Chapitre 2 : Les cauchemars

306 53 141
                                    


       Le lendemain, je me suis réveillée en sursaut après avoir fait un cauchemar troublant. J'avais rêvé que j'étais seule dans le noir, et qu'une ombre s'approchait de moi. Plus elle se rapprochait, plus j'étais paralysée par la peur. C'est alors que j'ai vu ses yeux : des yeux rouges et brillants. Je hurlais puis ensuite le rêve recommençait, et recommençait sans jamais se terminer...

  Je me suis levée, puis j'ai remarqué, en jetant un œil à ma montre, qu'il était déjà neuf heures. Quittant mon lit à toute allure, je me suis habillée aussi vite que possible.

— Mince ! ai-je crié. Djenn, Djenn, on doit y aller!

  Rapide comme l'éclair, je suis allée voir derrière le rideau qui séparait nos chambres s'il était encore au lit. Il n'y était pas.

— Djenn !

  Je suis sortie de la pièce pour aller dans la cuisine, et quelques chose m'a heurtée : Djenn. Nous sommes tous les deux tombés par terre avant de nous regarder, confus.

— Il est déjà neuf heures ! a-t-on crié en même temps.

— Vite ! ai-je dit en me relevant.

  Nous sommes sortis en trombe de la maison, et nous nous sommes engagés dans le sentier en courant. Le plus rapidement possible, on a atteint les premiers chalets, en pierre et au toit d'ardoise. Nous avons poursuivi notre route dans les rues recouvertes de galets irréguliers. Quelques rares voitures stationnaient ça et là au bord du trottoir, et de petits magasins tels que des boulangeries ou pâtisseries nous offraient la vue de magnifiques viennoiseries.  Nous avons croisé un groupe d'enfants qui jouaient au ballon et quelques autres passants.

  En arrivant, on a eu une belle surprise. Exactement en même temps que nous, Maïwen et Liam ont atteint la place en courant. Nous nous sommes tous figés.

— Euh... Je suis arrivée en retard ? a demandé Maïwen.

— On est tous arrivés en retard, ai-je dit.

— Mais, comment ça ce fait qu'on est arrivés tous en même temps ? a demandé Liam. 

— Moi j'ai fait un cauchemar, a dit Djenn, qui n'avait pas peur de s'exprimer.

— Quoi ? Toi aussi ? me suis-je exclamée.

— Vous aussi ? ont demandé Maïwen et Liam.

— On a tous fait un cauchemar, ai-je dit d'une voix pensive.

— On arrive tous en retard, en même temps, et on fait tous un mauvais rêve. Quel hasard ! a dit Maïwen.

— Ce n'est peut-être pas du hasard, ai-je dit avec inquiétude.

Alors que le silence planait, je me suis brutalement rappelée des yeux rouges.

— Quel était votre rêve ? 

  Bien que c'était quasi impossible, l'idée qu'ils aient eu le même cauchemar que moi m'est venue à l'esprit.

— C'était bizarre... Il y avait une espèce d'ombre noire... a commencé Djenn.

Il n'a pas eu le temps de finir, que j'étais déjà tombée par terre.

— Wanda !

Maïwen s'est affalée sur moi. 

— Qu'est-ce que t'as ?

— R... rien, ai-je bégayé, la voix tremblante.

Liam et Djenn sont venus. 

— Ne me dîtes pas que vous aussi vous avez fait ce rêve ? ai-je demandé à l'intention de Maïwen et Liam.

Ils se sont regardés et ont hoché tristement la tête.

— Oh non... ai-je soufflé.

— Mais Wanda, c'est pas grave, a tenté de me convaincre Maïwen. Pourquoi est-tu si affligée?

— Parce que...

J'avais peur de lui dire que je pensais que ces rêves étaient prémonitoires, alors je lui ai menti.

— C'est juste que ça m'a fait un choc. C'est assez incroyable quand même d'avoir fait tous le même rêve. Tu comprends ?

— Ouais, c'est ça, a dit Liam.

J'ai tenté de lui donner un coup de poing. Mes amis ont donc vu que j'étais rétablie.

— D'accord, ça veut dire qu'elle va mieux, a dit Djenn en faisant sourire Maïwen.

— Et puis tu sais que souvent, les amis font les mêmes rêves. Par exemple si ils voient un même film, ou bien autre chose, ça peut être ensuite reproduit différemment dans les rêves, a dit Maïwen pour me calmer.

  Je me suis levée en tentant de sourire de mon mieux, mais cette effroyable pensée me hantait. Alors, en essayant de masquer mes émotions, j'ai suivi mes amis qui partaient déjà. 

  La nuit même, j'ai refait mon cauchemar. Puis chaque fois pendant une semaine, toujours pareil. Et le matin, mes amis se chuchotaient des mots à l'oreille. Avaient-ils fait eux aussi le rêve ? Mon anniversaire n'était que demain, et je n'avais aucune envie que ce fichu rêve le gâche.


Les pouvoirs de la lune obscureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant