Quel objet serais-tu si tu pouvais ? Un lit ? Une porte ? Un bol ? Une cuillère ?
J'aimerais être un miroir. Pas un petit miroir qu'il y a dans ton sac à main pour voir si ton fond de teint ou ton mascara n'a pas coulé. Non, un vieux miroir
Aussi vieux que je ne pourrais jamais l'être. J'aurais vu défiler tous ces gens, ces endroits et ces époques. J'aurais vu la profondeur, la noirceur, le mal, mais aussi la surface, le bien, et tout ce qui est faux. J'aurais vu cette femme, doté d'une beauté exceptionnelle. Je l'aurais vu coiffer ses longs et épais cheveux noirs, nettoyer sa peau lisse, légèrement hâlée, maquiller ses yeux d'un bleu clair et profond, entouré d'une masse épaisse et noire de cils, maquiller ses lèvres pulpeuses et roses. Ses pommettes, rebondies, son nez fin, remontant un peu. Je l'aurais vu s'habiller, ses dames de chambre l'aider à enfiler son corset, qui mettait en valeur sa taille de guêpe et sa poitrine ni trop volumineuse, ni trop petite, puis enfiler une robe aussi blanche que la neige, aussi blanche qu'une colombe, aussi blanche que tout ce qui est blanc. La robe mettrait en valeur sa peau, et contrasterait avec sa chevelure fournie, ses sourcils et ses longs cils, s'accordant à la couleur claire de ses yeux. Je l'aurais vu vieillir et profiter des plaisirs de la chair. Je l'aurais suivi de son enfance jusqu'à sa mort, à 46 ans. Puis changement de décor. On me transporte dans une autre ville, dans une nouvelle famille, on me perd, on me retrouve un siècle après. Et pendant tout ce temps, je me rappelais de cette femme, à la beauté exceptionnelle, de cet orphelin qui avait fait fortune et m'avait acheté, puis de cette pièce. Froide, sombre. Mort. C'était tout ce que nous y ressentions. La mort. J'avais pu voir tous ces gens se faire torturer, assassiner brutalement. J'étais maintenant dans une maison, assez modeste, mais très agréable. Les gens qui passant devant moi étaient tout aussi intéressants les uns les autres.
Une petite fissure apparaît ? Vois-tu ? Je vieillis. Ça se voit que je suis vieille. On me traîne depuis des siècles. Avant toi, j'en ai vu des personnes. Mais voilà... la mort nous rattrape. Alors la petite fissure grandit, à cause de quelques personnes ne prêtant pas attention à cet objet si précieux et vieux, ignorant son histoire.
7 ans de malheur. Tu m'as brisé, tu vas souffrir.
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| Pensées éparses |
RandomJe comprends pas le principe des sushis. C'est vrai quoi, le poisson cuit n'est pas bon, alors pourquoi serait-il meilleur cru avec de la sauce et du riz ?