Noir rime avec désespoir

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Je suis rentré chez moi, ma jambe guérie.
Enfin, quand je dis "guérie" je ne le pensais pas réellement.

Le contraste entre mes deux jambes était énorme. Voir gigantesque. Titanesque même. Je faisais à présent partie des "Grands Brûlés", ceux que l'on ne voit jamais dans les allées des hôpitaux car ils sont bien trop complexés par leur apparence désastreuse qu'ils se renferment dans leurs chambres respectives, toute la journée.
J'agissais de la même façon.

Tous les soirs, j'enveloppais ma jambe droite dans des bandages. Des dizaines de pansements qui me feraient oublier pour quelques instants, la douleur de mes erreurs.
Ma mère d'originaire si pétillante et pleine de vie, ne me reflétait plus que de la pitié dans ses yeux. Un sentiment que je ne supportais pas.

Les cours avaient dû reprendre, mais je ne m'y étais jamais pointé. Mon fier tempérament s'était envolé en cendres en même temps que ma peau, pour ne laisser place qu'à la peur.
Une émotion qui me faisait étrangement penser à Deku. Le seul être que je ne voulais pas avoir dans ma tête, y était tout le temps.
À croire qu'il aimait bien ma situation pour venir m'enfoncer un peu plus dans mes malheurs.
Plus je pensais, et plus je me renfermais sur moi-même. Au final, je n'étais pas mieux que ces « Grands Brûlés » dans les hôpitaux.

Ma mère toqua à ma porte pour la cinquième fois aujourd'hui. Elle n'osait jamais l'ouvrir, cette porte. Allez savoir pourquoi.
Elle qui n'avait jamais respecté le moindre espace de mon intimité y faisait désormais très attention.

Sa voix rauque et sourde s'éleva à travers les murs.

« - Katsuki, sors de ton trou et viens manger avec nous. »

Aucune réponse.
Je ne souhaitais pas lui répondre, tout comme je ne souhaitais pas descendre pour manger avec eux. Mon père et ma mère.
Allongé dans l'obscurité de ma chambre et perdu dans mes pensées, c'était assez.

J'entendis les pas de ma génitrice descendre les escaliers lentement, et répéter à mon père des propos probablement fâcheux à mon sujet.
Je l'avais surprise un soir, alors que je descendais pour la première fois en trois jours de mon "trou". Je l'avais entendue dire que si je n'avais jamais eu un caractère aussi irritant, tout ceci ne serait jamais arrivé.
Autrement dit, arrêter d'être moi-même.
Mais étais-je réellement moi lorsque je me montrais tenace et fier? Je n'en savais rien.
Cependant, après avoir ouï de telles choses, je ne suis plus jamais redescendu.

Cela faisait maintenant une semaine.
Une semaine que la classe A-1 continue d'étudier et de s'entraîner, une semaine que personne ne me demande de nouvelles, une semaine que le monde tourne autour de moi, sans pour autant s'arrêter.
Une semaine que je me rends compte que je ne suis pas important pour cette planète. Et ceci a brisé en multiples et microscopiques fragments, mon cœur rempli d'audace.

La voix insupportable de ma mère s'éleva du bas des escaliers, me sortant de mes réflexions.

« - Chéri, un élève de Yuei est ici! »

Je me redressa immédiatement.
Il était l'heure du dîner, ce n'était pas possible.
Ou bien c'était un des larbins que les professeurs envoyait pour me forcer à revenir en cours? Ils pouvaient rêver! Je ne descendrais pas.

Plusieurs minutes passèrent, et j'entendais ma mère crier mon nom dans l'appartement.
Je ne priais que pour une seule chose : qu'elle me laisse enfin en paix. Est-ce que profiter de la solitude était une si mauvaise chose?
Je me foutais de tout. C'était mieux ainsi.

Mes bras, qui avaient perdu leur couleur bronzée, remontèrent ma couverture jusqu'à mon visage et mes yeux fatigués et rougis par des larmes dont j'ignorais la provenance, se fermèrent.
Être seul n'était douloureux que lorsqu'on y pensait. J'ai même fini par y trouver du réconfort, dans cette solitude.
Des réconforts à mes blessures, suite à ma perte de confiance. Car oui, je le reconnaissais, j'avais totalement perdu estime en moi-même.

Les pas précipités et sûrement contrariés de ma mère arrivèrent devant ma porte. Cela faisait maintenant la sixième fois qu'elle montait.

« - Bon sang, Katsuki! Fais l'effort de te lever et de le saluer ! »

Sans façons.
Je ne comptais pas retourner à Yuei, c'était inutile. Leurs tactiques étaient vaines.

Mais soudainement, des pas timides se firent entendre sur les escaliers grinçants de la maison, suivi d'une voix qui m'était très familière.

« - Ce n'est pas grave, je repasserais plus tard. »

Sans réfléchir, je me leva en trombes et ouvrit la porte de ma chambre qui était restée fermée tant de jours. La lumière du couloir m'assaillit et me fit découvrir l'élève qui était venu me rendre visite.
Deku.

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Chapitre pas réellement rempli d'action, mais avec beaucoup d'émotions ! ('༎ຶོρ༎ຶོ')

Le prochain chapitre risque d'être révélateur (ou du moins, ++ d'actions 😂)

À bientôt ! ❤️

Selfish (KatsuDeku)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant