Chapitre 5

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Playlist du roman :

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AÏDEN

C'est étonnant comme la vie est faite de hasard et comme celui-ci fait bien les choses. J'ai à peine franchi la porte que mon regard se pose sur elle. Comme si j'étais attiré par cette fille comme un aimant. Et le spectacle que j'ai devant les yeux me fige sur place. Elle déguste des pancakes et ce simple geste me fait l'effet d'une gifle en plein visage. Je l'observe glisser ses doigts collants de sirop d'érable jusqu'à ses lèvres et mon pouls s'accélère. Je serre les mâchoires et ferme furtivement les yeux. J'expire l'air que j'ai retenu un moment et me force à détourner des yeux. Évidemment, je suis toujours en colère après notre altercation de tout à l'heure et la nuit merdique que j'ai passée. C'est donc d'une humeur exécrable que je me dirige vers Jo. Je trouve Connor en pleine conversation avec elle. Je lui adresse une tape dans le dos tout en faisant un signe de tête à ma tante.

— Tiens, bonjour, mon grand. On ne t'a pas vu ce matin.

— J'avais un truc à faire, marmonné-je, évitant de lui parler de ma nuit désastreuse. Salut Connor. Bien dormi ?

— Salut Aïden. J'ai mal aux cheveux, à part ça, je gère.

— Qu'est-ce que vous avez fait tous les deux hier soir ? demande Jo. J'ai entendu ta moto cette nuit. Tu aurais pu m'envoyer un message, tu sais.

— Je sais, désolé.

— Eh, mec, t'as vu la gamine qui vient de débarquer dans notre charmante bourgade ?

— Bourgade ? D'où tu sors ça ? bredouillé-je, hilare.

On rit tous les deux. C'est le truc de Connor ça. Sortir des mots ou des phrases qui sonnent complètement faux dans sa bouche de crétin. Il dit que ça le rend intéressant. Moi je dis que ça le rend encore plus crétin. Je pivote et suis son regard pour découvrir que ce que je craignais est bel et bien arrivé. Et merde. J'avais espéré ne pas avoir à lui parler d'elle. Mais là, je n'ai plus vraiment le choix. D'autant plus que je vois dans ses yeux qu'il a déjà échafaudé un plan drague. Et ça, ça ne me plait pas du tout. Je ne saurais l'expliquer et ça me fous le cerveau à l'envers, mais je ressens le besoin de la protéger. Connor est un bon gars, mais c'est un enfoiré avec les filles. Et elle. Sa cicatrice, son regard empli d'un mélange de haine et de désespoir, m'a fait l'effet d'un coup de poing dans la gueule. Je ne pense pas qu'elle supporterait qu'on joue avec elle. Je laisse Connor déblatérer sur leur conversation, à l'affut du moindre détail. J'apprends peu de choses, mais déjà bien assez. Elle s'appelle Lee. Original comme prénom.

— Ses parents devaient être heureux qu'elle entre dans leur vie, sourit Jo en tapotant sur son téléphone.

— Pourquoi tu dis ça, demandé-je, les sourcils froncés.

— Eh bien, elle ne s'appelle pas vraiment Lee, mais Laelynn. Ça signifie "Fleur d'espoir". C'est tellement poétique, soupire-t-elle.

— Hum... ouais, très...

— La ferme, Connor, marmonné-je.

Je jette un coup d'œil à la dérobée et l'observe, toujours occupée à manger ses pancakes. C'est presque risible d'imaginer que son prénom signifie « espoir » alors qu'elle transpire le désespoir. Je repense à ses yeux envoutants, sa voix éraillée, sa peau douce quand j'ai saisi son poignet. Je soupire et me lève, faisant grincer les pieds du tabouret. Il faut que je sorte d'ici pour éviter de faire une connerie du genre : me planter devant elle et reprendre là où on en était ce matin. Mais je suis d'une humeur de chien et je prends conscience qu'elle en a déjà pris plein la gueule à cause de ma mauvaise humeur. J'en ai fait assez pour aujourd'hui. Je laisse Connor à son monologue interminable et me dirige vers la sortie, les poings serrés et la mâchoire crispée.

A(b)ime-moi - Sortie numérique cet été chez Editions Addictives !!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant