Honorine

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Salut Corentin,
Tu peux pas savoir comment je suis triste que tu ne sois plus parmi nous.

Nous nous sommes rencontrés en CP, au cours de piano le lundi soir de 18h45 à 20h00. On a commencé le piano ensemble et je croyais que nous le finirions ensemble mais je me suis trompée, la vie est plus courte que ce que l'on croit.

Je ne sais pas trop quoi t'écrire...

Je continue le piano pour toi. Les cours ne sont plus pareil, il y a une nouvelle qui te remplace mais j'ai demandé à Françis si je pouvais en jouer seule. Je ne veux pas jouer du piano avec quelqu'un d'autre, je veux en jouer avec toi et toi uniquement.

Je revois tes longues mains avec tes doigts fins appuyer délicatement sur les touches blanches et noires du piano. Tu étais doué. Nous avons fait tous nos concerts ensemble, sans exeptions.
Tu avais ce petit tic trop mignon quand tu finissais de jouer de frotter ton œil droit avec ta main, comme si tu avais une poussière dans celui-ci. Je n'oublierais jamais ce geste qui te definit tant. Je ne sais pas pourquoi tu faisais ça mais j'aimais ça.
Certe au début nous jouions "Pirates des Caraïbes",nous adorions cela et au fur et à mesure des années nous nous sommes perfectionnés. Puis je me souviens que lorsque nous étions en seconde nous avions joué "Für Elise". Tu m'avais confié que c'était ton morceau préféré, je l'ai toujours retenu.

Des fois tu restais un peu après le cours pour pouvoir t'entraîner. Je ne te l'ai jamais dit mais il m'est arrivé une ou plusieurs fois de t'observer à travers l'entrebaillement de la porte. Tu étais de dos, je ne voyais pas ton visage mais j'étais presque sûre que tu fermais les yeux, tu faisais cela quand tu étais seul, c'etait une façon à toi de jouer la mélodie parfaitement, de vivre la musique, de resentir les émotions du morceau, c'était une façon d'être toi.

Dès que je pense à toi Corentin, je ne sais pas pourquoi mais j'entends " Für Elise" retentir au fond de ma tête, ça me poursui, c'est inévitable.

J'ai été invitée à ton enterrement. J'ai joué ce morceau dans l'église devant toutes les personnes présentes. J'ai commencé et quand vint ton passage préférer, je n'ai pas pu m'empêcher d'éclater en sanglots. J'ai tout de même continuer, les regards se posaient sur moi et c'était trop dur à suporter.

Depuis, tous les lundi je reste après le cours comme tu le faisais, je ne me met pas au piano de d'habitube. Je joue avec ton piano, celui près de la porte.
Je joue "Für Elise" bien évidemment.
L'autre jour j'ai parlé avec Françis, il m'a dit: " Corentin était un garçon formidable, il était vivant dans sa manière de jouer, de parler, d'être. C'était quelqu'un de très spontané. Il avait une joie de vivre que peu de personnes ont. Il était lui-même, il se fichait de l'avis des autres. Corentin savait s'amuser, faire rigoler la galerie, faire des choses toutes les unes plus stupides que les autres mais il était respectueux. Il était également très sensible, ce n'était pas un dur à cuire. Certe, quand il avait une idée en tête rien ne pouvait le faire changer d'avis, il était têtu. Il était constament en retard mais c'est tous ces petits défauts qui faisaient son charme, qui faisaient que l'on appréciait Corentin."
Françis fixait ton piano, il avait le reagrd dans le vague et je perçevais une grande tristese dans son regard, il t'aimais beaucoup.

Lorsque Adam m'a donné ce cahier pour que je puisse écrire dedans je n'ai pas pu m'empêcher de jeter un coup d'œil sur ce qu'il avait écrit, je suis trop curieuse, je n'aurais pas dû le faire et je le regrette, cela ne se fait pas mais c'était plus fort que moi.
J'ai tous lu ce qu'il avait marqué. J'ai réalisé alors qu'Adam t'aimais vraiment énormément, je n'aurais jamais cru autant.
J'ai pleuré. J'ai pleuré à cause de ce qu'il à écrit. C'est magnifique, ça m'a rappeler pleins de souvenirs mais également ce que m'a dit Françis à ton propos. C'est parfaitement exact. Tout est exact.
Je ne me rendais pas compte à quel point tu comptais pour moi. Maintenant je m'en rend compte, trop tard malheureusement...

Tu étais un exellent pianiste Corentin.
Adieu,
Honorine

26 mots pour toi Corentin...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant