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Je suis Skye Redraze, fille de Laurence Redraze qui lui-même est le fils de Nicole Redraze.
Je suis la troisième génération et j'ai le pouvoir de changer le futur de mon passé, et de celui de beaucoup d'autres personnes.
J'ai vécu pendant deux semaines quelque chose d'à la fois magique et à la fois réel au point d'en avoir des frissons.
Je me suis sentie bien, pour une fois.
À ma place.
J'ai trouvé quelqu'un à qui me confier, et j'en suis fière. Alors voilà. Dorénavant je marche droit sans tourner la tête.

Un jour avant la fin

Je me dirigeais vers ma chambre, là où j'avais dormi pendant deux semaines.
Je m'étais empressée de prendre le carnet de mon père caché sous le lit pour le mettre dans ma valise. Ces deux semaines avaient duré une éternité pour moi.
Mais j'avais quand même vécu pas mal de choses.
De nouvelles sensations s'étaient offertes à moi.
Je me suis remémorée les bons moments comme les mauvais, les premiers jours avec Mommy. J'avais porté sa veste en jean pendant deux semaines et ces docs aussi.
Je me suis souvenue de la fois où je suis allée au superview avec Léa.
De la chanson qu'elle chantait, de Heroes de David Bowie qui passait en boucle dans la cuisine de Mommy.
Du film qu'on avait regardé ensemble.
De la supérette de Franck.
De James et de Len.
Je voulais que justice sois faite.
Et c'était fait.
Hier soir, Léa et moi étions allées au commissariat de police de la ville. Ils ont eu du mal à nous comprendre.
Mais lorsque un des policiers à avouer qu'il s'était occupé de l'affaire il y a longtemps, il nous a permis d'entrer dans son bureau.
Mommy avait été rajoutée à la liste des suspects.
J'en était fière pourtant quelque chose semblait manquer, comme si j'avais oublié une pièce du puzzle importante.
Je ne sais pas.
Ma valise était prête, j'allais pouvoir m'endormir en paix.
Le lendemain lorsque je me réveillai, je descendis prendre mon petit déjeuner mais à mon grand étonnement Mommy n'était pas là.
Je suis allée dire au revoir à Léa et à Franck lui demandant aussi s'il n'avait pas vu Mommy.
C'était le dernier jour, mon dernier jour.
Ma dernière matinée et voilà que je me retrouvais seule, a présent.
Lorsqu'il fut 12h je me décidai d'aller en ville chercher Mommy.
Je ne la trouvais nulle part.
J'ai attendu un bon moment, jusqu'à ce qu'il soit 13h25. J'attendais son arrivée mais rien.
J'en avais marre, marre d'attendre et de devoir poireauter. Je suis allée acheter un sandwich dans la supérette d'à côté puis je suis revenue.
Puis j'eus l'idée de chercher dans la maison.
Je n'avais jamais osé, ni essayer d'entrer dans sa chambre. Ce domaine était trop personnel, trop intime pour que j'ai le droit d'y entrer.
Mais lorsque je m'approchai de la porte et que je l'ouvrit, ce que je vis me glaça le sang. J'eus soudainement l'envie de crier et d'appeler à l'aide.
Mes membres étaient paralysés, mes cordes vocales bloquées, ma respiration redoublait de rythme, mon cerveau était dans un éternel bug.
Je me précipitais pour appeler la police.
Mais ne connaissant pas le numéro, je sortis de la maison et courus jusqu'à l'épicerie d'en face.
Je criais, les gens sont venus vers moi me demandant ce qu'il se passait.
Je n'arrivais pas à le dire.
J'avais peur.
De moi.
Lorsque ma mère est arrivée, il y avait la police qui entourait la maison.
Je me suis souvenue alors à quel point ma mère était un être essentiel à mon existence.
Je me suis jeté dans ses bras, m'effondrant en pleurs.
Elle est partie sans dire au revoir à Mommy, mais à vrai dire c'est plus Mommy qui est partie sans dire au revoir. Cette scène d'horreur restera gravée à jamais dans ma mémoire. Les vacances étaient finies. C'était effectivement la fin. Jamais je n'aurais pu imaginer ce qui allait se produire. Mommy était imprévisible. Et je m'en voulais un peu. Je savais que ce n'était pas de ma faute mais je ressentais une certaine culpabilité de ne pas lui avoir dit plus tôt que j'étais au courant. Peut-être que ça aurait changé la donne ? Peut-être que nous aurions pu en discuter calmement ? Peut-être ? Mais refaire le monde de peut-être est une mauvaise façon de voir les choses. Peut-être que ça n'aurait rien changé. Car parfois les gens sont comme ils sont. Parfois les gens changent, parfois non. Et je ne cesse de me dire au fond de moi que je savais. Que j'étais au courant depuis le début et que je me voilais la face. Je m'étais laissée aveugler devant la spontanéité magique de cette vie, de Mommy. Au fond de moi je pouvais ressentir toute cette culpabilité qui avait rendue mes vacances si mouvementées. C'était ça, depuis le début. Une femme qui se sentait coupable de bien des chose et qui se retrouvait face à moi, en plus. Ça n'a pas dû être facile. Mais ça n'a jamais été facile de toute façon. Alors je me suis dit pour la première fois de ma vie, que j'étais grande et responsable. Que je savais que j'étais forte et que peu importe la suite des événements je marcherais toujours droit devant moi.

La voiture roulait, le paysage défilait sous mes yeux. J'ouvrais la fenêtre pour pouvoir respirer.
J'avais besoin de crier.
Le vent faisait danser mes cheveux blonds et le soleil brûlait mon crâne.
Ce n'était pas fini, je me suis trompée.
C'était un début, le début.

Fin,un grand remerciement à _juste_une_reveuse_ pour m'avoir soutenue tout au long de Mommy.
J'espère que ça vous a plu.

 MommyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant