Flûte

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Angèle se regarde dans le miroir quand elle enfile son maillot de bain. Elle l'a acheté exprès pour ces vacances, changeant de maillot chaque année. Elle regarde le rouge du tissu qui lui colle à la peau, les parties de son corps qui s'exposent à l'air et fixe les quelques vergetures qui n'ont pas cicatrisé.

Elle apprend à aimer son corps. D'abord pour ne plus être en combat avec elle-même comme au collège ou se sentir mal près de ceux qu'elle aime. Elle a aimé des garçons avec qui elle n'a jamais osé montrer son corps. Par haine d'elle-même.

La brune n'aime pas ses vergetures, même si beaucoup de filles lui ont dit que ce n'était pas quelque chose de laid. Mais elle les accepte, les intègre dans son esprit et apprend à prendre du recul sur ce qu'on peut aimer ou non de ces traces que beaucoup ont. Elle les appelait « imperfections ». Maintenant, elle les nomme pour de vrai, s'y habitue et espère les aimer dans un futur proche. Angèle a fait des progrès : elle n'a plus peur de les montrer comme durant l'an passé.

— T'en prends du temps ! s'exclame la voix de Coline en toquant.

Elle ouvre la porte à la blonde qui apparaît en un maillot de bain simple à pois et un short noir. Elle est très mignonne et Angèle ne peut s'empêcher de la complimenter. Elle lui retourne sincèrement le compliment et la brune se sent un peu mieux face au miroir tout en démêlant ses cheveux.

— Pourquoi tu te maquilles ? demande Co'.

Elle ne répond pas et applique simplement du correcteur pour cacher ses cicatrices d'acné. Coline en a aussi, mais n'hésite pas à les montrer. Pour l'instant, sans la petite couche, Angèle se sent nue. Ceux-là, elles les appelaient encore « imperfections » en espérant les accepter plus tard. La bataille de ces boutons s'est calmée que l'an passé.

Son physique est pour elle un terrain de combats silencieux à des stades tous différents. Si certaines victoires amortissent d'autres défaites, Angèle sait qu'elle est sur la voie de la paix avec elle-même.