Je n'ai pas dis "non", je me suis laissée faire, je n'ai pas bougé, tout est de ma faute. Je ne peux rien dire. Je ne veux pas briser ma maman. Je ne veux pas que les gens me plaignent. Je ne veux pas avoir de représailles des garçons. Alors tant pis. Il faut que je prenne une douche, oui. Oui, une douche, il faut que j'en prenne une. Sinon je vais brûler. Je vais sentir leurs mains sales jusqu'à la fin de ma vie. J'entre dans la douche. Il y a du rouge sur mes hanches. Il faut que je l'enlève, que je frotte. Ça me fait mal, mais pas autant qu'eux, et c'est rouge, mais pas autant que mon cou mordu. Il faut que ça parte. Que j'enlève la crasse. Si ça marche pas, alors je ferai avec mes ongles, puis ça va partir. Maman et Papa ne sont pas là, ils ne pourront rien voir. Je suis sale de toute façon, c'est normal de se laver.
<< Maman, je veux pas aller au lycée demain.
- Pourquoi? Tu es malade ? Ça n'a pas l'air d'aller.
- Je veux pas y aller, c'est tout.
- C'est pas une bonne raison ça, si tu n'es pas malade tu y vas. >>
Et voilà, je pleure. Mais quelle imbécile.
<< Mathilde ? Qu'est-ce qu'il y a ma chérie ?
- Rien, je suis juste fatiguée.
Je me suis faite violer.
- Va te reposer, on rediscutera du lycée demain matin, quand ça ira mieux. >>
Ça n'ira jamais mieux.
Puis je ne suis plus sûre de rien, est-ce que seulement, c'était réel ? Et si j'avais juste rêvé de ça ? Si j'avais tout inventé, tout imaginé alors qu'il ne s'est rien passé ? Je ne suis plus sûre. Je me suis sûrement fais des idées, ça ne devait pas être si horrible... Je ne sais même plus comment j'en suis arrivée là.
Je me sens vide, pourtant, chaque pas que je fais m'arrache une grimace de douleurs. J'ai l'impression qu'elle ne me quittera jamais. J'angoisse à l'idée de sortir à nouveau, de les croiser ou de croiser le vieux monsieur, j'ai honte. Honte que les gens remarquent que quelque chose ne va pas avec moi, que maman soit brisée par ma bêtise, que papa soit déçu.
Si par la fenêtre j'entends une voix masculine résonner dans les rues, j'ai peur. Et s'ils savaient où j'habite ? S'ils m'avaient suivie ? J'ai peur d'être seule, il faut que je me cache. J'aimerai réussir à oublier comme si ça n'avait jamais été.
Mais dès que je ferme les yeux, je sens leurs mains encore. Partout, sur mon ventre, sur mes seins, sur mes hanches, sur mes côtes. Ça gratte. Aidez-moi.
Chapitre corrigé.

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Déchéance
Short Story"On ne se rend compte du bonheur, qu'une fois qu'il n'est plus là." Eux, ils étaient tous heureux avant de sombrer. Un drame a effacé le sourire de leur visage. Un recueil de trois nouvelles qui traitent de sujets plus ou moins difficiles. Termi...