint ses mots « Société secrète Pandore. Recrute jeunes aux forces étonnantes ».

Je suis rentrée chez moi en courant, et en m'enfermant dans ma chambre, réalisais que j'étais guérie.

Le secret de la rue PandoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant