(pas réécrit etc, bref, vous avez l'habitude)
En buvant un thé à la menthe à quinze heure et en écoutant le bruit de la pluie sur la fenêtre, seul sur une des banquettes près du flipper de Chez Madeleine, je me trouvais assez pathétique moi-même.
Souvent une fois par été, il y avait un jour de grand orage. La pluie tombait par trombe et le tonnerre retentissait, toujours plus fort et plus proche ; on l'écoutait arriver, serrés les uns contre les autres en serrant les dents quand les murs tremblaient.
J'avais donc de bonnes raisons de croire que ce matin là était celui du Jour d'Orage de l'été, et j'étais tout à fait conscient que si la foudre se mettait à tomber, j'allais rester coincé dans le café, toujours aussi seul-à-boire-un-thé-menthe et avec l'orage comme seul combleur de silence, mais c'était toujours mieux que d'être au manoir avec les vieux.Je n'avais rien à faire, et ai donc rapidement conclu que la seule activité qui s'offrait à moi était de penser en écoutant les musiques nulles de mon vieux mp3.
J'ai donc établie les statistiques des chances qu'avaient les jeunes du village d'entrer dans le bar pendant que j'y étais et de me sauver de mon ennuie, ce qui donnait à peu près ça : Agathe, 98% de chances. On était sorti en même temps du manoir pour échapper à notre famille ; le village n'était pas grand et de plus en plus d'eau tombait du ciel, ce qui garantissait presque l'entrée imminente de ma sœur. Bettina, 0,1%, parce qu'elle était partie en car ce matin avec Maud et ses sbires pour faire du shopping (donc, Maud et ses sbires : 0,1%), Decembre environ 13% parce qu'elle ne faisait surement rien à la Vill'Osa, mais qui sortait se balader quand il pleuvait ?. Hippolyte et Sirius, eux, obtenait un bon 12% parce qu'ils ne faisaient surement rien non plus mais que je n'avais pas la certitude que, s'ils sortaient au village et voyaient l'édifice du bar, ils y entrent.
Sur la liste de chiffres ne figuraient pas ceux de : Daphné (parce que je ne voulais pas réfléchir à la probabilité que j'avais de devoir m'expliquer avec elle attablé à cet endroit même, ce jour ci même) et Gabriel (il était trop imprévisible pour être mathematifié).
Et évidemment, ladite liste était susceptible de changer au fur et à mesure de ma réflexion ; pour toutes les personnes auxquelles j'avais pensé, je n'avais pas pris en compte la question de chances de me sortir de mon ennui, ce qui dans certains cas pouvait diviser le pourcentage par plus de trente.Naturellement, comme mes fabuleuses statistiques l'avaient annoncé, c'est Agathe qui me rejoignit la première, peu après l'apparition des premiers éclairs ; elle avait les cheveux et les vêtements trempé et un air très contrarié.
— Ne t'assois pas a côté de moi, inconsciente, tu dégoulines !, j'ai crié en la voyant se rapprocher dangereusement de ma banquette.
Elle a soufflé, s'est donc avancé vers la banquette d'en face où mes pieds étaient croisés, a donné un coup de genoux dans mes tibias pour dégager la place et s'est installée, faisant crisser le cuir de la banquette sous l'œil méfiant de Madeleine.
— Temps de merde, elle a dit en levant les yeux vers moi.
— Ouais, j'ai répondu.
On n'avait pas besoins de dire autre chose ; on passait déjà notre vie ensembles, et de toutes façons, ce qu'elle avait pu faire ce matin ne m'intéressait pas.
Elle avait sorti un livre et semblait deja plongée dedans. C'était le premier tome de Tara Duncan, série qu'elle relisait six fois par ans depuis qu'on la lui avait offert, quand elle avait neuf ans.
Moi, je n'avais même pas pensé à prendre quoi que ce soit pour m'occuper, et j'adorais embêter ma soeur ; c'est donc naturellement que je lui ai posée la pire des questions.— C'était quoi votre dispute avec les parents ?
Elle a fermé son livre lentement, et sans me demander, à bu une gorgée de mon thé.
VOUS LISEZ
L'AUBE DES DERNIERS
Teen FictionC'est l'été et comme d'habitude Camille et sa famille s'installent dans leur maison de vacances ; les calanques, les cigales, le ventilateur dans la chambre, les moustiques, la piscine, les soirées sur la plage et le grand manoir dans la langueur de...