Chapitre 2 : Claire Metsys

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Claire se tenait tranquille sur un banc, les yeux sur son portable, avec une petit air concentrée qui n'avait pas tellement lieu d'être. Je suis restée silencieuses pendant une minutes ou deux, attendant de me faire repérer, et que l'heure du cours ne passe, que je sois officiellement notée en retard. Je fus finalement la première à faire un pas en avant.

- Dis, on est en retard je crois.

Elle leva la tête, lentement, comme si elle me surveillait depuis tout ce temps, et m'adressa un grand sourire. Elle avait un visage enfantin, de grand yeux bleus et des cheveux qui lui tombaient jusqu'en bas du dos. Je la trouvait mignonne.

- N'étais-ce pas le but ?

Ce fut les premiers mots qu'elle m'adressa, avec un rire qu'elle retenait au fond de sa gorge mais que je voyais dans ses yeux bienveillants. Je ne crois pas qu'elle me connaissait, et je ne l'avais jamais vu auparavant. Nous sortîmes nous balader dans le lycée, sans but autre que de se laisser porter par nos jambes pour faire filer le temps et apprendre à se connaître. Elle n'avait jamais entendue parler de mon père, ne semblait pas avoir beaucoup de connaissance en journaux et venait d'une famille de petits bourgeois, dont elle était l'aînée. J'avais observée qu'elle avait une façon très personnelle de se déplacer, sa pointe des pieds ne touchant qu'à peine le sol, elle semblait virevolter à chaque pas, sur la pierre sur laquelle elle baissais les yeux, parfois, toujours un sourire en coin. De loin, elle me faisait pensée à une fée ou un ange.

Quand je lui ai dis que je venais d'une grande famille, elle m'a regardée avec des yeux brillant d'admiration. La première fois que je l'ai prise dans mes bras, j'ai su que je m'étais fais une alliée, et ce pour la vie. Alors, lors des grand bals que faisait mon père, je lui proposais de venir, et elle mettait des jolies robes (ce n'était jamais des robes de bal, mais elle me disait « De toutes façon, les gens ne sont pas là pour me regarder moi », avec un air heureux). Des fois, nous dansions toutes les deux, des fois je l'emmenais dans le jardin, et on observait les étoiles ensemble. Elle me parlait souvent de sa famille, et d'à quel point elle se sentait petite à côté de moi. Ça me rendait un peu triste, parce qu'à ses côtés je me sentais enfin grande.

Un soir, qui n'était pas un bal, nous nous étions donné rendez-vous devant le lycée, et en marchant, je lui racontais tous ce qui me venait à l'esprit. On en avait pris l'habitude, juste l'une contre l'autre, se raconter tout ce qui d'absurde et de drôle nous venait à l'esprit, et parfois on passait aux confessions sérieuses, ou on l'on laissait planer les silences, les sourire doux, et l'on se regardait dans les yeux avant de chuchoter des mots plus tendre, ces mots qu'habituellement on gardait pour nous. Je me souviens m'être retrouvée sur la grand place, avec elle, et la place était illuminée de lumières couleurs flammes. J'entendais des rires, et soudainement, la musique à commencée à gagner l'endroit. Je voyais le petit orchestre, une dizaine d'instrument que des enfants et quelques adultes faisaient raisonner la musique à nos oreilles. Je me souviens avoir vu les couples danser, tout autour de nous. Je me souviens aussi avoir pris sa main, et qu'elle m'a regardée avec des yeux émues, et que nous avons commencés à danser, tourner, encore et encore, prise d'une ivresse douce. Je me souviens qu'à la fin de la troisième chanson, alors que son rire sonnait comme une mélodie à mes oreilles, nos yeux se sont croisés, et j'ai vu en elle tout un univers. Notre premier baiser était maladroit, mal rythmé, tout en décalage avec la musique, mais c'était la plus belle chose que j'avais ressentie depuis des années.

Et chaque jour est devenu plus beau, tant que je pouvais poser mes yeux sur elle, quelques rang plus loin dans la salle de classe, elle qui prenait ses notes soigneusement mais que je voyais de temps en temps tapoter son stylo contre ses cahiers, les lèvres entrouvertes, le temps qu'une chanson passe en sa tête, et que la réalité rattrape la rêverie dans laquelle elle s'était plongée. Je me souviens que la nuit, mes cauchemars avaient changés. Je ne restais plus immobile, j'étais capable de doucement me lever, et de dessiner avec ma main des rayons de lumières qui venaient me réchauffer. Les rayons tournaient autour de moi, comme une brume, et je voyais la femme se tenir debout dans les ténèbres de ma chambre, face à moi, mais elle ne venait plus jamais m'étreindre. Je me suis demandée si ce n'était pas l'espoir que je ressentais qui faisait naître une force nouvelle en moi.

Je ne croyais pas en la magie, à l'époque, et chaque moment étranges que je vivais n'était à mes yeux qu'un rêve. La réalité m'apparaissait sans cesse modifiable, et que ma chambre abrite un démon me terrorisant n'était à mes yeux rien de plus qu'une invention de mon esprit, un peu trop étroit ou un peu trop malade. Je crois que tout à changé le jour ou, en prenant le métro, j'ai entendu pour la première fois parler de la peste. À l'époque, c'était une menace lointaine, mais cela avait piqué ma curiosité tout de même. En rejoignant Claire, je lui avais demandée son avis, timidement. Elle avait levé ses yeux vers le plafond, comme si elle y cherchait une inspiration pour trouver les bon mots.

- Je crois que cela fait un certains temps que la peste menace la ville ? Elle est apparue il y a des mois, et à tout détruit sur son passage. Même si elle n'est pas là, la télé dit régulièrement qu'elle arrivera bientôt. Je crois, au fond de moi, que j'ai un peu peur.

Elle avait murmurée cela du bout des lèvres. Je me souviens que quand je l'ai prise dans mes bras, et que j'ai fermé les yeux, j'ai entendue son cœur battre rapidement. Je crois que, elle avec moi, j'avais moins peur. Mais la peur ne s'évite pas, elle ne fait que disparaître un temps.

Nous allions le comprendre.

Le secret de la rue PandoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant