Comme Si Ma Vie En Dépendait

part four (Thomas)

Oh non...

Je suis à l'hôpital. Pas pour moi ça je j'en moque mais pour cette fille. Celle que j'ai malencontreusement renversé avec mon scooter. Je commence à regretter cette journée, pourquoi je suis sorti, mais encore plus, je regrette d'avoir infligé ma mauvaise humeur à une innocente et je panique un peu à l'idée de lui avoir causé des dommages graves et peut-être irréparables. Il a fallut que je ferme les yeux une demi seconde et tout s'est passé à la vitesse de la lumière.

Très bonne idée de fermer les yeux au volant monsieur James

Quoi qu'il en soit nous sommes ici à l'hôpital et ça n'avait pas l'air très grave vu les dires du médecin.  J'avoue quand-même que sur le coup j'étais très paniqué. Je n'ai pas vu toute l'action car mes yeux étaient clos pendant ce moment fatidique mais il y'avait du sang. Il y en avait tellement que la fille a dû s'évanouir. Pas à cause de la douleur je ne pense pas. Mais la simple vue de ce liquide rougeâtre était suffisante pour faire tomber n'importe qui dans les pommes. Moi d'ailleurs j'ai failli y passer. 

Jusqu'à présent elle ne s'est toujours pas réveillée.

Je suis un peu déçu de mon action. Peut-être parce que je me trouve dans la même salle d'attente que sa mère et sa soeur je crois. Je n'imagine pas ce qu'elles pourraient penser de moi à cet instant précis mais j'ai une irrévocable envie de disparaître. Elles ne parlent pas mais je les comprends. Je n'ose même pas lever mon regard vers elles alors je décide de faire un tour dans la chambre de la blessée après avoir demandé la permission à l'infirmière et, sur le chemin je panique un peu.

Mais à ma grande surprise, elle s'est déjà réveillée. Alors sans même être entré, je retourne de deux pas et crie vers sa mère qu'elle s'est déjà réveillée. Je ne sais pas pourquoi mais ce moment précis j'ai l'impression de m'être libéré d'une énorme enclume sur le dos. Peu après, je m'avance à pas lent vers la malade. Je ne sais absolument pas quoi lui dire.

Tu vas bien? Bien sûr elle va très bien, sinon pourquoi elle est clouée sur ce lit d'hôpital?

Je secoue ma tête pour essayer d'évacuer ces pensées et me décide à lui dire simplement un bonjour. Mais voulant ouvrir ma bouche, je suis très vite interrompu par les cris et les dithyrambes de sa mère et de sa soeur qui entrent en trombe dans la pièce. Je m'arrête dans un coin de la pièce et regarde la scène attentivement.

En fait c'est elle que je regarde.

Je n'arrive pas à bien distinguer les traits de son visage mais de là où je me trouve je vois bien qu'elle est assez foncée de carnation, avec des cheveux noirs crépus rattachés en un chignon soigneusement couvert par un postiche à cheveux crépus noirs. Elle a des lèvres plutôt charnues et apparemment est un peu potelée vue ses joues bien remplies. Je n'arrive malheureusement pas à voir les traits de son corps car emberlificoté sous  un draps. Elle s'est apparemment cassé un bras vu le garot qui maintient celui-ci à son épaule et a une égratignure au niveau du même bras.

Je me réveille subitement de ma rêverie car je mon regard viens de percuter le sien qu'elle même vient de poser sur moi. Je devine qu'elle doit se poser une foultitude de questions puisque je n'ai l'air ni d'un membre de sa famille, ni même d'un infirmier vu mon accoutrement. Et très rapidement je stresse. Qu'est ce que je vais bien pouvoir lui dire?

Bonjour en fait c'est moi qui t'ai pété le bras...

Très drôle. À cette allure là je n'allais jamais bouger d'ici.

Je ne savais vraiment pas. Alors regardant la scène, qui était un tantinet drôle par moment à cause de la réaction de sa mère et de sa sœur,
Alors je baisse la tête, ferme les yeux pour m'empêcher de me laisser emporter cette fois devant elle. Mais je sens une main se poser sur mon bras. Et lorsque je lève les yeux, effrayé, je croise ceux bleux de sa soeur.

- Heu... Ça fait une minute qu'on t'appelle.

- Ah désolé... Ne sachant pas trop quoi dire

- Elle se sent bien. Juste quelques petites douleurs à la jambe, la tête et au bras aussi comme tu peux le constater; mais ça va quand-même. Et aussi on lui a déjà dit qui... Qui tu es... Donc heu...

Elle rougissait un peu et moi aussi par la suite. J'avais envie de lui dire merci de m'avoir épargné cette corvée dont je me torturais les méninges pour savoir comment m'y prendre. Toutefois je regrettais de lui avoir fait autant de mal.

- D'accord. Répondis je, un peu agacé

C'est à ce moment que je me rappellais de mon rendez-vous avec les parents d'Annie. C'est aujourd'hui le premier anniversaire de son décès et normalement il y'a un petit moment de recueillement au domicile familial. Quelque chose que je ne pourrais rater pour rien au monde. Et c'est dans 15 minutes exactement. Je me dépêche donc de retenir mon interlocutrice par l'épaule pour lui faire signe de mon retrait

- Euh s'il te plaît... Alors qu'elle tournais déjà le dos pour rejoindre le lit d'hôpital

- Oui?

- En fait je...viens de me rappeler de quelque chose de très important là. J'ai un rendez-vous très urgent et je suis vraiment désolé mais je dois m'eclipser un moment... Enfin... Je pourrais revenir ce soir ou demain matin...

Une petite moue déformait son visage et fit ressortir deux minuscules fossettes, presqu'invivibles. Elle est plutôt mignonne avec cet air  mais elle était visiblement gênée. Et moi aussi par la suite.

- Euh d'accord, elle va mieux de toute façon donc...

- Non mais j'insiste, je repasserai ce soir ou demain matin. Promis.

- Bah d'accord...

Et sur ce, je tournais les talons et courrais presque jusqu'au parking pour reprendre mon scooter. Direction la Cité-Verte (quartier de Yaoundé, Cameroun)

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