Le vent caressait délicatement mes cheveux et véhiculait les douces odeurs des fleurs et de la rosée du matin. Un frisson parcourut mes bras.
L'université apparue, un soupire, et une résignation une fois de plus.La journée fut atrocement longue mais fort heureusement Gauthier et ses idées m'avaient redonné le sourire. C'est au soir, dans les profondeurs de la nuit, à l'élévation de notre satellite naturel que mon ami me rejoignit sur un banc perdu à l'orée des étoiles, dans un parc reconnu pour sa passivité. Je ne l'avais attendu que quelques minutes avant de l'apercevoir sur le chemin principal du terrain. Lorsqu'il me reconnut, il s'approcha avec une démarche toute à lui, plutôt originale. Il a pour habitude de croiser ses mains derrière la tête. A croire que ça l'aide à avancer.
Il s'assoie à mes côtés et m'accompagne dans la contemplation du grand étang qui s'étalait sous nos yeux. On pouvait y deviner les belles formes de la lune par son simple reflet. Les arbres sifflaient timidement, les amphibiens chantaient avec entrain et permettaient à cet orchestre de s'harmoniser. Ce spectacle me procurait un plaisir inexplicable. Gauthier coupe cette musique rapidement :
- Alice ?
- Oui ?
- Tu vas bien ?
- Assez.
- Que ce passe t-il ?
Il avait quitté du regard le paysage fabuleux de la nuit pour poser ses yeux sur moi. Nos petites escapades durant des heures tardives duraient depuis quelques mois. Nos parents ne remarquaient rien et cela nous permettait de respirer un peu du quotidien. Gauthier avait toujours été là. Il était gravé dans mon histoire, l'un des personnages principaux de ma vie.
- Oh rien de grave ! Rassure toi. Juste je m'ennuie ces derniers temps. Tu vois, j'ai un peu l'impression de tourner en rond.
- Ça arrive. Je pense qu'on a tous une période comme ça où on se sent seul et vide. L'impression de tomber dans un gouffre et de répéter à l'infini la même journée. Tu sais qu'il y a des personnes qui n'arrivent pas à en sortir de ce "petit moment de blues" ? Ça perdure encore et encore et elles finissent par ne plus jamais se relever.
- Merci, c'est vrai que ça me rassure ce que tu racontes, ricanais je, normalement tu aurais dû me sortir un truc du genre :" T'inquiète pas Alice, pour te changer les idées, je t'emmène sur les îles demain, allez hop va faire tes valises !" Tu captes ? Parce que là ton boulot de "super ami", tu le fais très mal !
Gauthier explose de rire et fouille dans ses poches. Il me tend un kinder bueno avec un grand sourire :
-J'ai que ça pour l'instant.
- C'est presque au même niveau que les îles ce que tu me propose là. M'exclamais je.
Je lui vole la barre chocolaté et commence à la grignoter. Il lâche un soupire d'amusement et se retourne vers le paysage. Je le regarde quelques instants.
Gauthier est un séduisant timide, Il a les cheveux longs légèrement ondulés dont les mèches viennent sauvagement se poser sur son nez. Les traits fins de son visage lui donnent un regards doux mais à la fois, sérieux. Il porte une chemise claire, un jean bien taillé, des chaussures cirées et une veste costard noire. Il est beaucoup apprécié par la gente féminine.
Un soudain sentiment désagréable me parcours l'échine. Je me raidis et Gauthier ne tarde pas à le remarquer.- Alice ?
- Avec toutes ces histoires, je repense à Gaia la fille de l'accueil qui disait avoir l'impression de ne pas être de ce monde. Elle avait de drôles de propos...
Je le regarde enfin droit dans les yeux.
- Je crois, encore une fois, que ça arrive à tout le monde. Me répond t'il.
- Je ne sais pas.
L'atmosphère est maintenant lourde. Je regarde le sol, dans mes pensées.
- Alice, c'est quoi ton rêve ?
J'écarquille les yeux. Je ne me suis jamais attardée sur cette question. À vrai dire, je n'ai jamais trouvé la réponse.
- Tu en as un toi ? demandais je innocemment.
- Je voudrais voler.
C'est dans ses derniers mots, que je lui découvris un regard tristement profond. Ses yeux brillaient et laissaient refléter la nuit et ses étoiles. Son état m'émouvait.
Ce fut le dernier souvenir de mon ami avant que je m'endorme dans les draps froids et humides de mon lit. Ce n'était pas agréable mais la fatigue repoussait cette sensation. C'est dans un dernier soupire, un dernier battement de cils que mon âme s'engouffra dans un sommeil profond.
[...]
Je me réveille en sursaut, le corps enrobé d'une chaleur ardente, le visage en sueur et les mains tremblotantes. La tête engourdie, je lève les yeux délicatement et découvre un paysage inconnu. Je me lève aussitôt, animé d'une profonde incompréhension. Ma chambre avait disparu et laissait place à des arbres dévêtus, un sol couvert de poudre noire, un ciel orageux et une absence totale de vie. Je venais de me réveiller au milieu d'un paysage dévasté. La peur commençait à s'immiscer en moi en parasite.
Je m'avance alors craintive dans ce lieu hostile. C'était une forêt brulée, un cimetière de toute forme de vie comparable à l'enfer. Les branches craquaient sous mes pas et disparaissaient, réduites en poussière. Le brouillard épais affaiblissait le peu d'assurance qu'il me restait et laissait pénétrer le froid glacial sous mes vêtements. Je ne cessais de me répéter que je vivais un rêve trop réaliste et que tôt ou tard, je me réveillerai, oubliant alors ce mauvais cauchemar.
Tremblotante, je m'assoie quelques instants afin de reprendre ma respiration saccadée. Je caresse le sol de sable gris, intriguée. C'est alors que dans un élan d'espoir et d'inconscience, je crie :
- Eh oh ! Il y a quelqu'un ?
- Oui. Me répond une petite voix.
Je sursaute de surprise et scrute tous les environs à la recherche de la source sonore. Une terreur profonde m'envahit.
- N'aies pas peur, je ne suis pas méchante.
Une petite fille apparaît dans l'ombre d'un arbre mort. Habillée d'une simple robe turquoise, sans chaussures. Cette image était digne d'un film d'horreur. Elle s'avance et j'aperçois plus perceptiblement ses longs cheveux blonds qui trainaient au sol et amassaient la poudre sale.
- Suis moi. M'ordonne t-elle d'un ton neutre.
- Qui es tu ? bafouillais je.
- Je m'appelle Kiumi. Maintenant regarde toi ! tu as l'air d'un chevreuil ici. J'aide les gens égarés comme toi. Suis moi sinon tu ne vas pas survivre très longtemps. Allez !
j'obéis.
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Le royaume des loups
ParanormalUn nouveau monde parallèle, une nouvelle vie, de nouveaux dangers. Les histoires d'horreur que vous racontent vos parents, deviennent maintenant réalitées. Mais une seule personne est choisie pour les découvrir, Alice Drator. D'une vulnérabilité imp...