Étrangement, quand le brun s'est assis à côté d'elle sur le sable, Angèle n'a pas oublié ses mots qu'elle préparait au fond d'elle. C'est la première fois que ça lui arrive avec lui. Ne pas perdre ses mots. Rester calme. Contrôler à peu près les battements de son cœur. Un exploit pour la brune.
— Hey.
— Hey, réplique-t-elle en se tournant vers lui.
Angèle ne saurait décrire cet instant. Ce court instant où leurs regards s'imbriquent, où tout a l'air de prendre sens et d'exploser de mille lueurs. Seulement, il n'y a qu'elle qui a les yeux pour le voir. Peut-être pas Selim. Sûrement pas Selim.
— Tu voulais me dire quelque chose ?
Elle le regarde, se demande si elle devrait oser le dire, alors qu'il vient de traverser une période de confusion extrême. Son père va vivre. C'est formidable pour Selim.
— Je...
La brune s'arrête net.
C'est le moment. On se demande parfois s'il y a un moment précis pour dire quelque chose ou non, une question de timing, un rôle du temps. Oui. Il y en a un. Et Angèle le sait très bien. Elle se souvient des mots d'Ulysse, comme si c'était hier, la façon dont ils la hanteraient longtemps. Le « je t'aime », juste après la rupture, qu'elle a lu seulement des mois après qu'elle ait arrêté de l'aimer, des mois passés à l'oublier, des mois à le bloquer.
Angèle est souvent courageuse avec les garçons. Elle n'a pas peur de dire. Elle n'a pas peur d'avouer. Elle n'a pas peur de se faire écouter.
Alors elle se dit que Selim est comme tous les garçons et qu'elle ne doit pas le redouter. Que même si tout explose, elle trouvera un moyen de continuer à aimer. Aimer au sens large. Aimer au sens le plus profond qui soit. Aimer.
— Je tombe amoureuse de toi.
Quand on dit quelque chose de courageux, on réalise juste après l'importance que ça avait sur nous. Les épaules d'Angèle se relâchent subitement, ses yeux s'éveillent. Et son cœur. Merde. Son cœur étincelle.
— Je sais qu'on ne se connaît pas comme tu connais Coline. Je sais que c'est peut-être juste un amour d'été. Peut-être que tu me vois vraiment juste comme une amie. Mais, j'sais pas Selim, je me sens vraiment bien avec toi.
Elle ose ajouter :
— Je sais qu'avec ton père, ça a été compliqué, que tu aimes peut-être encore Coline, que tu t'en contrefiches peut-être de tout ce que je dis. Mais voilà, je voulais te le dire. Parce que le soir où tu m'as repoussée, c'était pas juste une bêtise, c'était un souhait. Et que ça m'a brisé le cœur.
Angèle sent les larmes monter, mais ne veut pas pleurer.
— Et, je te jure, vraiment, que je sais que t'es intelligent, et que t'as sûrement dû voir à quel point tu me rendais paumée dans ma bulle. Tu m'as appelé « Ange » et je crois que tu ne te rends pas compte d'à quel point tu peux être un remède à tous mes anciens problèmes. Je suis égoïste, désillusionnée et paumée. Mais je t'adore Selim et ça commence à me faire mal d'être ton amie à qui tu ne peux pas te confier.
Selim la regarde. Elle le regarde.
Un silence plane et elle sent son cœur se dénouer puis se nouer à nouveau. C'est terrible. Mais elle sait ce qu'il va répondre par un « désolé » pas possible.
— Ange ?
Elle relève la tête et arrête d'écouter le bruit des vagues. Il lui sourit, avec ses fossettes.
— Ça commence à me faire mal de nier le fait que j'ai commencé à t'aimer moi aussi.
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Flûte
Teen FictionAngèle vient de passer son BAC et compte bien profiter de ses vacances avec ses amis. Tout s'annonce pour le mieux : la plage, la mer, les chansons interprétées par le beau Selim au coucher du soleil... Seule ombre au tableau Selim n'est pas n'impor...