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Angèle a pris la décision ce matin en se réveillant qu'elle allait oublier et enterrer son crush pour Selim de manière conséquente. Rien dans ce coup de cœur n'a de bon, alors elle préfère juste se dire qu'elle peut passer à autre chose rapidement.

La brune se connaît et sait que si elle se force un peu, les sentiments n'écloront pas et que rien de désespérant ne lui arrivera.

On ne peut pas contrôler ses sentiments, mais on peut essayer tout de même de ne pas les faire grandir. C'est possible si on fait des efforts.

Mais ce matin, ignorer son cœur tambourinant s'avère être difficile lorsqu'il entre dans la salle de bain où elle est déjà, brosse à dents à la main et cheveux entremêlés.

— Cha te dit d'aller à la librairie auchourdh'ui ? demande-t-il en se brossant les dents.

Elle lève la tête, applique un peu d'eau micellaire pour se réveiller puis croise son regard attendrissant.

— Pourquoi pas, répond-elle sans réfléchir.

C'est seulement après deux secondes de réflexion qu'elle se rend compte d'à quel point elle peut être bête. Accepter un moment seul avec lui alors qu'elle vient de prendre la résolution de ne plus rien développer pour lui ?

— Cool ! réplique-t-il avec un sourire enthousiaste.

Et il sort après avoir bien rincé tout ce qu'il faut, avec un visage rayonnant. Angèle lui sourit avant de grimacer de colère contre elle-même en voyant la porte se refermer.

Elle soupire. Qu'elle se sent conne. Faut vraiment qu'elle aille gratter une clope chez Anatole au plus vite.

*

— Tu vas où ? demande Coline en se préparant à aller à la plage.

— À la librairie, répond Angèle en se maquillant.

— Mais t'as pas déjà 50 bouquins à lire ?

Angèle hausse les épaules.

— C'est juste pour accompagner Selim, assure-t-elle.

Juste pour accompagner Selim...

Silence, la brune se tourne vers la blonde qui la fixe étrangement.

— Dis... T'es pas un peu sur lui ?

Angèle fronce les sourcils et nie, d'une manière si énergique que n'importe qui dans la pièce pourrait se douter de quelque chose. Mais Coline est souvent naïve en amour, alors elle acquiesce, comme si de rien n'était.

— Tant mieux. C'est pas une bonne idée d'avoir un crush sur Selim. D'expérience, je peux te l'assurer, répond-elle avec un petit rire triste.

La brune fronce les sourcils. Peut-être que...

— Dis... T'es vraiment plus sur lui ? interroge Angèle cette fois-ci.

Coline soupire sa réponse :

— Ouaip, vraiment plus sur lui. On est amis amis amis. Parfois, c'est un peu ambigu, mais vu que c'est vraiment du passé et qu'il ne s'est pas passé grand-chose, ça va... je sais pas, c'est pas si gênant que ça.

— Et Isidore il est pas un peu jaloux ?

— Bof. Je pense pas trop. On est tout le temps collé l'un à l'autre, Isi' et moi, alors il n'a pas vraiment de quoi être jaloux, très franchement, avoue Co'.

Angèle doit l'admettre : Coline et Isidore passent leurs vies ensemble. Tout le temps. À chaque instant.

— Ça va faire bizarre à la rentrée non ? Tu descends vers le sud toi...

— On prendra le train, assure-t-elle.

Pile au même moment, on toque à la porte. Coline va ouvrir et la brune devine que c'est Selim qui vient la prévenir pour partir. Elle pose son mascara sur la table et se retourne pour observer la scène. Le brun n'a d'yeux que pour la blonde qui lui parle de la crème solaire qu'elle a achetée avec Isidore la veille. Le tableau fait mal à Angèle, qui se dépêche de ranger ses affaires.

— T'es prête ? lance Selim en quittant sa transe.

Angèle se relève et lui sourit.

— Prête.

Et ils partent, sans oublier de sourire tous les deux une énième fois à Coline. Même si Angèle n'en peut plus de sourire alors qu'elle se sent inquiète pour elle-même. 

FlûteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant