La poésie du lundi soir

Bataille

J'entends au loin les tambours de la guerre,
Le martèlement millimétré des pas d'un bon millier de militaires
Qui marchent, écrasent, fracassent le sol et le calme de ma terre.

Je sens la brise sur mon visage
Qui fais fléchir les herbes sur son passage,
Qui danse avec le métal sur ma peau.
Mon armure est froide, mon arme dans son fourreau.

Je sens la terre humide après l'orage,
L'orage avant la tempête.
L'odeur des fleurs de mon entourage.
J'inspire, l'odeur m'entête.
J'expire, la terreur se mue en courage.

Je vois la poussière et la fumée
S'élever parmi les nuages.
Les montagnes entourant cette vallée
Sont les murs de mon arène, de ma cage.
Je vois la lumière du soleil caresser
Les courbes et les angles de ce paysage.

J'inspecte une dernière fois mon équipement,
Les sangles de mon armure sont serrées,
Mon casque gît sur le sol, la vue est plus belle sans.
Ma lame affûtée chante, hurle, sans jamais s'arrêter.
Elle brûle, elle sent l'appel du sang.
Peut importe, seul le destin décide de la mort d'un guerrier.

J'inspire
L'espace se tord
J'expire
Le temps se brise
J'inspire
Je sens la présence froide de la mort
J'expire
Je sens sont emprise
J'inspire
J'ai peur
J'expire
J'ai peur

Car le courage n'est qu'un moyen de masquer sa terreur.

J'inspire
Je vois les casques briller
J'expire
Et je ne le ferai peut être plus jamais

Je prend mon arme entre mes gants
Je cours en hurlant un cris terrifiant

Je sens mes pieds marteler le sol
Je suis seul mais l'histoire n'en sera que plus folle

Je vois mes ennemis brandir leurs épées,
Leurs haches et leur boucliers.
Leur rangs se resserrent et leur mur prend forme,
Je saute contre, priant pour la forme .

Ma lame chante dans les airs,
Coup d'estoc, parade, elle mord dans la chaire.
Des membres et des têtes roulent dans la poussière
Je fauche les vie, comme on fauche les blés avant l'hiver.

Les fracas laissent places au silences,
Le chaos de la bataille laisse place au néant,
Sur le sol se mêlent cadavres, épées et lances.
La terre est tachée de sang.

J'inspire...

J'expire...
Je suis vivant...