Alice a 26 ans. Elle et ses frères et sœurs (Juliette et Stéphane) sont les petits enfants de Camille et les enfants de Jérôme et Judith Romance.
Alice aime s'occuper de son grand père qui est dépendant des infirmières de l'hôpital où il réside depuis peu suite à une mauvaise chute. Elle aime sa rose, celle que son grand amour Alexandre, lui a laissé il y a un an avant de partir pour l'Australie ; et elle aime ses neveux et sa nièce : Evan, Lucas et Lou, qui font son bonheur.
Aujourd'hui, Alice se doit, comme tous les jours, d'aller retrouver son cher grand-père à l'hôpital. En réalité, c'est elle qui s'est imposé ce mode de vie : Camille ne la reconnaît plus et Alice déteste les hôpitaux. Les cris de douleurs, les pleurs des patients ou des proches, l'odeur de médicaments et de désinfectant, les docteurs qui courent partout à l'affût d'un problème ou d'une vie à sauver... Mais elle y allait. Tous les jours. Elle veillait sur Camille.
Quand Alice arriva devant la chambre de son grand père, un docteur en sortait.
- Madame Romance, c'est cela ? Juliette ou Alice ?
- Hum oui, c'est ça, Alice.
- Docteur Tomas. Enchanté.
L'homme lui serra la main. Alice était perplexe. Pourquoi lui parlait-il ? D'habitude les médecins se méfiaient de la fille, comme du grand-père rabougri et mauvais qui roupillait dans la chambre aux murs jaunes. En effet, Camille avait un caractère bien trempé et même s'il n'avait plus toute sa tête, il en faisait baver à tous les docteurs qui osaient, par malheur, mettre un pied dans la chambre du diable.
- Votre grand père est fatigué. Vous savez, il vieillit chaque jours un peu plus...
- Oui je sais. Bonne journée.
La jeune femme passa devant le médecin, et s'apprêtait à refermer la porte quand il l'attrapa par le bras.
- Vous devriez vous préparer.
Alice n'avait pas besoin qu'on lui rappelle que son grand- père allait fêter ses quatre-vingt-dix-huit ans, ni qu'un médecin débile incapable de créer une potion de vie éternelle lui dise quoi faire.
Elle s'avança vers le lit du vieil homme et s'assit sur une chaise.
- Juliette ! Où est Marie ? Elle devrait être rentrée à l'heure qu'il est !
- Papy... Mamie ne rentrera pas, et je suis Alice...
- Oh... Alice pardon. Non Marie devrait être là !
Voir son grand père dans un état pareil la blessait énormément. Marie, sa femme, était décédée quatre ans auparavant, mais elle savait comment faire pour effacer sa maladie, pendant au moins une heure. Elle mit le CD de Simon and Garfunkel dans le lecteur posé sur la commode en face du lit et baissa la musique de sorte qu'elle ne soit plus qu'un fond sonore.
- Alors papy, est-ce que tu te souviens de quelque chose aujourd'hui ?
Camille la regarda d'un air interrogateur, puis haussa les épaules et répondit :
- Tu me prends pour un vieux sénile hein ? Je me souviens de la dispute entre Marie et Juliette, samedi dernier quand Marie a appris que Ju était enceinte de deux garçons. Ça a duré une heure, la dinde a eu le temps refroidir !
Le visage d'Alice s'assombrit. Cette discussion datait d'il y a treize ans.
- Mais Papy, Evan et Lucas sont...
Une infirmière entra dans la chambre, et interrompit la jeune femme.
- Monsieur...
- Dehors vieille peau !
- Décidément, tu n'as toujours pas changé papy.
- Jamais je ne changerai !
L'infirmière blêmit et referma la porte doucement.
- Je me retrouve là, dans cet hôpital qui pue, alors que Marie m'attend...
Quand la musique s'arrêta, Alice jugea qu'il était temps de quitter l'hôpital, car malgré tout, une demie-heure était passée.
- Ju et Steph' viendront te voir ce soir Papy. Fais attention à toi.
- Ne t'inquiètes pas jeune fille, je suis un vrai ninja.
Alice prit son sac et sortit de la chambre doucement.
- Madame Romance, puis-je vous parler sérieusement ?
Encore ce Docteur Tomate...
La jeune femme le regarda de haut en bas, leva un sourcil, posa ses mains sur les hanches et hocha la tête.
- Votre grand-père...
- Je vous arrête. Vu votre âge, vous le rattraperez bientôt. Il vous enterrera.
- Madame, je suis désolé mais je ne pense pas que...
- Stop ! Au lieu de piailler, allez donc vous occuper de la grosse dame là-bas ! De la façon dont elle se dandine, même moi je peux deviner qu'elle va accoucher.
La dame en question prit un air offusqué:
- Je ne suis pas enceinte !
Le docteur se retourna et leva la main en signe d'excuse, puis se tourna à nouveaux face à la jeune femme, mais Alice avait déjà disparu.
Elle rentra à son appartement rapidement. Celui-ci avait un salon, plutôt spacieux, une petite cuisine, une salle de bain minuscule et une chambre d'à peu près douze mètres carrés. Alice posa son sac à main dans le salon et se dirigea vers la cuisine. Elle fit réchauffer un plat tout prêt au micro-ondes avant de se tourner vers sa fleur, qui reposait dans le vase sur la table.
Elle renifla l'odeur de rose séchée qui émanait des pétales et repensa à Alexandre, son petit-ami. En réalité, elle ne savait pas vraiment s'ils étaient encore en couple. Cela faisait presque un an qu'elle n'avait plus de nouvelles. Il avait décidé, du jour au lendemain, qu'il partirait en Australie. Alice n'ayant pas les moyens de le suivre, avait dû rester en France, seule. Et voilà qu'elle admirait tristement la seule chose qu'il lui avait laissée avant de disparaître. Peut être avait-il une nouvelle amie ? La jeune femme voyait bien aux côtés de son amant une grande australienne brune et mince, avec des airs de Barbie bronzée. Si jamais ses pensés s'avéraient réelles, alors elle imaginait aussi bien la Jasmine Tooks de l'Australie se faire écraser par un camion. Qui exploserait. Et un crash d'avion par dessus. Si elle était encore vivante, alors Alice ne se gênerait pas de la tuer à coups de fourchette.
Voila le premier chapitre de la nouvelle Al'! Comme vous avez (ou pas) deviné, Al' est un surnom pour "Alzheimer" . Cette maladie est très très fréquente chez les personnes âgées, voir presque inévitable. C'est une maladie du tissu cérébral qui entraîne la perte de la mémoire. Elle entraîne aussi des changement d'humeur ou de comportement, des difficultés à résoudre des problèmes, et des confusions dans le temps ou le lieu. Bien sur, je ne suis pas médecin, si vous avez besoin de renseignements là dessus, je ne pourrais pas vous aider.
J'espère que ce premier chapitre vous aura plus, et si vous avez des choses à ajouter ou à corriger sur Alzheimer, je suis évidemment preneuse.
En média : photo de Jasmine Tooks
Chapitre corrigé.
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Déchéance
Short Story"On ne se rend compte du bonheur, qu'une fois qu'il n'est plus là." Eux, ils étaient tous heureux avant de sombrer. Un drame a effacé le sourire de leur visage. Un recueil de trois nouvelles qui traitent de sujets plus ou moins difficiles. Termi...