Chapitre 1 : Une journée d'été

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       Parfois, la vie prend un brusque tournant sans qu'on ne s'y attende, détruisant les fondations de notre monde et changeant à jamais notre destin. Mais dans d'autres cas, quand notre avenir a déjà été écrit depuis bien longtemps, il ne fait que prendre enfin sa place.

      C'était un matin calme. J'ai ouvert les yeux avant de les refermer rapidement, éblouie par le soleil qui filtrait à travers la vitre. Après un certain temps d'adaptation, je suis allée regarder par la fenêtre : Une belle lumière baignait la vallée de doré, et les branches des arbres dansaient doucement avec la brise du matin. Tout autour, les pics faiblement enneigés des Pyrénées nous offraient leur beauté sublime.

   Je me suis tournée vers Djenn, mon petit frère, qui dormait encore. Ses cheveux blonds coupés à la hauteur des épaules étaient étalés sur l'oreiller, et sa tête reposait sur ses bras maigres et pâles. Djenn était assez calme, gentil et pacifique avec presque tout le monde. On se disputait rarement, et on passait nos journées ensembles. Je me suis approchée de lui en chuchotant :

— Djenn, réveille-toi.

Il a murmuré un truc du genre: « Laisse moi tranquille ! » 

— Mais Djenn, il fait super beau et on pourra aller jouer avec Maïwen et Liam.

  Il m'a ignorée, alors j'ai commencé à le secouer par les épaules. Finalement, il m'a mis une claque pour dire : « C'est bon, ça va, je me lève ! ». Il était normalement pacifique, mais avec moi tout pouvait changer. Puis il s'est relevé sur ses coudes en clignant des yeux, ébloui par le soleil.

— Bon, on y va ? ai-je demandé.

— Oui, j'arrive.

Je l'ai tiré brutalement du lit, en l'obligeant à rester debout.

— Mais lâche-moi ! a crié Djenn.

— D'accord, mais dépêche-toi !

  Je l'ai lâché et je suis allée remplir un sac à dos de nourriture. Djenn est enfin arrivé, et je l'ai entraîné dehors. En jetant mon sac à dos sur mon épaule, j'ai commencé à courir suivie de mon frère dans le chemin de terre qui menait à Montli, un petit village campagnard isolé de tout dans les Pyrénées. Arrivés là, on a emprunté une rue en direction de la place centrale du village. On était lundi, mais aucun de nous quatre n'allait au collège. La raison étant qu'il se situait à plusieurs kilomètres d'ici et que de toute façon, nous n'avions jamais eu vraiment envie d'y aller. Nous aimions notre vie dans la campagne, sans devoirs ni obligations. Ce sont nos parents qui nous ont appris les bases.

  Nous sommes arrivés essoufflés et nous nous sommes assis sur un banc. Ici, c'était le lieu de rendez-vous qu'on utilisait d'habitude avec Maïwen et Liam. Au bout d'environ cinq minutes, Maïwen est arrivée.

  Elle avait un visage fin, encadré par des longues et soyeuses boucles blondes, et des yeux verts. Elle avait déjà quinze ans, ce qui faisait d'elle l'aînée du groupe. Sympathique , elle était ma meilleure amie, et en tant qu'aînée, elle était un peu la chef de notre groupe, celle qui nous enguirlandait de temps en temps.

— Salut ! ai-je lancé.

— Salut Wanda ! m'a-t-elle répondu.

  Elle s'est approchée de moi et m'a tapé dans la paume de la main.

— Liam n'est pas encore là ? a-t-elle demandé.

— Non, a répondu Djenn.

  Ils ne nous restait donc plus qu'à attendre le concerné.

Les pouvoirs de la lune obscureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant