[Kiumi]

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Plus je la suivais, plus mon esprit s'évadait et laissait place à une lourdeur insupportable. Elle chantonnait et sautillait. Elle était si sereine. J'observais tout, analysais tout et réagissais aux moindres bruits parasites, mes sens s'étaient décuplés considérablement.

- Pourquoi tu as peur ? Il n'y a rien ici. Me confie Kiumi sans arrêter le pas.

Je reste silencieuse. Elle ne tarde pas à s'agacer de mon snobisme.

- Tu pourrais répondre tout de même. Aboie t-elle.

- Pardon...bafouillais je.

- Alors ?

- Je ne connais pas cet endroit, je ne sais pas ce que je fais ici. Avouais je.

- Tout le monde connait Berstrok. S'exclama t-elle.

- Berstrok ?

- Oui, le royaume de "la peur".

Je m'arrête soudainement. Après quelques pas seule, elle se retourne et me fixe.

- Qu'est ce que tu fais ? questionne t-elle, surprise de mon arrêt total.

- J'ai besoin que tu m'aides. Dis je d'un ton plus confiant.

- Oui si tu veux, pour l'instant marche. m'ordonne t-elle.

Elle renfermait un charisme important, une force inconnue et puissante qui la possédait et m'empêchait de l'affronter. Je me suis donc contenter de baisser les yeux, pleine soumission. Nous avons continué à marcher.

Le paysage se transforma petit à petit. Les arbres disparaissaient, le sol devenait pavé et de petites constructions en pierre se dévoilaient. Nous étions proche d'une ville.

Après une heure de marche, Kiumi s'arrête. Dans mes pensées, je ne remarque pas son action et la bouscule, elle soupire presque agacée. Je lève la tête et dans un gémissement d'étonnement, je découvre l'immensité d'une métropole. Elle s'étalait sur la pente d'une haute montagne qui caressait les nuages grisonnant. Je n'avais jamais vu une ville dominer autant par sa grandeur, en effet, on pouvait l'apercevoir entièrement dans tout ses détails, recouvrir la côte, s'étaler comme un parasite.

Les maisons étaient anciennes et repoussantes. Habillées de toits  pointus, difformes et sombres, elles s'entrechoquaient, se collaient et rendaient les rues étroites presque étouffantes, gourmandes du moindre espace libre. Des lanternes rouges sanglantes surplombaient et éclairaient vaguement la ville, approfondissant cet effet d'horreur. Aucune végétation ne s'y était installée.

Un château surplombait le tout de ses grandes tours déformées. Il écrasait les maison à ses pieds, comme une puissance destructrice. Les pointes de sa murailles, de son châtelet d'entrée et de ses guettes étaient menaçantes. Constitué de briques noires profondes, il émanait ici une sensation d'infinité, de trou noir, de passage vers les enfers. J'eu un frisson désagréable.

Kiumi me coupe dans mon analyse.

- Viens, on y va.

- On va ou ? Demandais je en murmurant, méfiante.

- Chez moi.

Elle habitait donc dans cette ville morbide.

Devant nous, une gigantesque porte de dix mètres ouverte et liait à des barbelés qui entouraient la cité. Nous marchâmes dans les rues nauséabondes et désertes, des draps jaunies et tachés pendaient aux fenêtres, des chats morts en décomposition gisaient sur les petits trottoirs, des cries inconnus se faisaient entendre et des canettes roulaient, emportaient par le vent lourd de pollution. Je m'approche de Kiumi toujours en marche et lui pose quelques questions.

Le royaume des loupsWhere stories live. Discover now